Lutte biologique contre la mouche de l’oignon

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Rien de pire que l’oignon pourri et son odeur. Cela peut avoir plusieurs origines, mais si en prime vous y trouvez de petits asticots, c’est que la mouche de l’oignon est passée par là… Découvrez les dégâts de ce nuisible, son cycle de vie et différents moyens de lutte, en prévention ou en traitement.
Fleur de l'oignon

Les dégâts de la mouche de l’oignon

Les jeunes oignons de semis ne résistent pas aux attaques de la mouche, d’autant que la larve peut s’en prendre successivement à plusieurs plantules, qui s’étiolent puis finissent par mourir. Les oignons plus développés résistent mieux, mais peuvent flétrir en cas de fortes chaleurs. Les attaques plus tardives favorisent le développement de pourritures qui ne se voient qu’à la récolte. Cette présence de pourriture est très dommageable pour la conservation des oignons. De plus, les matières végétales en voie de décomposition attirent d’autres insectes qui viennent pondre dans le bulbe et dont les asticots viennent rejoindre les larves de la mouche de l’oignon. Les échalotes peuvent également être touchées, ainsi que les semis de poireaux.

Dessin de bulbe d'oignon

Les attaques de la mouche favorisent le développement de pourritures, qui ne se voient qu’à la récolte.
© Vicent Jeannerot

Description

Ressemblant à des mouches domestiques, les adultes sont de couleur grise. Leur abdomen est légèrement plus étroit et leurs pattes plus hautes. Ne confondez pas la mouche de l’oignon avec la mouche du chou, qui dispose de deux bandes foncées sur la partie supérieure du thorax. Les œufs pondus par la femelle sont petits, blancs et allongés. Si vous en voyez à la base des plantules d’oignon, n’hésitez pas à les éliminer ! Les larves quant à elles, sont petites, blanches et ont des crochets foncés qui leurs permettent de se nourrir. Elles font jusqu’à 1 cm de long.

Dessin d'un asticot blanc

La larve est un petit asticot blanc au corps segmenté. On ne distingue pas sa tête.
© Vincent Jeannerot

Cycle de vie : deux à cinq générations

L’insecte passe l’hiver sous forme de pupes brunes ovoïdes. L’adulte en sort, entre avril dans le Midi et fin mai dans le Nord. La maturation sexuelle des femelles dure 12 à 20 jours, et il s’ensuit plusieurs cycles de pontes car leur longévité atteint presque deux mois. Les œufs sont pondus isolément ou par paquets de 15 ou 20 sur le collet, à l’aisselle des feuilles ou entre les écailles du bulbe.

Dessin de larves au collet d'un oignon

Ponte de larves au collet d’un oignon.
© Vincent Jeannerot

Une seconde génération apparaît à partir de juillet, suivie de deux ou trois autres si les conditions sont favorables. C’est cependant la première génération qui fait le plus de dégâts. La durée de vie de la larve varie, de 45 jours à 15 °C à moins de 20 jours s’il fait chaud. Elle pénètre dans les tissus de la plante, soit au départ des feuilles, soit à la base des racines. Des pourritures bactériennes s’installent au niveau des lésions et la larve se nourrit de ces tissus en décomposition.

À la fin de son développement, elle quitte la plante pour s’enfoncer dans le sol à 5/10 cm de profondeur. Là, soit elle se nymphose pour donner, au bout de 15-25 jours, un adulte, soit la température du sol lui indique que l’hiver approche : elle va alors hiverner sous forme de pupe.

Comment lutter contre la mouche de l’oignon ?

En prévention

La lutte directe est difficile car, une fois installées, les larves ne sont guère accessibles.

Il faut se concentrer sur la prévention. Les semis tardifs peuvent permettre d’échapper à la première génération. La mouche de l’oignon est attirée par l’odeur du fumier frais ou de purin : évitez leur usage, d’autant que l’oignon est une culture peu exigeante.

Dessin d'une mouche de l'oignon

© Vincent Jeannerot

La bestiole compte également de nombreux ennemis parmi les insectes : veillez à entretenir la biodiversité du potager pour favoriser ces derniers.

L’association avec la carotte semble avoir une certaine efficacité pour brouiller les repères olfactifs de leurs mouches respectives. Des rotations variées, où l’oignon ne revient pas au même endroit avant quatre ou cinq ans, constituent également une sage précaution.

En traitement

Les chercheurs de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL, en Suisse, ont attribué une certaine efficacité à l’utilisation d’infusions de plantes à odeur forte comme la tanaisie, réputée insectifuge. L’utiliser en arrosage deux fois par semaine pendant la période des vols (300 grammes de plante fraîche pour 10 litres d’eau, non dilué).

Une autre technique consiste à réaliser un insecticide biologique à base de pyrèthre (voisine du chrysanthème). Il faut alors mélanger deux cuillères à café de poudre de fleurs séchées de pyrèthre dans un litre d’eau. Il vous reste à ajouter deux cuillères à café de savon noir liquide. Vous pouvez alors pulvériser la solution dans les deux jours qui suivent sur les plants attaqués au tout début de l’été. Prenez bien garde de l’utiliser avec modération car la substance est naturelle certes, mais toxique. Elle agit aussi sur les autres insectes.

Le moyen le plus efficace et le plus respectueux de l’environnement, reste la pose très soigneuse de filets anti-insectes (en enterrant les bords) pendant la période des vols. Surtout si vos oignons subissent chaque année des attaques de mouches.

Antoine Bosse-Platière