Banc d’essai : La grelinette au sommet

La corvée du bêchage traditionnel avec retournement, si douloureuse pour le dos, n’est plus qu’un mauvais souvenir pour la grande majorité des jardiniers bio. Nous le devons aux agronomes, qui nous ont appris qu’il fallait éviter de bouleverser les différentes couches du sol. Nous le devons aussi à l’invention géniale de la grelinette par le grainetier André Grelin, en 1948. Fabriquée et améliorée par son fils Olivier, elle est ainsi décrite dans le brevet déposé en 1963 : outil permettant « l’ameublissement sans retournement, la terre étant soulevée, divisée, aérée, sans bouleversement des couches. Ses deux bras écartés comme les bras des utilisateurs faisant levier et permettant un travail rapide et sans peine sur une grande largeur. » La grelinette s’utilise en reculant, sur des planches qu’il est préférable de nettoyer en surface auparavant (enlevez paillage et adventices). Une fois la terre soulevée, quelques mouvements latéraux permettent d’émietter un peu les mottes (une barre arrondie ou formant un triangle avec la barre d’appui facilite ces mouvements). Faire ce travail au croc dans un second temps permet d’avancer bien plus vite (en terre très argileuse, on décompacte à l’automne et le gel se charge du plus gros de l’émiettement).

Contrairement à la fourche, la grelinette permet d’éviter les mals de dos.
JJ. Raynal |

Décompacter sans retourner

La grelinette est donc l’un des très rares outils spécifiques du jardinage bio, dont le succès ne se dément pas et qui a été abondamment copiée et imitée. Car même si les partisans du non-travail du sol et de sa couverture systématique sont de plus en plus nombreux parmi les jardiniers bio, un bon outil de décompactage sans retournement reste incontournable dans de très nombreux cas : sols enherbés à défricher, sols argileux, compactés, difficiles et lorsqu’on est confronté à la présence d’envahissantes à enracinement profond (chiendent, liseron, chardon…) que la grelinette excelle à extirper.

Les modalités de l’expérimentation

Aussi, huit ans après notre précédent banc d’essai (voir 4 Saisons n°174), il était temps de refaire le point. Nous avons donc obtenu des principaux fabricants l’envoi d’une dizaine d’outils que nous avons testés dans les potagers très argileux de Terre vivante, sur une parcelle très peu travaillée et compactée, ainsi que dans quelques jardins privés. Chaque testeur a essayé chaque outil au moins pendant 15 minutes en terre jardinée et dans un contexte plus difficile (sol compacté avec racines à extirper ou sol enherbé à défricher). Les outils ont été évalués sur leur ergonomie (maniabilité, confort d’utilisation), leur efficacité, leur solidité, leur adaptabilité. Nous avons également pris en compte la qualité des manches, mesuré le diamètre des dents à l’aide d’un pied à coulisse, leur longueur utile, c’est-à-dire de la pointe à la barre d’appui, et leur largeur.

L’inclinaison des dents de la grelinette permet un travail du sol différent selon les modèles.
JJ. Raynal |

Les principaux résultats de l’expérimentation

Ne vous en tenez pas au seul classement : les commentaires vous permettront de choisir tel outil plus adapté à votre jardin. Choisissez le nombre de dents qui convient à votre gabarit et à votre forme physique, de préférence après avoir essayé plusieurs de ces outils. Les six premiers de notre essai se tiennent dans un mouchoir de poche et peuvent être recommandés sans hésitation. La Campagnole, mise au point récemment par Vincent Legris de La Fabriculture avec la collaboration de la ferme du Bec Hellouin, est à coup sûr l’outil le plus innovant. Bien qu’il ne convienne pas à toutes les situations, il devrait ravir les possesseurs de grands jardins. Vincent Legris nous a également fait essayer une déclinaison plus légère de la Campagnole, dotée de 3 dents, 4 contre-dents et une roue. L’outil n’est pas encore finalisé et doit être amélioré mais il est beaucoup plus maniable et pourrait intéresser les possesseurs de petits jardins.

L’avis des lecteurs

Lucille : « Dans mon jardin de montagne. J’ai adopté la grelinette depuis 3 ans, je suis ravie!! Je ne me casse plus le dos et je n’ai plus mal aux épaules. »

Anne : « J’utilise la grelinette de ma mère qui aurait aujourd’hui 102 ans! Elle (la grelinette!) est toujours aussi costaud et doit bien avoir 50 à 60 ans elle même… »

Rita : « J’ai 58 ans passés, un dos fragile et un peu d’arthrose et je suis ravie de la grelinette GERILU. Mon voisin âgé de 88 ans, grand potageur devant l’éternel, me voyant travailler avec le sourire, me l’emprunta juste pour voir et fut ébahi. C’est vrai qu’elle est un peu chère mais elle le vaut bien. »

L’astuce de Marc : « Quand on casse une dent de grelinette, quelque soit le modèle, on peut facilement récupérer chez une paysan ce que nous appelons une “pirouette”. C’est l’un des éléments de la machine à retourner le foin pour le faire sècher. Il y a souvent de la casse, on peut donc facilement récuperer une “dent” de pirouette. Il suffit alors de la couper, et de la souder à la place de l’autre. Ca m’est arrivé 2 fois… J’ai toujours une pirouette d’avance.»

Entretenir sa grelinette

Avant toute chose, il faut penser à rentrer votre grelinette à l’abri. L’acier peut être graissé une fois par an. Pour les manches, il faut les enduire chaque année d’un mélange à parts égales d’huile de lin et d’huile de térébenthine. Enfin, lorsque vous installez les manches dans leurs douilles, orientez bien les fibres du bois perpendiculairement à la barre d’appui. Cela réduit les risques de casse!

Antoine Bosse-Platière