Pommes tachées, comment éviter ce phénomène ?

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Les pommes étaient magnifiques à la cueillette… et de petites taches brunes, amères, apparaissent à la conservation. Quelques conseils permettent de diminuer le risque d’apparition de cette « maladie » et ainsi éviter les pommes tachées et leur mauvais goût.
Pommes saines sur un pommier

 

Vraiment, il y a de quoi ressentir de l’amertume. D’abord à cause de la saveur légèrement amère de ces taches brunes spongieuses qui ponctuent la chair de vos pommes. Mais surtout parce que la récolte était très belle et que rien ne laissait prévoir un tel désastre…

Dessin de pommes tachées

Ces taches amères ne se développent en effet souvent qu’après la cueillette, en cours de conservation et généralement sur de gros fruits. Les premières apparaissent juste sous l’épiderme ; elles se dessèchent et brunissent peu à peu en formant à la surface du fruit de petites dépressions semblables à des impacts de grêle. Puis, les taches se multiplient et peuvent s’étendre en profondeur jusqu’au cœur du fruit. Ces petites boules de chair desséchées et amères de 1 à 10 millimètres de diamètre finissent par vous décourager de manger la pomme.

Carte d’identité des taches amères de la pomme

Les taches amères de la pomme – on reprend parfois la dénomination anglaise de bitter pit – ne sont pas à proprement parler une maladie : il s’agit plutôt d’un accident physiologique lié à un déséquilibre minéral. Les pommes atteintes présentent une déficience en calcium et un excès de potassium ou de magnésium. Le manque de calcium provoque une altération de la perméabilité des parois cellulaires et entraîne une dégradation des cellules qui finissent par se nécroser. Son origine n’est pas à rechercher dans une carence du sol, mais dans un ensemble de facteurs qui semblent perturber le métabolisme complexe du calcium dans le pommier. Les conditions aggravantes sont les suivantes : une fumure azotée excessive et trop tardive, trop de potasse, une grande vigueur des arbres et de très gros fruits, une taille trop sévère, une récolte trop précoce et de fortes variations de température et d’humidité.

Moyens de lutte pour éviter les taches noires

Les variétés à gros fruits sont les plus vulnérables, mais toutes peuvent être touchées. Parmi les variétés les plus vulnérables, on compte : Honeycrisp, Empire, Delicious et Fuji.

La prévention commence par une fertilisation modérée et équilibrée, riche en humus : le compost est une fertilisation optimale.

La taille ne sera pas trop sévère, pour obtenir une bonne mise à fruit. Elle doit être adaptée à la vigueur de l’arbre.

Par temps sec, l’arrosage se fera de manière régulière, sans excès, surtout à l’approche de la récolte, en maintenant un bon mulch au pied de l’arbre. En effet, le paillage permet de conserver l’humidité du sol pendant les fortes chaleurs. Cela évite un stress hydrique qui nuit à l’accumulation du calcium dans l’arbre. Il en va de même pour les sols trop humides, il convient alors de bien les travailler pour les alléger, afin que l’eau ne stagne pas.

La tache amère est induite par déséquilibre entre le calcium, l’azote, le potassium, le phosphore, le magnésium et le bore. Ainsi, si vous faites de gros apports de magnésium et de potassium, cela peut causer une carence en calcium. Cela ne veut pas dire que le substrat n’en a pas, cela veut juste dire que la plante en a trop peu par rapport aux autres composants.

Nos amis anglais de l’Henry Doubleday research association (la plus importante association de jardiniers bio en Angleterre) préconisent une taille d’août sur les arbres adultes vigoureux, afin de réduire la compétition entre les branches et les fruits pour l’utilisation du calcium. À essayer si vous craignez l’apparition prochaine des taches (s’il y en a eu l’an dernier et si les conditions sont favorables), en supprimant surtout les pousses verticales d’un an.

Ne cueillez pas avant maturité, mais entreposez votre récolte au frais et surveillez-la régulièrement. Il n’y a pas de risque de contamination puisqu’il ne s’agit pas d’une maladie provoquée par des agents infectieux (champignons, microorganismes etc.). Mais si vos pommiers présentent cette carence en calcium, les taches liégeuses vont progressivement se développer. Consommez rapidement les fruits présentant les premiers symptômes. Et si le problème est général, il va falloir vous organiser pour faire au plus vite des compotes, des bocaux, des pommes séchées ou du jus. Il s’agit de prendre de vitesse l’évolution de ces petites taches, avant qu’elles ne deviennent envahissantes.

Antoine Bosse-Platière