Traitements et moyens de lutte bio contre le mildiou

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Quand le printemps ou l’été sont humides, le mildiou fait des ravages dans nos jardins, particulièrement sur tomates et pommes de terre. Plutôt que d'attendre l'arrivée des champignons, optez pour plus de prévention ! Découvrez nos traitements et moyens de lutte bio contre le mildiou.
Feuille atteinte de mildiou

Un champignon qui se développe vite

Le mildiou est le cauchemar des jardiniers, la terreur des tomates et des autres solanacées potagères. L’agent qui en est responsable, est un champignon parasite qui attaque tous les organes de la plante : feuilles, tiges, fruits, tubercules. Si les conditions lui sont favorables, sa progression est très rapide et ses dégâts peuvent être terribles.

Les taches foliaires sont identiques sur tomate et pomme de terre : brunes, huileuses et irrégulières, elles s’étendent très rapidement par temps doux et humide. À un stade plus avancé, elles apparaissent également sur les tiges. Les tissus atteints deviennent brun foncé et se dessèchent. Si l’attaque n’est pas enrayée, elle se poursuit sur les fruits : taches vert-brunâtre à jaune marbré de brun, bosselées sur les tomates ; taches superficielles brunes et grises, déprimées sur les tubercules de pommes de terre, gagnant ensuite en profondeur et provoquant le pourrissement. L’alternariose (Alternaria solani) présente des symptômes proches mais elle est favorisée par le temps chaud et sec.

Les champignons du mildiou sont formés de filaments (mycélium) qui se développent à l’intérieur des tissus végétaux en envoyant des suçoirs à l’intérieur des cellules. Les organes de reproduction émergent en très grand nombre par les tomates à la surface inférieure des feuilles en formant un feutrage blanc qui laisse s’échapper les spores. La progression de la maladie peut être très rapide, quand les conditions sont favorables. Pour se déclarer, l’attaque de mildiou a besoin de pluies ou de rosées abondantes suivies d’une période de ciel couvert et d’air humide, avec des températures supérieures à 16 °C. Les périodes sèches avec des températures supérieures à 30 °C font régresser la maladie. Les souches du champignon ne cessent d’évoluer : elles sont devenues très virulentes et résistantes à de nombreux traitements.

Feuille atteinte par le mildiou

Feuille atteinte par le mildiou
V. Jeannerot
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Prévenir, faute de pouvoir guérir

La mesure préventive la plus efficace consiste à protéger vos pieds de tomate, ou une partie d’entre eux, sous une serre ou un abri à tomates, la pluie restant le principal mode de propagation.

Sélectionnez des plants sains et vigoureux, évitez les endroits humides, les excès de fertilisants riches en azote, faites des rotations sans solanacées pendant au moins trois ans et ne plantez pas trop serré. La classique poignée d’orties hachées est plus à sa place en surface qu’au fond du trou de plantation. Paillez vos plants et arrosez toujours au pied,  pas sur le feuillage. L’arrosage ou les pulvérisations foliaires avec des extraits d’algues et/ou du purin d’ortie renforcent les défenses naturelles des plantes.

Fruit atteint par le mildiou

Fruit atteint par le mildiou
V. Jeannerot
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Moyens de lutte bio contre le mildiou

Faut-il traiter ou non à la bouillie bordelaise ? Le cuivre, qui en est le principe actif, est controversé pour son impact sur la vie du sol. Son accumulation finit par être toxique pour les pour les très utiles champignons microscopiques du sol, ainsi que pour les vers de terre. Les sols de certaines vignes ayant reçu du cuivre à haute dose depuis plus de cent ans souffrent clairement d’un manque de vie biologique. Dans un jardin amateur, où le cuivre n’est utilisé que très ponctuellement en cas de grosse attaque de mildiou, l’impact est moindre.

Les alternatives au cuivre font l’objet d’expérimentations mais ne convainquent pas toujours. Le bicarbonate de soude a une action antifongique : ce n’est pas un fongicide au sens strict, car il ne tue pas les champignons, mais il en bloque le développement, en prévention ou en début d’attaque. On peut l’utiliser à raison de 2 cuillerées à soupe de bicarbonate, mélangé à 1 cuillerée à soupe de savon noir dans un litre d’eau tiède, puis dilué avec 4 litres d’eau. La décoction de prêle (500 g pour 10 litres d’eau puis dilution à 1/5ème) peut également être efficace préventivement, mais aussi pour enrayer un début d’attaque.

Si vous optez pour le cuivre, vous avez trois possibilités : l’hydroxyde, qui crée une action choc mais s’avère peu résistant au lessivage par la pluie, l’oxychlorure ou oxyde cuivreux, qui résiste bien au lessivage mais se révèle plus agressif, et enfin la bouillie bordelaise (sulfate de cuivre), un bon compromis entre efficacité, rapidité d’action et résistance au lessivage. Dans tous les cas, traitez seulement dès que vous apercevez les premières taches et lorsque le temps devient favorable au mildiou. Coupez également au sécateur les feuilles basses qui sont les premières atteintes et brûlez-les dans la foulée, pour éviter que le champignon ne se propage.

Dernier conseil : vous pouvez réduire les doses de bouillie bordelaise par rapport aux indications prescrites sur les boîtes. Des essais sur vigne et pomme de terre ont conclu à une efficacité quasi identique avec une dose divisée par deux. On peut aussi réduire les apports en améliorant la qualité de l’application : utilisez un mouillant comme le terpène de pin (qui améliore la répartition et l’adhérence du cuivre sur la plante), que vous ajoutez à votre mélange à pulvériser. Sachez que l’on ne doit pas voir de bleu sur la plante après application ; si c’est le cas, c’est le signe d’un surdosage.

 

Antoine Bosse-Platière et Marie Arnould

 

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