Comment entretenir une mare ?

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Suite à un appel, nos lecteurs nous ont fait part de leurs problèmes de gestion de leur mare. Comment entretenir une mare ? Découvrez tous les conseils de notre spécialiste, Gilles Leblais.
Comment entretenir une mare ?

Une mare dans le jardin

Une mare est un petit écosystème aquatique, un étang miniature. Sa fonction ? Etre “naturelle”, donc rester le plus possible “sauvage” ! D’où la nécessité d’un aménagement naturel, primordial pour réussir l’équilibre de votre mare. Et pour avoir peu d’entretien par la suite, réfléchissez bien avant d’installer plantes aquatiques et espèces faunistiques.

Quelle que soit l’origine de votre eau, vérifiez que son pH se situe entre 6 et 8,5. Le chlore de l’eau du robinet peut être en partie éliminé au remplissage en munissant le tuyau d’un brise-jet – il disparaîtra de toute façon par évaporation en quelques jours. En ce qui concerne l’eau de pluie, inspectez les gouttières qui l’acheminent car le zinc des chéneaux ou l’oxyde de carbone présent dans l’atmosphère peuvent nuire au bon équilibre de la mare. Et bien sûr, zéro produit chimique aux abords immédiats du plan d’eau !

L’eau trouble des premières semaines après la mise en eau est une étape normale. Laissez faire la nature. Et durant ces semaines de transition, l’eau ne doit pas être changée ou modifiée. Le nettoyage s’effectue petit à petit sous l’action des plantes et des animaux. Quant aux algues vertes qui peuvent apparaître, elles meurent d’elles-mêmes lorsqu’elles ont épuisé les substances minérales.

 

Apports d’eau sous conditions

Selon la taille de votre mare, un apport d’eau peut être nécessaire, notamment en été car l’évaporation peut faire descendre le niveau d’eau et entraîner un dépérissement progressif des plantes paludéennes (qui vivent en milieu marécageux). Si on introduit de l’eau du robinet, nettement plus froide, il en résulte des chocs thermiques préjudiciables à la faune et la flore. Pour éviter cela, laissez-la couler très lentement…

Il est déconseillé de changer totalement l’eau de votre mare car cela anéantirait le travail de la nature. Si vous devez néanmoins vous y résoudre (réparation du revêtement d’imperméabilisation, nettoyage des berges…), ne renouvelez qu’une partie de l’eau : la présence d’eau “ancienne” facilitera la reconstitution de l’équilibre.

 

Nettoyage avant l’hiver

Votre mare doit être nettoyée avant l’hiver, surtout si elle est envahie de feuilles, car la décomposition des débris végétaux augmentera sa teneur en matières nutritives, réduisant la quantité d’oxygène.

Nettoyez et curez en partie le fond de la mare. En partie seulement car une couche de vase, faite de débris végétaux et animaux et d’éléments minéraux, contribue à l’équilibre biologique. Intervenez tous les deux ou trois ans, en fonction de la taille de la mare, mais aussi de l’abondance des débris qui se sont accumulés au fond.

Faites-le à l’automne (fin octobre est parfait), avant le pourrissement des feuilles mortes dans l’eau. Mais surtout pas au printemps ou au début de l’été, périodes cruciales pour les organismes aquatiques : les amphibiens sont occupés à pondre et les larves aquatiques des insectes utilisent les plantes émergées pour s’extirper hors de l’eau. Curez le fond à l’aide d’une épuisette. Videz la vase ainsi que les débris de feuilles mortes et laissez le tout reposer sur la rive trois à quatre jours afin que les organismes aient le temps de retourner dans l’eau. Récupérez les mollusques pour les remettre vous-même à l’eau. Vous pourrez mettre la vase, engrais naturel très riche, sur votre tas de compost.

 

Les algues à l’ombre !

À la chute des feuilles, recouvrez la mare d’un filet pour éviter le dépôt des feuilles mortes qui, au fond de la mare, se transforment en matière organique favorisant le développement d’algues. Au printemps, l’intensité du rayonnement solaire favorise la multiplication d’algues vertes qui envahissent la mare et rendent l’eau trouble, un phénomène qui se régule généralement de lui-même. En prévention, dès l’apparition des algues et avant toute prolifération, retirez-les à la main ou à l’aide d’une épuisette.

Plantez des arbres et des buissons autour de votre mare : ils fourniront de l’ombre en milieu de journée. Favorisez également un couvert végétal naturel avec des plantes aquatiques à feuilles flottantes (nymphéas, nénuphars ou nymphoïdes). Dans une mare plus ombragée, les algues ne peuvent pas se développer car la lumière ne peut pénétrer dans l’eau. Attention aux lentilles d’eau qui peuvent très vite devenir envahissantes, surtout dans les petites mares : elles empêchent la lumière de pénétrer jusqu’au fond de la mare ce qui provoque une réduction de la croissance des plantes et un refroidissement de l’eau qui nuit à la faune aquatique. Ôtez-en une grande partie régulièrement avec une épuisette. D’autres plantes immergées (myriophylle, callitriche, renoncule aquatique…) augmentent la teneur de l’eau en oxygène et agissent ainsi très efficacement contre les algues.

Toujours en automne, supprimez en partie la végétation devenue trop exubérante. L’astuce ? Disciplinez le plus grand nombre de plantes aquatiques en les plantant en bacs : il sera ainsi beaucoup plus simple de les entretenir et de les déplacer. Évitez la belle jacinthe d’eau (Eichhornia ou Pontederia crassipes), intéressante dans un bassin, mais qui ne résiste pas aux hivers rigoureux, ou le myriophylle du Brésil (Myriophyllum brasiliense) qui peut vite envahir un ruisseau ou une rivière des alentours.

 

 

Protéger les berges

Les berges humides constituent un environnement particulièrement sensible. Elles doivent donc être piétinées le moins possible, d’autant que de nombreux petits animaux affectionnent la végétation présente. N’y mettez pas de canards ! Ces anatidés feront rapidement disparaître la végétation et abîmeront les berges. Une mare ne doit accueillir que des oiseaux de passage !

Des poissons d’ornement (poissons rouges ou carpes chinoises) n’ont également rien à y faire. Ils causeront un déséquilibre biologique et une pollution rapide de l’eau. Sans prédateurs naturels, ils grandissent et se multiplient rapidement. Et ces consommateurs d’œufs et de larves d’amphibiens compromettent alors toute cohabitation durable dans une mare de petite surface.

 

Gilles Leblais