Comment accueillir les animaux domestiques : les chèvres

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Dans cet article, extrait du livre Les animaux jardiniers, nous vous proposons la description d'une espèce domestique de ferme que vous pouvez accueillir dans votre jardin ou dans votre microferme. Nous reprenons leurs différentes utilités dans la gestion du jardin, mais aussi des informations pratiques : leurs besoins en place et en abri, les soins à leur apporter, les risques de « dérapage », le coût approximatif de l’animal, des soins et des infrastructures… Si ces éléments vous donnent des clés pour identifier les animaux qui conviennent le mieux à votre jardin, ils ne décrivent pas l’élevage dans tous ses détails. N’hésitez pas à compléter vos informations par des ouvrages spécialisés. Focus ici sur les chèvres.

S. La Spina | Les animaux jardiniers

Cet article est extrait du livre Les animaux jardiniers de Sylvie La Spina.

 

IMPORTANT : Les animaux domestiques ont des besoins sociaux. Pour assurer leur bien-être, il est indispensable d’élever au moins deux individus de la même espèce.

 

Les chèvres (Capra hircus) sont des mammifères herbivores ruminants, appartenant aux ongulés (marchant sur deux doigts). Elles comptent parmi les premiers animaux à avoir été domestiqués, il y a 10 000 ans, au Moyen-Orient.


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LEURS DIVERSES UTILITÉS DANS UNE MICROFERME

Les chèvres peuvent entretenir des prairies, mais ont une nette préférence pour les arbustes, dont elles mangent les feuilles et l’écorce. Elles sont utilisées en écopâturage pour défricher des espaces naturels ouverts, comme des pelouses sèches ou des landes.
Les chèvres produisent un fumier en petites crottes, facile à manipuler si vous devez le sortir à la fourche. On estime la production de fumier, litière comprise, à un peu plus d’une tonne par an et par animal. Une partie sera émise dans les abris, le reste engraissera directement les pâtures. Le fumier pailleux peut être composté ou utilisé tel quel, en apport d’automne ou de printemps sur le sol des cultures. Il n’est pas le plus adéquat, mais on peut l’utiliser pour produire de la chaleur dans une couche chaude.
Enfin, les animaux peuvent être valorisés pour la production de lait, plus rarement de viande, car ce ne sont pas des animaux adaptés à l’engraissement. Une race laitière produit en moyenne 4 litres de lait par jour. Un jeune caprin donne une carcasse d’environ 8 kg.


Une chèvre se nourrit volontiers du feuillage et des hampes florales de rumex, une mauvaise herbe des prairies.
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DOMMAGES COLLATÉRAUX

Attention aux fugues et aux dégâts sur les ligneux !

 

COMPARATIF DE L’ÉLEVAGE DES CHÈVRES AVEC LES AUTRES ESPÈCES

Les chèvres nécessitent moins de place que des chevaux, des ânes ou des bovins : il faut compter environ 500 m² de prairie pour nourrir un animal en pâturage et la surface équivalente pour la production de foin. Pour une paire de caprins, 1 000 m² suffisent si l’on achète le foin pour le nourrissage hivernal.


Utilisation d’une chèvre pour tailler un arbuste un peu trop envahissant.
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CHOISIR LA RACE

Parmi les quelque 200 races de chèvres existantes, vous pourrez choisir celle qui est la mieux adaptée à votre projet. Les chèvres naines sont appréciées comme animaux de compagnie. Leur petite taille (50 cm au garrot maximum) ne les empêche pas d’être fugueuses et presque aussi gourmandes qu’une race de grand format. Si vous souhaitez valoriser le lait, optez pour une chèvre Saanen, Poitevine, Anglo-nubienne ou Alpine qui vous en offrira en moyenne 4 litres par jour et par mère. Les amateurs de laine mohair adopteront des petites chèvres Angora. Des races sont spécialisées dans le débroussaillage, comme la Lorraine et la chèvre des Fossés. Certains éleveurs les utilisent d’ailleurs pour l’entretien de réserves naturelles. Enfin, certaines races ont gardé leur caractère tout terrain comme la Rove, la Corse ou la Pyrénéenne.


Traire une chèvre, une expérience inoubliable pour un enfant.
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CONSTITUER SA TROUPE

Pour démarrer votre élevage, vous pouvez adopter des jeunes ou des adultes. Les chevreaux sont généralement disponibles en avril, mai ou juin, à l’âge de 2 mois, qui correspond au sevrage. Les élevages de chèvres laitières en proposent chaque année à adopter. Les femelles sont les plus prisées, les mâles rencontrent souvent moins de succès. Les boucs sont des animaux attachants, mais ils peuvent sentir fort, surtout quand ils ne sont pas castrés. Ils sont par ailleurs assez collants avec leur propriétaire, aimant se frotter à ses jambes. Tout le monde n’apprécie pas ces traits de comportement. Les refuges pour animaux regorgent d’animaux adultes à adopter, souvent des mâles castrés.


Entretien d’une prairie par un caprin.
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CE QU’IL FAUT PRÉVOIR POUR LES ACCUEILLIR

Les caprins doivent disposer d’un abri similaire à celui des moutons, à ceci près qu’il faut en plus tenir compte de leur caractère « cascadeur » : les chèvres pourraient bien passer plus de temps sur le toit plat d’un abri qu’à l’intérieur de celui-ci ! Les clôtures seront renforcées pour éviter les fugues, et les arbres, si on ose en laisser à leur portée, devront être bien protégés.
La consommation de foin en hiver est similaire à celle des moutons, mais les chèvres continueront d’en manger un peu pendant la bonne saison, même en présence d’herbe, car elles ont besoin de fibres. Pour les caprins, la pierre à sel peut contenir du cuivre, ils n’y sont pas sensibles.


Chevreau à l’âge du sevrage (2 mois).
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PRÉDATEURS ET MALADIES

Les prédateurs des chèvres sont les mêmes que ceux des moutons. Les mêmes précautions s’imposent donc concernant la protection des adultes et des jeunes.
Les chèvres sont plus sensibles aux parasites internes que les moutons, ce qui demande de redoubler de vigilance.


Bouc castré issu d’un refuge.
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LES SOINS

Les chèvres ont besoin d’un entretien régulier de leurs sabots. En effet, le sol de nos jardins ne permet pas une usure suffisante par rapport aux rochers escarpés de leurs lieux d’origine.
Des onglons non entretenus peuvent occasionner des boiteries dues à une déformation de la patte, une pourriture du sabot et des maladies infectieuses. Tous les 3 mois environ, effectuez un parage des onglons en commençant par enlever la terre, les cailloux et les herbes de manière à bien voir la sole. Les excroissances seront taillées, et la corne rafraîchie. N’hésitez pas à vous faire aider par un vétérinaire, un maréchal-ferrant ou un éleveur.
Les chèvres ont une durée de vie de 15 à 18 ans environ.


Parage des onglons
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COMBIEN ÇA COÛTE ?

Le coût d’achat de chèvres dépend de la race, de l’âge et du sexe. Les chevreaux mâles sont souvent donnés avant le sevrage, ce qui implique de les biberonner. Les chevreaux femelles peuvent être achetées avant sevrage ou au moment du sevrage (prix moyen de 50 €). Les chèvres adultes sont plus chères (en moyenne 100 €), à part les boucs qui sont parfois donnés. Le prix d’un animal adulte peut aller jusqu’à 200 € (races particulières, boucs de reproduction).
Les investissements nécessaires pour les enclos et abris sont identiques à ceux détaillés pour les moutons.
Prévoyez enfin les soins des pieds et le vétérinaire (environ 50 € par an et par animal). Pour le nourrissage annuel, comptez 160 € pour une petite tonne de foin pour deux animaux.

 

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