Réussir ses plantations pour une haie refuge de biodiversité !

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Avant toute chose, l’emplacement devant recevoir la haie est préparé suivant sa taille. Il faut préparer le terrain pour réussir les plantations et obtenir une haie vive. Taille en cépée, manières de tailler, mise en œuvre de la plantation et autres conseils utiles sont ici partagés par Gilles Leblais, ornithologue, reporter passionné par l’observation de la nature et de la vie sauvage et formateur pour l'aménagement de jardins au naturel.

Haie jeune paillée.
G. Leblais |

Ces explications sont issues du livre Ma haie, refuge de biodiversité de Gilles Leblais.

Je préconise des jeunes plants (40 à 80 cm généralement, parfois plus) à racines nues (en mottes) ou en godets (conteneurs) faciles à planter, dont le prix est plus intéressant. De plus, leur reprise et leur croissance sont excellentes.

Je prépare le terrain 

Avant toute chose, l’emplacement devant recevoir la haie est préparé suivant sa taille. Il faut compter 2,50 m en largeur à sa base, sur la longueur totale de la haie. Je pratique soit un désherbage classique aux outils, pioche et binette notamment, soit un paillage dès l’été. Cette solution permet de préparer le sol sans effort, l’automne étant pour moi la période idéale pour planter. Les végétaux prennent ainsi le temps durant l’hiver de s’enraciner, et l’arrosage est moindre.

Donc, au moment de la plantation, pour une haie dite en quinconce, soit j’écarte mon paillage estival pour creuser un trou pour planter chaque espèce, soit je creuse deux sillons espacés de 1 m à 1,20 m environ. Je place les plus grands arbres et certains arbustes (en fonction de leur taille adulte) en arrière-plan et les petits devant, tout en les alternant le plus possible (en quinconce, voir schéma ci-dessous) deux par deux sur la largeur, en jouant sur les variations de textures, de couleurs ou de formes entre persistants, semi-persistants, marcescents et caducs. Ensuite, je replace mon paillage sur toute la surface de la haie que je viens de planter ou je paille abondamment au pied de chaque végétal en place.


Plantation en quinconce.
M. Le Toquin |

Important, la taille en cépée

Lors d’une belle journée de fin d’hiver – après les dernières gelées durant le second hiver qui suit la plantation, et seulement celui-ci –, je procède à un recépage (taille) des arbres et arbustes caducs comme marcescents à 10-20 cm du sol, afin d’étoffer à la base la structure de la haie, mais je ne taille pas les persistants, ou du moins très légèrement si besoin, car ils repoussent et grandissent plus lentement. Par cette action de taille en cépée, la haie va repousser avec plus de vigueur en hauteur et en largeur, ce qui est essentiel pour son intégration dans le paysage environnant et son attractivité pour la faune. Cependant, pour aider la haie à s’épaissir, on peut aussi réaliser une coupe tous les ans, 10 à 20 cm au-dessus de la coupe de l’année précédente.

Taille en cépée.
M. Le Toquin |

Comment tailler ? 

Lorsque je taille des branches le long du tronc d’un arbre ou d’un arbuste, celui-ci referme sa blessure en créant un bourrelet cicatriciel. Pour que ce dernier puisse se former correctement et ainsi empêcher un pourrissement ou une maladie, la coupe que je pratique n’est pas effectuée au ras du tronc et ne doit laisser aucun chicot. Il est donc utile d’avoir de bons outils de coupe.

M. Le Toquin |

Conseil utile

Les trois premières années suivant la plantation sont déterminantes pour l’avenir de la haie et l’arrosage devra être régulier, surtout en cas de sécheresse. Mon astuce : je limite les plantes sauvages poussant au pied de mes haies, afin de permettre à celles-ci un bon départ. Le paillage avec de la paille ou des fougères me facilite le travail, tout comme avec les tontes d’herbe, les fanes et les feuilles dès l’automne ou encore avec un feutre de paillage.

Après ces trois premières années, je laisse au contraire les fleurs sauvages s’installer et elles sont nombreuses : véronique petit-chêne, euphorbes, hellébores, gaillets, ortie, lamier, géraniums sauvages, primevère acaule, primevère élevée, primevère officinale, herbe aux perles, alliaire, violette odorante, voire violette des bois, coquelicot, chélidoine, millepertuis perforé et même des orchidées comme l’orchis singe….

Mise en œuvre

Préparation du terrain en désherbant manuellement, ce qui permet d’enlever toutes les vivaces comme les orties, le chiendent, etc. Ou en paillant dès l’été précédant l’automne de la plantation. Au jardin, je privilégie les tontes, mais j’utilise aussi de la paille ou du feutre de paillage biodégradable et perméable.

G. Leblais |

Une fois les jeunes plants à racines nues ou en godets achetés, vous pouvez commencer à réfléchir pour agencer leur placement en quinconce sur toute la longueur de la future haie. N’oubliez pas la hauteur des arbres à l’état adulte, pour que les plus grands soient en arrière-plan et les plus petits devant.

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Deux techniques possibles : creuser deux tranchées parallèles espacées de 1,20 m à 1,50 m sur la longueur totale de la future haie, ou creuser des trous en quinconce avec un écart de 1,20 à 1,50 m entre chacun, sur 40 à 50 cm de profondeur et 60 cm de largeur pour chaque arbre ou arbuste à planter.

 

 

Pensez bien à installer alternativement caducs, marcescents et persistants dont les feuillages s’imbriqueront pour former une haie dense.

G. Leblais |

Juste avant de planter, déposer une belle poignée de corne broyée1 au pied de chaque plant, en recouvrant cette dernière d’une bonne pelletée de terre avant de placer les racines des plants au contact du sol.

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Ensuite, vous pouvez commencer la mise en terre de chaque plant. Si besoin, il faut couper les parties abîmées des racines et, si le cimier du plant est abîmé ou cassé, il est également nécessaire de le couper en biseau, au-dessus d’un bourgeon.

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Les racines ne doivent pas être comprimées au fond, c’est pourquoi le plus simple est d’enfoncer les racines un peu plus profondément et de recouvrir d’un peu de terre, puis de tirer le plant afin que le collet (base des racines) arrive au niveau du sol.

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Ensuite, il faut recouvrir les racines en tassant bien le sol afin d’éviter les poches d’air et faire en sorte que les racines soient bien en contact avec la terre.

G. Leblais |

Arrosez avec l’équivalent d’un arrosoir plein pour chacune des plantations.

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Puis paillez abondamment au moins chaque plant, l’idéal étant sur toute la surface de la haie.

G. Leblais |

[1] Engrais issu de matière organique d’origine animale et riche en azote, à diffusion lente, progressive et durable dans le sol, agissant comme un coup de fouet une fois qu’il est en contact avec les racines.

 

Gilles Leblais

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