Digestion difficile, dyspepsie : comment la soigner ?

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La digestion difficile, encore appelée dyspepsie, est le signe d’un déséquilibre fonctionnel situé au niveau du carrefour estomac-vésicule biliaire-intestin. Découvrez dans cet article les symptômes, quand consulter, des conseils alimentaires et d’hygiène de vie, et différentes stratégies de traitement naturel, de phytothérapie, d’aromathérapie, d’oligothérapie et d’homéopathie conseillées par Christine Cieur, docteure en pharmacie et herboriste.

J.C. Monnier | Soigner ses troubles digestifs

Ces explications sont issues du livre Soigner ses troubles digestifs de Christine Cieur.

Symptômes

La digestion difficile, encore appelée dyspepsie, est le signe d’un déséquilibre fonctionnel situé au niveau du carrefour estomac-vésicule biliaire-intestin. Ce trouble témoigne d’une difficulté de l’appareil digestif en lien avec les sécrétions enzymatiques de l’estomac, du foie (la bile), du pancréas et du duodénum et/ou d’un déséquilibre neurovégétatif (en particulier lorsque la chronicité s’installe).

L’inconfort se traduit par une grande diversité de symptômes selon que la digestion est lente (sensation de trop-plein, satiété précoce, éructations, bouche pâteuse, pesanteur dans la partie supérieure de l’abdomen, ballonnements, somnolence après les repas, constipation) ou douloureuse (brûlures d’estomac, régurgitations, nausées, vomissements, crampes et douleurs à distance des repas).

Quand consulter ?

Il faut s’assurer qu’il s’agit bien d’un trouble uniquement fonctionnel et éliminer toute autre origine : gastrite, hernie hiatale, dyskinésie biliaire (mauvaise motricité de la bile), calculs biliaires, hépatites, allergies alimentaires, colopathies, stress, etc. La consultation est également nécessaire si les troubles persistent dans la durée (surtout après 50 ans), s’accompagnent de fièvre, apparaissent sans cause apparente en survenant par exemple au retour d’un voyage ou à la suite de la prise d’un nouveau médicament.

Conseils alimentaires et hygiène de vie

Les erreurs alimentaires favorisent inévitablement les dyspepsies. On retrouve ici, encore et toujours, les conseils de bon sens (d’autres conseils généraux pour une alimentation saine dans le livre) :

  • Mastiquez soigneusement et lentement chaque bouchée car la digestion commence par la bouche ! Privilégiez des repas légers (et équilibrés) pris dans le calme et à heures régulières (autant que possible !).
  • Évitez les aliments responsables de fermentation (choux, féculents, etc.).
  • Réduisez l’alcool, le café, les sodas et l’eau gazeuse, sans oublier le tabac (qui favorise les remontées acides).
  • Luttez contre la constipation.
  • Enfin, décidez d’agir contre le surmenage et l’excès de stress.

Stratégie de traitement

Les plantes stomachiques (qui stimulent l’estomac en réveillant ses fonctions naturelles) et eupeptiques (qui améliorent la digestion) sont appelées à la rescousse ! Elles agissent principalement en augmentant les sécrétions digestives et en optimisant l’assimilation des nutriments. De nombreuses plantes répondent à ces critères, notamment celles qui contiennent des principes amers ou aromatiques. Choisissez la forme (tisane, hydrolat, huile essentielle, etc.) qui vous convient le mieux (voir plus loin).

  • Jus de citron. Très utile à toute la famille, si vous n’avez aucune plante sous la main. Pour un réconfort très rapide, buvez le jus d’un demi-citron dilué dans une tasse d’eau chaude, immédiatement après le repas ou au moment des troubles.
  • Gingembre. Mâchez un petit morceau de gingembre frais après le repas ou au moment des troubles et renouvelez suivant le besoin.

Phytothérapie

Les tisanes se révèlent très utiles car l’eau chaude, digestive à elle seule, optimise l’effet des composés actifs dissous. Parmi le vaste choix des plantes efficaces, choisissez celle qui est la mieux adaptée à vos symptômes, seule ou en association avec une ou deux autres plantes :

  • Digestion douloureuse : menthe poivrée (feuille), mélisse (feuille), basilic (feuille), estragon (feuille), coriandre (fruit), carvi (fruit), fenouil (fruit), camomille romaine (fleur).
  • Digestion lente avec somnolence : thym (feuille ou sommité fleurie), origan (feuille), serpolet (feuille ou sommité fleurie), angélique (racine), menthe poivrée (feuille), calament (sommité fleurie), gingembre (rhizome).
  • Digestion difficile avec pesanteur : angélique (racine), anis vert (fruit), sarriette (feuille ou sommité fleurie), thym, serpolet, menthe poivrée, romarin (feuille), achillée millefeuille (sommité fleurie), gentiane (racine), gingembre (rhizome).
  • Digestion lente due à la nervosité : mélisse, verveine odorante, camomille, marjolaine (sommité fleurie), aspérule odorante (partie aérienne).

Posologie : 1 c. à café de la plante ou du mélange de plantes par tasse d’eau bouillante, en infusion de 10 à 15 minutes. Filtrez et buvez 1 tasse de tisane après les repas. En cas d’inconfort marqué, buvez également 1 tasse avant les repas.

▲ En usage ponctuel, il n’y a pas de contre-indication en dehors d’une hypersensibilité individuelle toujours possible. En revanche, sans avis médical, l’angélique, le fenouil et l’estragon ne doivent pas être utilisées sur une période excédant 3 semaines, ni en cas de cancer, car ces plantes possèdent une activité oestrogénique.

▲ En dehors d’un usage ponctuel, le gingembre est contre-indiqué en cas d’hyperthyroïdie, de maladie de Basedow, de certaines hypertensions et de cancer androgénodépendant chez l’homme. Il est déconseillé chez l’enfant de moins de 6 ans. Prudence également en cas d’obstruction des voies biliaires.

▲ Menthe poivrée : voir en dessous pour ses précautions d’emploi.

La menthe poivrée, plante majeure de la sphère digestive

La menthe poivrée (feuille) agit à plusieurs niveaux. Sa saveur aromatique stimule l’appétit et augmente la sécrétion des sucs digestifs avec amélioration nette des digestions difficiles.

Elle calme les nausées et soulage les maux de tête.

Elle limite la production de gaz tout en activant la libération de l’air prisonnier.

Antispasmodique, elle réduit les spasmes intestinaux. À ce titre, elle est souvent préconisée contre le syndrome de l’intestin irritable. Sa puissance s’illustre dans l’efficacité d’une simple tisane et à travers l’emploi de doses relativement faibles. D’ailleurs, selon la quantité utilisée et la sensibilité de chacun, elle peut être calmante ou tonique.

Généralement bien tolérée lorsqu’elle est absorbée nature, la menthe poivrée est à éviter en cas de calculs biliaires, de brûlures d’estomac ou d’ulcère gastro-duodénal. Par manque de données, elle est déconseillée chez l’enfant de moins de 4 ans.

Attention, l’HE de menthe poivrée possède d’autres contre-indications spécifiques (plus d’informations dans le livre).

Tisane tonique digestive

Voici une association indiquée en cas de digestion lente avec somnolence :

  • Menthe poivrée (feuille) : 1 c. à soupe
  • Mélisse (feuille) : 1 c. à soupe
  • Thym (feuille) : 1 c. à café bombée
  • Verveine citronnée (feuille) : 1 c. à soupe

Comptez 1 c. à café du mélange pour 150 ml d’eau bouillante ; laissez infuser 10 minutes et filtrez. Buvez 1 tasse après les deux repas principaux. Enfant à partir de 6 ans : de ⅓ a 1/2 tasse après les repas principaux.

À faire soi-même : un vin d’angélique digestif (à consommer avec modération)

L’angélique ou herbe aux anges est une plante imposante par sa hauteur et ses fleurs réunies en grandes ombelles composées.

Toute la plante est aromatique mais c’est la racine qui constitue la partie médicinale principale. Considérée à la Renaissance comme une véritable panacée en tant que contrepoison et protectrice des esprits malfaisants, sa vitalité s’exerce sur la sphère digestive. Apéritive et eupeptique, elle stimule tous les sucs digestifs (estomac, bile, pancréas), diminue l’aérophagie et les ballonnements et calme les spasmes douloureux.

Mode opératoire : faites macérer pendant 1 à 2 jours 30 g de racines séchées d’angélique, coupées menu dans 60 ml d’alcool de fruits (bio). Puis, ajoutez 1 litre de bon vin blanc. Laissez en contact 8 à 10 jours, en agitant de temps en temps. Filtrez et mettez la préparation en bouteille.

Posologie : 1 petit verre à porto avant ou après les repas.

▲ Voir les précautions d’emploi de l’angélique ci-dessus.


 

 

Aromathérapie

Hydrolats

L’association de deux hydrolats suffit la plupart du temps pour soulager les symptômes gênants de la digestion lente et/ou douloureuse :

  • Hydrolat de menthe poivrée : 50 ml
  • Hydrolat d’angélique : 50 ml

Variantes : l’hydrolat de menthe poivrée peut être remplacé par celui de mélisse ; l’hydrolat d’angélique peut être remplacé au choix par celui de basilic ou de camomille romaine.

Posologie adulte : prenez 2 à 4 c. à café diluées dans un peu d’eau tiède, après les repas principaux.

Posologie enfant à partir de 3 ans : 1 à 2 c. à café diluées dans 1/2 verre d’eau.

Huiles essentielles

Dans cette indication, les huiles essentielles seront réservées à l’adulte, compte tenu de leur goût prononcé :

  • HE de menthe poivrée : 1 goutte, ou HE de gingembre : 1 goutte
  • HE de pamplemousse : 1 goutte, ou HE de camomille romaine : 1 goutte

Déposez les 2 gouttes de l’association choisie sur un comprimé neutre (ou sur un autre support), à sucer ou à croquer, après le repas ; à renouveler 1 fois si nécessaire.

▲ L’huile essentielle de menthe poivrée est contre-indiquée en cas d’antécédent d’épilepsie, de convulsions ou d’asthme, pendant la grossesse, l’allaitement et chez l’enfant de moins de 7 ans (risque du spasme de la glotte par voie orale). Elle doit toujours être absorbée sur un support. Prudence si vous prenez beaucoup de médicaments car la menthe poivrée peut interférer. En cas de doute, demandez l’avis de votre pharmacien ou thérapeute spécialisé en aromathérapie.

Remarque : en cas de dyspepsie nerveuse, le massage du ventre avec une huile aromatique apportera un confort supplémentaire (dans le livre, plus d’informations sur les ballonnements et le mal de ventre). 


Oligothérapie

Les oligoéléments ont une place de choix dans le traitement de fond des dyspepsies, en tant que modificateurs de terrain, notamment si vos troubles sont à composante nerveuse. Prenez-les toujours à jeun.

  • Manganèse-cobalt. Cette association est très efficace contre les spasmes digestifs accompagnés de douleurs abdominales ou musculaires, et d’autant plus après 40 ans. Prenez, au choix, 1 ampoule manganèse-cobalt Oligosols® à jeun, 2 fois par semaine ou 1 bouchon de manganèse-cobalt Catalyons® tous les matins, en cures de 3 mois.
  • Magnésium. Associez-le systématiquement au traitement choisi, afin d’agir sur la régulation nerveuse (par le biais du système neurovégétatif). Grâce à son action rééquilibrante, il lève les spasmes et les crampes en relaxant tous les muscles. Faites des cures très régulières, plus ou moins prolongées selon votre besoin, au choix : 1 ampoule par jour (Oligosols® ou Granions®) ou 1 à 2 bouchons de magnésium Catalyons® durant 3 mois.

Bon à savoir : Pris sous la forme d’oligoéléments (dose très faible), le magnésium ne présente aucune contre-indication.


Homéopathie

Selon les modalités de vos symptômes, prenez 3 granules du ou des remèdes suivants avant les repas ou au moment des troubles, à espacer dès l’amélioration :

  • Nux vomica 5CH : sensation de lourdeur et impression que l’estomac ne se vide pas, somnolence post-prandiale (après le repas), désir de café ou d’alcool pour faciliter la digestion, ballonnements.
  • Antimonium crudum 7CH : pesanteur, éructations qui ont le gout des aliments ingérés, langue avec enduit blanchâtre épais.
  • Carbo vegetalis 9CH : aérophagie importante avec flatulences, surtout après le repas, localisée au-dessus de l’ombilic avec douleur irradiant jusqu’au thorax, améliorée en desserrant la ceinture ; surtout après l’absorption de lait, de graisses ou d’alcool.
  • Argentum nitricum 5CH : quand les troubles (crampes d’estomac, ballonnements et renvois) surviennent après des repas pris trop précipitamment et/ou sur un terrain d’anxiété ou de surmenage.
  • Ignatia 9CH : troubles très variables (crampes, spasmes, brulûres, baillements, soupirs, sensation de boule dans la gorge, etc.) en lien avec un stress d’origine émotionnelle (contrariété, chagrin, etc.)
  • Asa foetida 9CH : nombreuses éructations, gaz dans l’estomac et contractions spasmodiques de l’œsophage donnant l’impression d’une boule qui remonte.

▲ Si vous êtes enceinte, parmi les solutions proposées et selon l’intensité de vos troubles, vous pouvez prendre le jus de citron ou le gingembre frais, une tisane (au choix), les hydrolats et/ou l’homéopathie.

 

Christine Cieur

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