Comment prendre soin du sol sous serre ?

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Posséder une serre dans son jardin a beaucoup d’avantages : on peut cultiver toute l’année, avoir des légumes hâtifs au printemps, protéger ses précieuses tomates de la pluie et donc des champignons… Mais par une utilisation intensive de cet espace presque clos, on risque d’épuiser et d’artificialiser son sol. Venez découvrir ici quelques conseils pour garder une terre aérée et fertile dans la durée.

Au fil de l’année et des cultures, le sol de la serre doit être nourri, arrosé… soigné !
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Sans soin particulier, le sol sous votre abri pourrait s’appauvrir et surtout perdre un bon nombre de ses micro-organismes et vers de terre. Or, ces petites bêtes sont indispensables au potager. En se déplaçant, elles décompactent le terrain. En se nourrissant de la matière organique, elles la décomposent en nutriments qui deviennent ainsi assimilables par les plantes. Elles ont donc un rôle fondamental dans le maintien de la fertilité et de la structure de votre terre. L’idée est donc de favoriser au maximum cette vie du sol dans votre serre.

Apporter régulièrement de la matière organique

Il n’y a pas de secret, pour que les micro-organismes et les lombrics restent dans votre sol, il faut qu’ils s’y sentent bien. Soyez hospitalier : prévoyez le gîte et le couvert !

Commençons par le couvert ! Pour nourrir tout ce petit monde, amenez une fois par an de la matière organique. En automne ou au printemps, dès qu’une partie de votre serre se libère, déposez du fumier ou du compost. Laissez cet apport en surface puisque c’est là que vivent vos invités. Progressivement, ils vont le transformer et permettre ainsi à vos cultures de l’assimiler. Si lorsque vous voulez semer ou planter, des morceaux de fumier vous gênent, incorporez-les à la couche superficielle en restant à moins de 15 cm de profondeur. En dessous, ils ne se décomposeraient plus.

Cultiver des engrais verts

Quelle que soit la saison, profitez de quelques mois sans culture pour faire pousser un engrais vert. Fauchez-le avant la floraison ou dès que vous aurez besoin de l’espace. L’idéal est ensuite de le broyer (en passant la tondeuse par exemple) et de l’incorporer à votre terrain en surface. Vous pouvez aussi l’utiliser tel quel pour pailler des légumes déjà en place ou pour des zones non productives. L’engrais vert, en plus de favoriser la vie du sol, améliore sa structure, car les racines, en poussant, réduisent le tassement. C’est donc une technique à privilégier. À l’automne, préférez un mélange de céréales et de légumineuses comme le seigle associé à la vesce. La céréale travaillera le sol, tandis que la légumineuse fixera l’azote de l’air. En fin d’hiver, s’il vous reste de la place sous la serre bien occupée par les épinards, carottes ou petits poids primeurs, vous pourrez semer de la phacélie et laisser ses jolies fleurs se développer. Le printemps venu, elles attireront dans votre abri les butineurs nécessaires à la fécondation de vos légumes d’été. En été, vous aurez moins de choix, mais le sarrasin ou le sorgho se satisferont très bien de ce climat chaud et apporteront une quantité suffisante de biomasse.

Bien gérer l’arrosage

Comme nous, en plus de manger, ces petites bêtes boivent. Dans la nature, pas de problème, la pluie va les hydrater régulièrement. Sous serre, un arrosage de temps en temps est donc nécessaire pour ne pas assoiffer vos hôtes. Prenez garde à ne pas le négliger l’hiver, quand aucune culture n’est en place. Tous les mois, creusez à la main un trou dans votre sol et, si l’épaisseur de la partie sèche fait plus de 3 ou 4 cm… il est grand temps de payer votre tournée ! En été, pour économiser l’eau et le temps de désherbage, on a tendance à n’irriguer que les légumes. Par exemple, on installe un goutte-à-goutte ou des oyas au pied des tomates.

Mais pour encourager la vie dans toute la serre, vous devrez veiller aussi à ce que les parties sans production ne soient pas trop sèches. Paillez les allées et les zones nues, enherbez-les avec des engrais verts bas (trèfle, vesce…). Ainsi, un petit arrosage de temps en temps suffira, car bien couverts et sans légumes assoiffés, ces espaces resteront facilement humides.

Pour couvrir une surface non cultivée, vous pouvez utiliser toutes sortes de matières : bois, feuilles, paille, tontes, carton, résidus de taille ou de désherbage… En plus de garder l’eau, ce paillage va nourrir les micro-organismes de votre sol. Vous pouvez également utiliser des bâches plastiques réutilisables, qui sont moins bucoliques mais restent très efficaces pour empêcher le dessèchement.

On pense à arroser les cultures sous serre… mais il faut aussi éviter le dessèchement des parties non cultivées, où les micro-organismes sont aussi présents. Le paillage est recommandé pour les allées et les zones nues.
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Assurer un climat tempéré

Passons maintenant au gîte ! Le maintien d’une température convenable en été comme en hiver sera très apprécié par vos invités. Une bonne aération est primordiale. Tout l’été, votre abri restera ouvert. À la mi-saison et pendant l’hiver, aérez la journée pour faire baisser le thermomètre : vos hôtes détestent les différences de température trop importantes entre la nuit et le jour. Pour les grosses chaleurs, blanchir votre serre ou utiliser des voiles d’ombrage vous fera gagner de précieux degrés. Vous pouvez aussi placer votre abri de façon à profiter de l’ombre d’un arbre ou d’un bâtiment aux heures critiques.

 

 

Favoriser la biodiversité

Enfin, pour préserver un écosystème équilibré, vous devrez favoriser la biodiversité. Pour cela, l’idéal est de garder des “zones sauvages”. Ce n’est pas facile à faire lorsqu’on a une petite serre et beaucoup de légumes à y faire pousser… Mais à bien y regarder, il reste toujours un endroit où le travail du sol est plus compliqué et donc les cultures plus rares : les bords de serre. Pourquoi ne pas profiter de cet espace pour en faire un refuge pour insectes et autres bestioles ?

Pour cela, déposez des copeaux de bois ou du BRF en couche épaisse. Après quelques mois, ces zones grouilleront d’insectes, de micro-organismes, de lombrics, de champignons et même parfois de crapauds, grenouilles et divers reptiles. Cette surface peut aussi servir à cultiver des vivaces comme la menthe, les fraisiers ou la ciboulette.

Faites-vous aider également par les plantes dites “relais” comme le souci ou le bleuet. On les appelle de cette façon, car elles offrent des refuges à certains auxiliaires pendant la saison froide. Ainsi, les maraîchers plantent de plus en plus de soucis près des bordures vers le mois de septembre. Le but ? Protéger leurs légumes d’été en hébergeant tout l’hiver une punaise prédatrice de pucerons et d’acariens. En effet, cet insecte peut se contenter de la sève du souci pour se nourrir. Elle restera donc tranquillement dans votre serre en attendant le retour des beaux jours et de ses mets préférés : les pucerons et les acariens.

 

En bord de serre, les plantes “relais” comme le souci ou le bleuet offrent des refuges aux auxiliaires.
C. Vorwerk |

Vous l’aurez compris, arriver à garder un sol vivant et un écosystème riche sous abri est la clé pour des récoltes abondantes sur le long terme. Alors, mieux vaut oublier le mythe d’une serre “bien propre”. Vous désherbez les bords et les allées ? Laissez donc les herbes arrachées comme paillage. De même, abandonnez-y les résidus “sains” de vos cueillettes. Cela fait certes moins “net”, mais cela fournit un festin aux micro-organismes et lombrics, tout en maintenant les habitants de ces plantes sauvages sur place.

 

Caroline Vorwerk