Prévenir et soigner une angine

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Le mal de gorge souligne une irritation ou une inflammation des parois du pharynx (siège des pharyngites), des amygdales (amygdalite) ou du larynx (laryngite). Ses origines sont donc multiples. Lorsque les amygdales et le pharynx sont atteints, on parle plus volontiers d’angine. Découvrez dans cet article les symptômes, quand consulter, des conseils alimentaires et d’hygiène de vie, et les différentes stratégies de traitement naturel, de phytothérapie, d’aromathérapie, d’oligothérapie et d’homéopathie conseillées par Christine Cieur, docteure en pharmacie et herboriste.

J.C. Monnier | Prévenir et soigner les maux de l’hiver

Ces explications sont issues du livre Prévenir et soigner les maux de l’hiver de Christine Cieur.

Le mal de gorge souligne une irritation ou une inflammation des parois du pharynx (siège des pharyngites), des amygdales (amygdalite) ou du larynx (laryngite). Ses origines sont donc multiples. Lorsque les amygdales et le pharynx sont atteints, on parle plus volontiers d’angine. La grande majorité d’entre elles sont d’origine virale (plus de 70 %). Dans le cas d’une angine bactérienne, le principal responsable est le streptocoque – hémolytique du groupe A (SGA ou Streptococcus pyogenes) qui touche davantage les enfants entre 5 et 15 ans.

Parmi les autres causes du mal de gorge, citons également les allergies et la sécheresse de la bouche.

Symptômes

Dans l’angine virale simple, le mal de gorge, qui est généralement augmenté à la déglutition, peut s’accompagner d’écoulement nasal, d’enrouement passager, de toux et/ou d’une fièvre plus ou moins modérée. Le plus souvent, l’évolution est rapidement favorable (en quelques jours).

En revanche, dans le cas de l’angine bactérienne à SGA, les symptômes arrivent brutalement, associés à une fièvre élevée, une douleur intense mais sans toux.

Quand consulter ?

En cas de fièvre élevée (supérieure à 39 °C) persistant plus de 2 jours, fatigue intense, douleur importante à la déglutition, difficulté à avaler, présence de ganglions gonflés et/ou douloureux, ulcération buccale, présence de points blancs, de dépôt gris blanchâtre ou de fausses membranes dans la gorge, éruption cutanée, douleur d’oreille (otalgie)…

La consultation est également indispensable lorsque l’angine touche un enfant, une personne âgée ou immunodéprimée. Rappelons que l’angine bactérienne est une urgence médicale et que le diagnostic doit être établi ou infirmé le plus rapidement possible. La présence du SGA peut en effet générer d’autres pathologies : phlegmon amygdalien, scarlatine, rhumatisme articulaire aigu, maladie cardiaque, etc.

Enfin, le diagnostic médical permet de rechercher d’autres sources d’infection (foyer dentaire ou sinusal) et d’écarter les maladies dues à d’autres germes : mononucléose infectieuse, angine herpétique, etc.

Conseils alimentaires et hygiène de vie

Maintenez une atmosphère humide et fraîche, entre 18 et 20 °C, en vous servant au besoin d’un humidificateur. Éliminez le tabagisme et toute atmosphère irritante, ainsi que la climatisation.

Surveillez votre hydratation. L’assèchement de la bouche augmente le ressenti de la douleur. Il convient de boire très régulièrement de l’eau ou des tisanes adoucissantes (voir ci-après) et de sucer des pastilles (miel ou propolis) qui activent la production de salive capable de lubrifier et d’apaiser les muqueuses… tout en contribuant à évincer les germes.

Préférez les aliments liquides ou mous. Moins agressifs pour la muqueuse enflammée, ils seront servis tièdes ou froids afin de limiter la douleur. Faites des cures de jus de légumes (chou, céleri, radis noir, betterave, carotte, cresson, gingembre) et de fruits (cassis, citron, mûres, cynorrhodon, argousier), très utiles pour leur richesse en vitamines et oligoéléments actifs sur la stimulation des défenses naturelles de l’organisme. L’éviction du sucre est ici particulièrement importante pour épargner le pancréas et rétablir le fonctionnement des amygdales.

Stratégie de traitement

Ne vous jetez pas sur les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou les corticoïdes qui sont suspectés de majorer le risque d’extension d’une angine bactérienne.

Le traitement sera d’autant plus efficace s’il est débuté dès les premiers signes. Il est à la fois local et général.

Soins locaux

Les soins locaux comprennent également ceux du nez (plus d’informations dans le livre à la partie sur le rhume).

Gargarismes

Eau salée : très utile lorsqu’on est pressé ! Dissolvez 1 c. à soupe de gros sel de Guérande dans ½ verre d’eau tiède. Le goût n’est pas agréable, mais c’est très efficace ! Pour l’améliorer, ajoutez 1 c. à café de jus de citron. Faites 2 à 4 gargarismes par jour.

Gargarisme de tisane concentrée : choisissez une plante parmi les suivantes :

  • Les plantes riches en tanins, utilisées pour leurs propriétés antimicrobiennes et protectrices des muqueuses : aigremoine (partie aérienne fleurie), pimprenelle (racine), rose rouge (pétales), sauge (feuille) ou encore ronce (feuille) dont vous pouvez employer les feuilles fraîches (les plus jeunes sont à récolter au début du printemps et à faire sécher, en provision !) ou sèches.
  • Les plantes à mucilages dotés de propriétés anti-inflammatoires, cicatrisantes et apaisantes : guimauve (racine), mauve (fleur) ou coquelicot (fleur).

Très actives en gargarismes tièdes réalisés à partir d’une tisane concentrée, ces plantes soulagent rapidement la douleur. Mettez environ 3 c. à soupe bombées de la plante choisie pour ¼ de litre d’eau froide ; portez au frémissement pendant 5 minutes (1 minute pour la rose rouge) suivi d’une infusion de 10 minutes. Procédez à un gargarisme tiède, 2 à 4 fois par jour. L’action de ces gargarismes est renforcée par l’addition d’une c. à café de miel.

Cataplasme à l’argile verte

Il apporte la plupart du temps un soulagement immédiat. Appliquez l’argile en haut du cou sur au moins 1 cm d’épaisseur. Laissez en place 20 à 30 minutes en veillant à ce que la pâte reste humide (en déposant une compresse humide par-dessus). À renouveler 1 à 2 fois ou à alterner avec les autres propositions.

Pulvérisations dans la gorge

Celles-ci s’effectuent à l’aide d’un collutoire et permettent d’atteindre les zones difficiles d’accès. Plusieurs options s’offrent à vous :

  • Argent colloïdal ou propolis (en spray, prêt à l’emploi) : 3 à 4 pulvérisations par jour.
  • Complexe d’hydrolats.

Faire son propre complexe : dans un flacon pulvérisateur de 50 ml, mettez :

  • Hydrolat de sarriette : 15 ml (anti-infectieux, astringent)
  • Hydrolat de sauge officinale : 15 ml (antiseptique buccal, cicatrisant)
  • Hydrolat de camomille romaine : 20 ml (antiinflammatoire, antalgique)

Faites une double pulvérisation dans la gorge (à gauche et à droite), 3 à 4 fois par jour.

Variantes : la sarriette peut être remplacée par le thym à thuyanol et la sauge par le laurier noble.

▲ La sauge est déconseillée en cas de cancer hormonodépendant.

▲ La propolis est contre-indiquée en cas d’allergie aux produits de la ruche.

Voie orale

La voie orale est indispensable pour enrayer le processus et éviter les complications ultérieures. Les actions anti-infectieuses, anti-inflammatoires et antalgiques des composés aromatiques sont mises à contribution.


Aromathérapie

Synergie aromatique

Dans un flacon codigoutte opaque de 5 ml, mettez :

  • HE de thym à thuyanol ou linalol : 25 gouttes (anti-infectieux majeur)
  • HE de palmarosa : 25 gouttes (stimulant immunitaire)
  • HE d’arbre à thé : 15 gouttes (anti-infectieux polyvalent)
  • Huile d’olive : qsp 5 ml

Variantes : l’huile essentielle de palmarosa peut être remplacée par celle de lemongrass ; l’huile essentielle d’arbre à thé peut être remplacée par celle de niaouli.

Prenez 3 gouttes du mélange, à diluer dans un peu de miel ou à absorber sur un support neutre, 4 fois par jour. Chez l’enfant à partir de 7 ans : 1 goutte du mélange, 4 fois par jour jusqu’à amélioration.

Remarque : pour l’adulte, le chémotype de l’huile essentielle de thym à thymol est également possible ; en revanche, chez l’enfant, seuls les ct thuyanol ou linalol sont conseillés.

▲ Sans avis médical, la synergie aux huiles essentielles est déconseillée pendant la grossesse et l’allaitement, de même que chez l’enfant de moins de 7 ans.

Synergie d’hydrolats 

Très utile chez le jeune enfant ou la femme enceinte. Dans un flacon opaque de 200 ml, mettez :

  • Hydrolat de thym à thuyanol : 50 ml (anti-infectieux, immunostimulant, antitussif)
  • Hydrolat de laurier noble : 50 ml (anti-infectieux et protecteur des microbiotes)
  • Hydrolat de camomille romaine (ou lavande) : 50 ml (anti-inflammatoire, calmant)

Adulte : 1 à 2 c. à café diluées dans ½ verre d’eau tiède, 2 à 4 fois par jour, de préférence en dehors des repas, pendant 5 à 7 jours.

Enfant à partir de 1 an : de ½ à 1 c. à café diluée dans de l’eau ou le biberon, 2 à 4 fois par jour, selon l’âge.


Phytothérapie

Tisane adoucissante pour la gorge

Les plantes riches en mucilages sont un excellent complément à l’aromathérapie. Adoucissantes et émollientes, elles diminuent l’irritation ou la douleur de la gorge tout en calmant la toux.

  • Guimauve (racine) : 1 c. à soupe bombée
  • Mauve (fleur) : 1 c. à soupe
  • Bouillon-blanc : 1 c. à soupe
  • Réglisse (racine) : 1 c. à café bombée

Versez ¾ de litre d’eau bouillante sur les plantes ; laissez infuser 10 minutes ; filtrez impérativement avec un filtre en papier afin d’éliminer les poils irritants du bouillon-blanc.

Buvez la tisane tout au long de la journée, en l’absorbant lentement, car elle recouvre ainsi les muqueuses d’un film protecteur apaisant.

▲ Contre-indications de la réglisse : hypertension, insuffisance rénale grave, cirrhose hépatique, hypokaliémie. Son usage ponctuel de quelques jours ne pose aucun problème ; en revanche son usage prolongé est susceptible de provoquer une rétention d’eau et de sodium, ainsi qu’une perte de potassium.


Oligothérapie

La prise d’oligoéléments est souvent salutaire et parfois suffisante dans les maux de gorge d’origine virale, à condition d’être effectuée dès l’apparition des troubles.

  • Le cuivre (Granions® ou Oligosol®) peut être utilisé comme modificateur de terrain car lors d’une pathologie virale ou bactérienne, il se concentre au niveau du foyer infectieux. Antiviral, antibactérien, antifongique et anti-inflammatoire, le cuivre est aussi un constituant de nombreuses enzymes de défense de l’organisme et préserve l’intégrité tissulaire.
    Posologie : 3 à 5 prises par jour, durant 5 jours.
  • Le bismuth (Oligosol®), spécifique de la sphère ORL, peut être pris en alternance : 1 ampoule à garder 1 à 2 minutes dans la bouche avant d’avaler, 2 à 4 fois par jour, à jeun (au moins 15 minutes avant un repas).

Homéopathie

Prenez 3 granules des remèdes choisis, 3 à 6 fois par jour, à espacer dès l’amélioration :

  • Belladona 9CH : gorge rouge, difficultés à avaler, bouche sèche et fièvre.
  • Mercurius solubilis 9CH : douleurs brûlantes, piquantes, lancinantes, irradiant vers les oreilles à la déglutition ; hypersalivation, mauvaise haleine et frissons. À ne pas prendre plus de 3 fois par jour.
  • Phytolacca 5CH : amygdales rouges avec sensation de boule de feu, de sécheresse, avec besoin d’avaler en raison de la sensation d’un corps étranger.
  • Apis mellifica 15CH : douleur brûlante, piquante améliorée en buvant froid.
  • Lachesis mutus 9CH : douleur intense commençant à gauche avec sensation de constriction et difficulté à avaler.
  • Lycopodium 9CH : douleur commençant à droite avec problème hépatique associé, améliorée par la prise de boisson (eau ou tisanes).
  • Ignatia 9CH : mal de gorge apparaissant suite à une émotion forte, un chagrin ou une contrariété.

Le saviez-vous ? 

La gorge est le carrefour entre « ce qui entre » et « ce qui sort ». Un mal de gorge qui apparaît sans contexte infectieux peut nous interpeller sur une colère non exprimée verbalement, un sentiment d’injustice resté « en travers de la gorge ».

 

Christine Cieur

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