Comment lutter contre la bruche du haricot ?

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Attention lorsque vous écossez vos haricots : si les œufs de ces bruches échappent à votre vigilance, vous risquez de retrouver vos grains parsemés de galeries. Découvrez nos conseils pour lutter contre.
Photo de la bruche sur une feuille

Ce sont les trous que l’on remarque en écossant les haricots qui doivent alerter : ils signalent la présence de larves de bruches (trous minuscules), voire d’adultes. Le plus simple et efficace est de congeler les grains, pour éviter le développement larvaire.

 

C’est la fin des haricots… secs ! Adieu cocos, flageolets et autres lingots, dont les beaux grains sont désormais transformés en gruyère par les bruches, de petits coléoptères comparables aux charançons, mais qui s’en prennent aux légumineuses.

Symptômes et dégâts de la bruche du haricot

Si deux ou trois générations ont eu le temps de se développer, les dégâts peuvent être très importants. Ils sont parfois plusieurs dans un même grain, miné par des galeries, et vos précieuses réserves s’en trouvent étrangement animées.

Dessin de l'insecte adulte

Cet insecte ne s’intéresse qu’aux graines de haricot.
Christian Galinet | 

Les minuscules œufs de ces ravageurs sont passés inaperçus lorsque vous avez écossé les haricots, ou bien quelques adultes présents dans le cellier ont pu s’introduire dans vos réserves. Ces insectes ne s’intéressent qu’aux graines et, si les pontes interviennent pendant la culture, ce n’est que sur des gousses mûrissantes.

Carte d’identité de ce ravageur

Outre celle du haricot, la famille des Bruchidae compte également des bruches spécifiques du pois, de la fève et des lentilles, dont les pontes interviennent exclusivement pendant la culture. La bruche du haricot est la plus redoutée car elle est la seule à pouvoir comporter plusieurs générations dans l’année.

D’origine américaine, elle peut s’attaquer aux autres légumineuses, mais c’est assez rare, chaque graine ayant son ravageur spécifique. Tous les membres de la famille se ressemblent : l’adulte est brun, long de 2,5 à 5 mm, et ses larves sont blanchâtres avec une minuscule tête brune perdue dans les plis d’un corps incroyablement dodu, de dimensions identiques à l’adulte.

Dessin de larve de bruche blanche

La croissance de la larve dure trois semaines, à l’intérieur d’une graine de haricot.
Christian Galinet |

Mode et cycle de vie de la bruche du haricot

La forme adulte de la bruche du haricot hiverne à l’intérieur des graines et commence à circuler dans les locaux de stockage ou dans les cultures dès que la température atteint 11 °C. Elle peut même s’envoler par temps sec et ensoleillé, à partir de 21 °C. Chaque femelle peut pondre environ 40 œufs, déposés en groupes de 2 à 20 sur les gousses ou à l’intérieur de celles-ci (en culture), ou bien directement sur les graines (dans les locaux de stockage). Après un stade embryonnaire de 3 à 15 jours, la larve pénètre dans une graine. Sa croissance dure environ trois semaines, puis elle découpe un opercule de sortie circulaire dans la paroi du grain et se nymphose pour donner, 12 à 25 jours plus tard, un adulte capable de se reproduire à nouveau. Il peut y avoir jusqu’à trois générations.

Dessin d'haricots troués par des galeries

Les larves percent un opercule pour sortir du grain.
Christian Galinet | 

Les bruches adultes de la fève et du pois hivernent dans les graines ou dans divers abris, puis s’envolent à la recherche de leur plante hôte au printemps. Elles en consomment du pollen et quelques fleurs, se reproduisent, puis pondent sur les gousses. Leur fécondité est beaucoup plus élevée (jusqu’à 400 œufs), mais il n’y a qu’une génération.

 

 

Lutter naturellement contre la bruche du haricot

Ce type de ravageur est extrêmement redouté des professionnels, notamment des organismes stockeurs et des transformateurs. Depuis l’apparition des insecticides chimiques, on a utilisé contre lui d’innombrables molécules, sans trop se soucier des conséquences sur la santé du consommateur final. Le sinistre lindane en a fait partie, avant d’être remplacé par des organophosphorés ou des pyréthrinoïdes de synthèse. 

Les professionnels de la filière bio se défendent par des contrôles systématiques de tous les lots avant achat (tout lot contaminé est refusé) et par un “nettoyage” des graines par aspiration lors des transferts d’un silo à un autre.

Les jardiniers bio ne sont pas démunis. Observez attentivement grains et gousses lorsque vous écossez les haricots et brûlez-les (ne les jetez pas au compost) si vous apercevez des œufs ou des traces d’attaques de larves (leurs trous sont beaucoup plus petits que ceux des adultes). Conservez vos grains dans des bocaux hermétiques. Le congélateur, pour ceux qui en sont équipés, est une arme radicale : aucune larve ne résiste après 24 heures d’un tel coup de froid. Dans le freezer d’un réfrigérateur, le résultat est moins sûr : à tester.

Deux moyens de lutte traditionnels ont également fait leurs preuves : ajoutez quelques caïeux d’ail non épluchés dans chaque récipient, ou bien enflammez un coton imbibé d’alcool juste avant de fermer hermétiquement le bocal. Sa combustion consomme en principe tout l’oxygène présent dans le bocal, condamnant les bruches à l’asphyxie. Continuez cependant à surveiller vos bocaux, au cas où quelques larves auraient survécu.

 

Antoine Bosse-Platière

 

 

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