Comment lutter contre la zeuzère ?

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Xylophage, cet élégant papillon s’attaque au bois vivant. Arbres fruitiers et d’ornement sont d’autant plus fragilisés s’ils sont âgés, et en cas de sécheresse. Découvrez comment lutter contre la zeuzère !
Zeuzère : photo du papillon

Symptômes et dégâts de la chenille

Cet élégant papillon nocturne aux ailes blanches parsemées de petites taches gris bleu métallique est un des ravageurs les plus redoutés des vergers et des parcs urbains dans les régions méridionales. On le trouve également plus au nord, mais son cycle de développement est alors de deux ans au lieu d’un, ce qui réduit les infestations.

Il peut s’attaquer à un grand nombre d’arbres et arbustes fruitiers ou d’ornement, notamment pommier, poirier, prunier, cerisier, olivier, cognassier, cassissier, groseillier, agrumes, vigne… C’est un xylophage, mangeur de bois, et de la pire espèce puisqu’il s’attaque au bois vivant. La chenille creuse une galerie dans le centre des branches qui se flétrissent. Une seule chenille suffit pour tuer un très jeune arbre et ceux de trois ans peuvent perdre une partie de leur charpente. Les arbres vigoureux se défendent mieux, mais ces attaques les fragilisent s’ils sont âgés, surtout en cas de sécheresse.

Carte d’identité de ce papillon

Dessin d'une zeuzère

Zeuzera pyrina est un lépidoptère de la famille des Cossidae qui comprend d’autres xylophages comme le bien nommé Gâte-bois. L’envergure de l’adulte peut atteindre 6 centimètres chez la femelle, 4 centimètres chez le mâle. Son allure est peu ordinaire : le thorax est couvert de longs poils blancs avec trois taches bleu gris de chaque côté. De nombreuses taches de la même couleur parsèment les fines ailes blanches, presque transparentes, qui recouvrent l’abdomen gris lorsque le papillon est au repos.

Dessin d'une larve de zeuzère

Ce joli papillon a malheureusement une progéniture aussi nombreuse que redoutable : des larves mangeuses de bois de 5 à 6 centimètres, jaune vif, avec de nombreux points noirs sur chaque segment et une tête noire.

Mode et cycle de vie de la zeuzère

Les papillons adultes sortent de juin à août, mais leur durée de vie est très courte (8 à 10 jours) et uniquement dédiée à la reproduction. La femelle peut en effet pondre plus de 1 000 œufs qu’elle dépose en groupes sur les arbres, dans des crevasses ou d’anciennes galeries, parfois aussi dans le sol.

Dessin d'un rameau contenant une galerie remplie d’œufs

Ovoïdes, jaune clair à saumon, les œufs ne dépassent pas 1 millimètre et leur incubation dure de 7 à plus de 20 jours. À l’éclosion, les chenilles restent d’abord groupées dans un cocon soyeux avant de se disperser et de grimper à l’extrémité des branches. Elles redescendent alors et commencent à se faire la dent sur les organes jeunes : brindilles, dards, bourses, parfois le pédoncule et les nervures des feuilles. Puis elles pénètrent plus bas dans les rameaux en creusant des galeries ascendantes et en redescendant par l’extérieur, parfois en se suspendant à un fil de soie. Après plusieurs migrations de ce type, elles peuvent s’attaquer aux branches charpentières et au tronc. Elles signent leur présence par de petits agglomérats de sciure et d’excréments de couleur jaune à l’entrée des orifices de pénétration. Au printemps, la larve poursuit son forage au centre d’une branche avant la nymphose.

 

 

Moyens de lutte

Ils sont malheureusement peu nombreux car la période de sortie des adultes est très courte et s’échelonne sur plusieurs mois. Quant aux chenilles, elles sont la plupart du temps bien à l’abri au cœur du bois. Les ennemis naturels de la zeuzère (oiseaux, hyménoptères) ne semblent pas être suffisamment efficaces en cas de forte présence.

En zone périurbaine, dans les régions où elle est très présente, évitez de planter un verger à proximité d’un lampadaire qui attire les papillons nocturnes.

Dans un petit verger, une surveillance très attentive peut permettre de repérer les premières attaques des jeunes larves et de traiter avec du Bacillus thuringiensis (BT) pour réduire l’infestation. Mais gare aux chenilles qui en réchapperont ! Il faudra aller les traquer au fond de leurs galeries avec un fil de fer (orienté vers le haut) à partir de l’orifice d’entrée, et avant qu’il ne soit trop tard. Faites de même avec les branches desséchées que vous aurez coupées, ou bien brûlez-les immédiatement.

Les phéromones apporteront-elles une solution ? Ce n’est pas certain. Le piégeage a été abandonné car l’attractivité du piège provoquait une aggravation des dégâts.

Les techniques de confusion sexuelle, qui visent à empêcher l’accouplement des adultes ont donné de bons résultats en Espagne, en Grèce et en Italie au bout de 4 ans, chez les professionnels non bio. Elles sont en cours d’expérimentation depuis trois ans au Grab (Groupe de Recherche en Agriculture Biologique). Il s’agit de suspendre à la frondaison des arbres des petits diffuseurs de phéromones en nombre suffisant pour brouiller totalement les messages olfactifs du papillon. Il faut respecter une certaine densité et en installer également sur les haies environnantes. L’opération est coûteuse et réservée aux grands vergers. Son efficacité en verger bio n’est pas totalement établie et elle n’est pas encore homologuée.

Rien ne semble venir pour le moment du côté de la lutte biologique. L’amateur en est pour le moment réduit à la vigilance et… au bricolage, avec un bout de fil de fer.

La rédaction des 4 saisons