Fenêtres et vitrages : passer du simple au triple

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Si les fenêtres ont longtemps été le maillon faible dans l’isolation de l’habitat, leurs performances approchent actuellement celles des murs. D'abord simple, puis double, et maintenant triple, le vitrage enregistre en effet un coefficient d'isolation très encourageant. En revanche, la rentabilité du triple vitrage n'est pas toujours intéressante. Tout dépendra de l'autonomie de votre habitat et de la zone climatique.
Vue sur un chambre avec deux lits superposés et une grande porte vitrée

Une évolution fulgurante

Les fenêtres sont responsables de 10 % des déperditions thermiques d’une maison. Pourtant, le verre est un très bon conducteur de chaleur, mais le simple vitrage demeure une vraie passoire à calories.

Un homme entrain de bricoler une fenêtre

Depuis la première réglementation thermique de 1974, le double vitrage s’est donc imposé. Jusqu’au jour où il a totalement remplacé le simple vitrage en construction neuve. Résultat : une réduction de 40 % des déperditions thermiques et une forte réduction de la sensation de paroi froide. Depuis, les performances des doubles vitrages ne cessent de s’améliorer. La lame d’air entre les vitres est passée de 6 à 16, 18 ou 20 millimètres.

Isolation renforcée

À partir de 1990, sont apparus les vitrages à isolation renforcée (VIR). Ces vitrages à basse émissivité s’attaquent à une autre cause de déperdition thermique : le rayonnement. Une fine couche transparente d’oxydes métalliques, sur une face intérieure du double vitrage, empêche les infrarouges de sortir de l’habitation. Le VIR permet de cette manière de limiter les déperditions. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 20 à 30 % de pertes en moins qu’un double vitrage ordinaire, et jusqu’à 80 % de déperdition en moins qu’un simple vitrage. La facture de chauffage est réduite de 10 %. Concernant le surcoût (environ 5 %), il est amorti en deux ans.

Depuis plusieurs années, on remplace l’air entre les deux vitres par des gaz rares plus isolants (l’argon ou le krypton). Ils augmentent encore les performances ou réduisent l’espacement des verres. D’ailleurs, les meilleurs VIR permettent d’obtenir un bon coefficient de transmission thermique U. C’est-à-dire 1 W/m².C contre 3,4 pour un double vitrage standard, et 5,7 pour un simple vitrage.

Triple vitrage

Nos voisins nord-européens utilisent maintenant le triple vitrage à haute performance (deux couches à basse émissivité et gaz rare). Une isolation thermique intéressante uniquement dans des maisons super isolées dites passives, n’ayant plus besoin de chauffage actif.  Quelques labels existants valorisant cette performance énergétique : PassivHaus en Allemagne et en Autriche, ou Minergie-P en Suisse. Ce triple vitrage approche la qualité thermique d’un mur isolé (U = 0,5 W/m².C). En France, après la Réglementation thermique 2012, suivi du label BBC Effinergie 2017, le pays souhaite mettre en place le label énergie-carbone, prochainement réglementé. 

Fenêtre ouverte avec un seul ventail ouvrant

Indispensable pour atteindre les performances de l’habitat passif, le triple vitrage VIR fait appel à des menuiseries bois plus épaisses et performantes que celles traditionnellement utilisées. Les deux raisons en cause : le triple vitrage est 30 % plus lourd que le double vitrage, mais il est aussi environ 50 % plus cher. En résumé, il ne se justifie pas en climat méridional, ni sur des maisons aux performances thermiques moyennes. En termes d’économies d’investissement il ne serait pas  suffisamment rentable, tout en surconsommant de la matière première.

L’évolution du concept mène à parler de maison à énergie positive (BEPOS) en 2020. Encore une fois, le bâtiment doit être autonome en énergie (forte production d’énergie à stocker, puis à restituer). 

Les huisseries

Avec des vitrages qui atteignent l’excellence, le cadre peut diminuer de 30 % la performance du couple vitrage/châssis s’il est peu isolant et responsable d’infiltrations d’air (importance des joints d’étanchéité). Les matériaux principalement employés sont le PVC (54 % du marché de la fenêtre neuve), le bois (24 %) et l’aluminium (20 %). 

Fenêtre triple vitrage avec huisserie bois dont la base externe est recouverte d'aluminium

  • Le PVC est vraiment à éviter : non recyclable (seulement valorisable), il dégage des composés organiques volatils (COV) durant toute sa vie, en plus de gaz toxiques en cas d’incendie. De toute manière, l’énergie grise requise pour sa fabrication est bien trop importante.
  • Préférez le bois. Celui-ci est renouvelable et l’emploi d’essences locales résistantes (chêne, châtaigner, sapin de Douglas, mélèze) préserve la ressource tout comme l’environnement.
  • Bien que cher, le complexe bois-aluminium semble un bon compromis thermique/énergie grise/pérennité/entretien. En effet, la protection extérieure en aluminium utilise peu de métal et autorise des essences de bois moins résistantes.
  • Autre solution intéressante : une couche de bois rétifié à l’extérieur.

Enfin, n’oubliez pas les volets, stores et rideaux qui apportent un appréciable complément d’isolation thermique la nuit. En été, ils limitent également les surchauffes.

Jean-Paul Blugeon

 

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