19°C, et même mieux !

Article publié le
Quel dommage de devoir attendre des situations critiques pour entendre parler de sobriété ! Chocs pétroliers en 1973 et 1979, crise des subprimes en 2008, guerre en Ukraine ou défaut du parc nucléaire aujourd’hui. Dans ces conditions, abaisser la température de chauffage s’apparente d’abord à une mesure d’urgence. Mais est-ce cela la sobriété énergétique ? Ou plutôt une démarche volontaire de réduction des consommations, inscrite dans la durée, qui modifie les normes sociales, jusqu’à notre manière de nous habiller ?

J. Hochgesang | Unsplash

En cumulant des actions de sobriété préconisées par l’association négaWatt, on peut raisonnablement espérer atteindre 32 % d’économies de chauffage[1], pour un coût financier proche de zéro, mais au prix de certains efforts d’adaptation. Pour l’ingénieur thermicien Pascal Lenormand, du bureau d’études Incub, on peut aller encore plus loin. « Les gisements mobilisables sans travaux sont majeurs, et peuvent atteindre plus de 50 % en éradiquant “simplement” les services inutiles », écrit-il sur son blog[2].

Abaisser les températures de 1 à 2 °C pour atteindre 19 °C, c’est déjà 8 à 16 % d’économies. On peut encore s’améliorer en chauffant seulement quand il y a quelqu’un à la maison et adopter une température réduite de 2 °C la nuit, lorsque les corps sont bien au chaud sous la couette. Si vous avez la chance de disposer d’un programmateur, cela n’a rien de compliqué. Si ce n’est pas le cas, renseignez-vous pour en installer un, le retour sur investissement (environ 150 €) sera quasi immédiat.

Allons plus loin : pourquoi chauffer les pièces inoccupées ? Limitez-vous aux chambres, séjour, cuisine et placez les autres pièces hors-gel en jouant avec les robinets thermostatiques. Pensez à refermer les portes qui séparent les espaces chauffés de ceux qui ne le sont pas, à fermer les volets la nuit, et puis, petit à petit, à installer des rideaux épais aux fenêtres et à placer des boudins coupe-froid au pied des portes…

La puissance du tricot

Tout l’enjeu est de réduire la température de “consigne” – c’est-à-dire la température à atteindre dans une pièce – sans nuire au confort des occupants, en particulier s’ils sont “au repos” en train de lire, de travailler devant un ordinateur ou de tricoter. Alors comment s’y prendre ? La solution paraît évidente : en s’habillant un peu plus.

« Non pas avec un pull, que vous portez déjà probablement, mais surtout en augmentant légèrement l’isolation des jambes. Ou plus généralement, en améliorant l’isolation moyenne du corps », précise Pascal Lenormand. Les économies d’énergie à la clé sont particulièrement importantes et souvent sous-estimées, voire ignorées. L’isolation liée à l’habillement a fait l’objet d’études pointues. On sait qu’une couche complète de sous-vêtements en coton, couvrant tout le corps (legging et maillot de corps à manches longues) est suffisante pour abaisser la température intérieure de 2 °C supplémentaires sans sacrifier son confort… ni son style.

N’oublions pas qu’il y a des hivers froids et des logements mal isolés, des personnes précaires qui n’ont pas les moyens de se chauffer du tout et d’autres qui n’ont pas possibilité technique d’abaisser la température dans des immeubles surchauffés. En 2019, la dépense énergétique moyenne pour le logement était de 1 602 € par ménage, dont plus de 70 % pour le chauffage. Pour savoir comment réduire votre facture, y compris sans faire de travaux, adressez-vous aux espaces conseils France Rénov’.

 

Josselin Rivoire

[1] https://negawatt.org/IMG/pdf/220927_sobriete-propositions-chiffrees-de-negawatt.pdf
[2] https://www.incub.net/article-design-energetique/consommer-moins-sans-travaux/

À lire aussi

Combien ? 

Hausse des prix : 

Prix au détail du fioul domestique : 162 €/MWh (+ 76% entre juillet 2019 et juillet 2022).

Prix du granulé de bois : 83 €/MWh (+37 % entre juillet 2019 et juillet 2022).

Prix de l’électricité : 197 €/MWh (+6 % entre juillet 2019 et juillet 2022 ; bouclier tarifaire : gel des tarifs réglementés).

Prix de gaz de ville : 83 €/MWh (-5 % entre 07/19 et 07/22 ; bouclier tarifaire : gel des tarifs réglementés).

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/catalogue?page=dataset&datasetId=631b03afb61e5c6479370169