Pourquoi butter les pommes de terre ?

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Est-il vraiment rationnel de butter les pommes de terre ? Est-ce une nécessité agronomique et laquelle, ou plus simplement d’une pratique habituelle qui se perpétue, mais sans réelle efficacité . Personnellement, depuis plusieurs décennies, je pratique le "buttage a rebours". C’est-à-dire que je creuse un sillon bien profond, au fond du sillon j’enterre encore plus profondément le tubercule grâce a un plantoir a bulbe, puis je referme le tout. Le bulbe se trouve ainsi enterré à au moins 20 cm de profondeur, beaucoup plus protégé du stress hydrique que s’il avait été recouvert d’une butte qui va s’affaisser a la longue et être sujette au dessèchement et à bien des aléas climatiques. Mes plate-bandes de pommes de terre ne sont jamais arrosées ( ou très exceptionnellement) , ni même désherbées, car le feuillage des pommes de terre étouffe les adventices.
A moins qu’une bonne raison de butter les plants m’ait échappée ? Qu’en pensez vous ? Alain Redon, St-Cyr-en-Val
Potager sauvage

La réponse des 4 saisons

Si vous êtes content de vos productions selon votre méthode, c’est bien.
Les producteurs de pommes de terre recouvrent toujours leurs plants sous des buttes très hautes et larges. Et ce pour toutes les catégories de pommes de terre : primeur, de consommation, à fécule, à frite, purée, chips …. Les tubercules se forment dans la butte et non pas en profondeur. Cela rend la récolte beaucoup plus facile, aussi bien avec les immenses machines agricoles qu’à la main avec une simple houe, un boucard ou une fourche à bêcher. il est en effet plus simple de ramasser les tubercules au sein d’une butte qu’on soulève à la machine ou qu’on écarte avec une houe que d’aller les chercher en creusant dans la terre en profondeur. Le buttage (en deux fois en général) permet aussi de détruire les herbes indésirables. Quand on dit que la pomme de terre est une plante nettoyante, c’est surtout en raison des buttages, plus que par le feuillage qui ne recouvre pas tant que ça le sol, surtout en fin de cycle. La butte permet aussi un meilleur écoulement de l’eau en cas de pluies excessives et une meilleure protection des tubercules contre des maladies qui surviennent souvent dans des sols trop humides.
De plus, on plante en général des petits tubercules (35 mm). S’ils sont enterrés trop profondément, ils peuvent avoir du mal à nourrir sur leurs réserves les tiges qui doivent traverser une grande épaisseur de sol avant de trouver la lumière et assurer leur nourriture par la photosynthèse.
On ne peut planter profond que si la terre est naturellement bien structurée, souple.
On peut aussi planter à plat sur le sol et recouvrir les tubercules d’une épaisse couche de paillis (feuilles mortes, brindilles broyées, paille). Les tubercules se forment sous le paillis et légèrement dans le sol. La récolte est plus facile mais pas plus rapide. Le rendement est à peu près le même, voire un peu moindre, et la taille des tubercules est, selon mes propres essais, nettement plus petite. Autre aspect, cette méthode nécessite une grande quantité de paillis : 10 cm d’épaisseur sur 30 m2 de plantation, cela fait 3 m3 de paillis à trouver. Mais il faut aussi pailler le reste du jardin. C’est pourquoi, la plantation sous paillis n’est possible que pour des petites productions de jardiniers amateurs.

En outre, le buttage des pommes de terre n’est pas une opération physiquement compliquée, fatigante… En revanche, mon dos sait qu’aller les chercher en profondeur n’est pas bénéfique pour ses lombaires.

Réponse de Denis Pépin