L’hoplocampe du prunier : traitement biologique

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Pour lutter contre l'hoplocampe du prunier, ver blanc qui fore de petits trous dans vos prunes, le mieux est de prendre des mesures préventives au printemps. Suspendez des pièges blancs lorsque les fleurs sont encore en bouton, et, à la floraison, pulvérisez des décoctions de plantes répulsives, comme l'absinthe ou la tanaisie. Découvrez quel traitement biologique utiliser contre l'hoplocampe du prunier.
Photos d'un prunier sain

Symptômes et dégâts de l’hoplocampe

La floraison a été abondante, le temps plutôt clément et la récolte de prunes promet d’être belle. Sans doute faudra-t-il éclaircir pour soulager les branches. C’est dans cette heureuse disposition d’esprit qu’une ou deux semaines après la floraison, vous vous arrêtez devant votre prunier pour ce que vous croyez être une visite de routine. Il y a, effectivement, beaucoup de petits fruits bien formés, mais en vous approchant, vous vous apercevez que l’un d’eux est percé d’un petit trou de couleur sombre. Et aussitôt, vous réalisez que tous les fruits voisins présentent la même funeste perforation. Vous suivez la branche : calamité ! Aucun n’y a réchappé. Même chose sur les branches voisines. Si l’arbre est encore jeune, c’est tout juste s’il reste quelques prunes indemnes sur certaines branches un peu à l’écart. Mais quel est donc l’auteur d’un tel carnage ?

Schéma d'une tige avec des fruits percés

Les fruits, à peine formés, sont déjà percés.
© Christian Galinet

Carte d’identité de ce ravageur

C’est un petit hyménoptère (deux paires d’ailes membraneuses, comme les guêpes, fourmis et abeilles), dont l’adulte ne mesure guère plus de 4 à 6 mm, de couleur brune plus ou moins claire (Hoplocampa minuta ou flava). Comme pour beaucoup de ravageurs, ce sont ses larves qui provoquent l’essentiel des dégâts.

Dessin de l'hoplocampe adulte

 L’hoplocampe adulte mesure entre 4 et 6 mm.
© Christian Galinet

La famille compte également un hoplocampe du pommier et un autre du poirier. Leurs attaques sont épisodiques, mais causent parfois de sérieux dégâts. Les jeunes fruits tombent prématurément. Quelques-uns, dont le cœur n’est pas atteint, arrivent à maturité, mais gardent en souvenir du passage de la larve une cicatrice liégeuse caractéristique.

Mode et cycle de vie de l’hoplocampe

La larve de l’hoplocampe du prunier passe l’hiver dans le sol, dans un cocon fait de particules de terre agglutinées, et se nymphose début mars. Les premiers vols d’adultes apparaissent en mars-avril. Ils s’accouplent puis viennent pondre sur les fleurs, attirés par leur couleur blanche. La femelle creuse une cavité dans la collerette du calice et y introduit un œuf.

Dessin d’œuf dans une fleur

La femelle introduit un œuf dans le calice de la fleur.
© Christian Galinet

Comme toujours, le drame provient de la terrible fécondité de ces bestioles, qui pondent chacune entre 50 et 60 œufs. La larve éclot au moment de la chute des derniers pétales, sort du calice et pénètre dans le petit fruit qui vient de se former. Elle creuse une galerie jusqu’à l’amande qu’elle dévore, puis s’en va attaquer successivement trois ou quatre autres fruits. À la fin de son développement, elle se laisse tomber sur le sol dans lequel elle s’enfonce jusqu’à cinq à huit centimètres de profondeur pour faire son cocon. Tous les fruits atteints vont tomber prématurément. Chacun porte un ou deux petits trous ronds bordés de noir et dégage à l’ouverture une charmante odeur de punaise des bois !

 

 

 

Lutter biologiquement

Certaines variétés, comme ‘Reine-Claude dorée’, ‘Reine-Claude de Bavay’, ‘Reine-Claude violette’ et ‘Monsieur Hâtif’, seraient plus résistantes.

Par ailleurs, les oiseaux insectivores se régalent de ces petites larves blanchâtres à tête brune, d’où l’intérêt de leur aménager un espace accueillant alentour.

La prévention passe également par le ramassage et la destruction de tous les fruits attaqués, afin de limiter la présence sur place de futurs adultes. Mais ces mesures ne suffisent généralement pas.

Certains professionnels utilisent des panneaux blancs englués pour détecter les premiers vols. Le jardinier qui ne possède qu’un ou deux arbres peut s’en servir comme moyen de lutte : il s’agit de suspendre dans chaque arbre, lorsque les fleurs sont encore en boutons, des rectangles blancs (la couleur qui convient le mieux est le blanc oxyde de zinc) de 15 x 20 cm enduits de glu arboricole transparente (voir les bonnes adresses). Selon la taille de l’arbre, on en dispose entre deux et quatre sur des branches extérieures, à environ 1,80 mètre du sol, à au moins trente centimètres du feuillage, face engluée tournée vers l’extérieur. Il faut retirer ces pièges dès la chute des pétales car la couleur blanche peut attirer certains pollinisateurs (pas les abeilles, heureusement).

Vous pouvez également effectuer, à la floraison, une pulvérisation de plantes répulsives comme l’absinthe ou la tanaisie (infusion de 300 grammes de plantes fraîches par litre d’eau, à utiliser non diluée).

En dernier recours, vous pouvez utiliser un insecticide à base de pyrèthre ou de roténone, dont l’action sera renforcée par l’ajout d’un mouillant : terpène de menthe ou de pin (50 ml pour 10 litres). À utiliser préventivement à la floraison ou, en cas d’attaque, après la chute des pétales, à deux ou trois reprises. Mais ce traitement sera fatal aux auxiliaires.

Antoine Bosse-Platière