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Ces explications sont extraites du livre Le guide du jardin bio de Jean-Paul Thorez.
Les rythmes naturels au jardin bio
Le jardinage est cyclique : la plupart des événements se reproduisent à l’identique d’une année sur l’autre. On sème les premiers pois quasiment à la même date chaque année. On plante des arbres pendant l’arrêt de la végétation. La floraison des arbres fruitiers se produit au printemps et la fructification de l’été à l’automne selon les espèces et les variétés. Les événements climatiques offrent toutefois une certaine variabilité interannuelle (par exemple, certaines années sont plus chaudes ou plus humides que d’autres).
En août et en septembre : on sème les légumes d’hiver ou de printemps, on plante les fraisiers, on bouture les arbustes semi-ligneux, rosiers et vivaces, et on sème les engrais verts.
Les engrais verts
L’engrais vert est le summum de la technique bio au potager. Il consiste à enrichir et améliorer le sol en y faisant pousser certaines plantes. On profite ainsi du travail gratuit de ces végétaux dont les feuilles fabriquent de la matière organique à partir du dioxyde de carbone de l’atmosphère, tandis que les racines font de même tout en travaillant le sol.
Les engrais verts de la famille des légumineuses (ou Fabacées) fixent en outre de l’azote qu’ils puisent dans l’air grâce à des bactéries vivant en symbiose avec eux dans des nodosités situées au niveau des racines. Ceux appartenant à d’autres familles botaniques – notamment les Brassicacées – extraient du potassium, du phosphore et d’autres éléments minéraux des particules de roches du sol. Après la décomposition des engrais verts, ces éléments fertilisants assimilables libérés dans le sol profitent aux cultures suivantes. On estime qu’en moyenne un engrais vert représente un apport de 100 g d’azote pur, 30 g de phosphore et 150 g de potassium pour 10 m2, soit l’équivalent d’une fumure normale.
Les racines des engrais verts ameublissent le sol en profondeur, tandis que la biomasse générée produit, en se décomposant, un humus actif qui améliore la structure de la terre, rendant celle-ci plus résistante aux agressions et plus facile à travailler. En revanche, les engrais verts ne remplacent que très partiellement le fumier et le compost, car ils produisent peu d’humus stable.
Les engrais verts étouffent les mauvaises herbes et protègent la surface du sol en amortissant le choc des gouttes de pluie. Enfin, ils absorbent des nitrates (composés nutritifs azotés présents dans le sol) qui, autrement, seraient lessivés par les pluies et perdus. Ainsi, au lieu d’aller polluer les eaux souterraines, ces nitrates peuvent être utilisés par les cultures.
Les plantes utilisées
Certains engrais verts (phacélie, moutarde, vesce…) ont l’avantage d’avoir une croissance rapide et d’être détruits par les gelées hivernales, ce qui facilite leur incorporation au sol. Les autres (trèfles, seigle…) nécessitent un broyage suivi d’un enfouissement.
Autres engrais verts possibles :
- Graminées (ou Poacées) : ray-grass italien, avoine, triticale, moha de Hongrie, sorgho ;
- Légumineuses (ou Fabacées) : féverole, lupin, mélilot, pois fourrager, vesce de Cerdagne ;
- Brassicacées : colza, navette fourragère, radis chinois.
Il est possible de semer des engrais verts en mélange, par exemple une Graminée et une Légumineuse. Exemple : ray-grass italien (20 g/10 m²) ou seigle (30 g) ou avoine (60 g) + vesce (15 g) ou pois fourrager (80 g) ou féverole (100 g).
Engrais vert | Caractéristiques | Type de sol | Dose de semis | Devenir |
Seigle (Graminée) |
Produit de l’humus et étouffe les mauvaises herbes. Faculté germinative : 2 ans. |
Tous sols. | 60 g/10 m2 | Tondre en fin d’hiver et enfouir. |
Moutarde (Brassicacée) | Pousse très vite, étouffe les mauvaises herbes et élimine certains nématodes (vers parasites) et germes de maladies. |
Tous sols, même calcaires. À éviter sur un terrain contaminé par la hernie du chou, maladie causée par un champignon microscopique dont toutes les Brassicacées peuvent être les hôtes. |
10 g/10 m2 | Détruite au moins partiellement par le gel hivernal (sauf dans les régions à hiver très doux), donc pas de broyage avant l’enfouissement. |
Phacélie (Hydrophyllacée) |
Pousse très vite, produit de l’humus, étouffe les mauvaises herbes. Jolies fleurs mauves visitées par les abeilles et autres insectes pollinisateurs. |
Tous sols, de préférence riches. | 10 g/10 m2 | Détruite au moins partiellement par le gel à partir de – 5 °C. |
Trèfle incarnat (légumineuse) | Produit de l’humus et fixe l’azote de l’air. | Tous sols, mais préfère les sols légers plutôt acides. | 15 g/10 m2 | Tondre en fin d’hiver et enfouir. |
Épinard (Chénopodiacée) | Se prête au semis en ligne, entre les rangs de légumes. | Sols frais, non calcaires. | 50 g/10 m2 | Hacher à la binette en fin de croissance et laisser sur le terrain. |
Vesce (légumineuse) | Bonne couverture. Fixe l’azote de l’air. | Tous sols. |
20 à 60 g/10 m2 |
Détruite par le gel hivernal. |
Sarrasin (Polygonacée) | Étouffe les mauvaises herbes. | Sols pauvres et acides. | 40 g/10 m2 | Détruit par le gel hivernal. |
Comment procéder ? Semis et entretien
Ne pas bêcher le sol. Il est excellent d’apporter préalablement des engrais et amendements minéraux (phosphates, poudre de roches, calcaire broyé, cendre de bois, etc.).
Semer ensuite les engrais verts en place, à la volée, sur une parcelle fraîchement défrichée ou récoltée (fig. 1 à 4). Après le semis, il suffit de laisser pousser l’engrais vert. Inutile de l’arroser.
M. Le Toquin |
Enfouissement
L’enfouissement de l’engrais vert a lieu en général en fin d’hiver, avant la remise en culture du potager. S’il a été détruit par le gel, on peut se contenter de ratisser les brindilles sèches et de les jeter sur le tas de compost. Autrement, il faut le couper ou le broyer avant de l’enfouir, en utilisant l’une des méthodes suivantes :
- broyage avec une tondeuse à gazon (travail sur la demi-largeur de la tondeuse seulement si l’engrais vert est très développé) ;
- fauchage ;
- coupe à la cisaille (très petites surfaces).
Les matériaux broyés ou coupés doivent séjourner sur le terrain pendant 2 à 3 semaines avant le bêchage. Ils seront ainsi progressivement incorporés au sol de manière naturelle (fig. 5).
L’enfouissement final se réalise soit à la bêche classique ou à la charrue (15.cm de profondeur maximum), soit sans retournement, par plusieurs passages d’outils type grelinette, ou bien d’outils à dents du motoculteur ou de motobêche (fig. 6).
À la suite de l’engrais vert, on cultive de préférence des légumes gourmands en matière organique, et plantés plutôt que semés. Exemples : courge, potiron, concombre, tomate, aubergine, piment, pomme de terre, chou-fleur, chou pommé, fraisier, céleri, poireau.
Au jardin d’ornement, on utilise généralement le semis d’engrais vert (phacélie) au printemps pour occuper l’espace avant la croissance des vivaces « lentes » (asters, eupatoires…) ou le repiquage des fleurs annuelles.
Dans ce cas, on ne les enfouit pas, mais on étale les tiges broyées à la cisaille en paillis sur le sol, entre les plants.
Jean-Paul Thorez
Si vous souhaitez plus d’informations sur le sujet, vous pouvez vous référer au Guide du jardin bio de Jean-Paul Thorez.