Banc d’essai : Scies d’élagage, test réussi

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Au Centre Terre vivante, nous avons mis à l’épreuve les scies d’élagage nouvelle génération. Seize modèles différents ont été testés. Ergonomie, dentures, qualité des aciers, prix… Chaque scie possède des arguments.
Banc d'essai: Scies d’élagage, test réussi

Dans de nombreuses situations, les petites scies à main sont plus pratiques et efficace qu’un outil motorisé.
O. Mahdi |

Oubliez la vieille scie égoïne du grand-père : les scies modernes sont d’une redoutable efficacité. L’ergonomie, la qualité des aciers et surtout les dentures ont beaucoup évolué, rendant cet outil bien plus agréable à utiliser. De l’entrée de gamme à bas prix à l’outil pro, en passant par les scies de poche à lame repliable, l’offre des fabricants est très diversifiée. Pour vous aider à choisir, nous avons testé pas moins de 16 modèles différents au Centre Terre vivante.

Denture japonaise, Quésaco? 

L’exficavité des scies à main n’a cessé de s’améliorer et doit beaucoup à la géométrie de leur denture. Les scies d’élagage traditionnelles comportaient des dents isocèles à deux biseaux capables de couper aussi bien en poussant qu’en tirant. Pour faciliter l’évacuation de la sciure, améliorer le mordant de la lame et lui permettre de mieux circuler à l’intérieur du trait de coupe, on a inventé l’avoyage,qui consiste à cintrer alternativement les dents vers l’extérieur.

Banc d'essai : Scies d’élagage, test réussi

Côté tranchant, la plupart des scies de l’essai ont une dentelure japonaise, adaptées à un bois plus ou moins dur.
O. Mahdi |

De leur côté, les menuisiers japonais avaient développé une tradition de scies artisanales à denture très différente, conçue pour ne couper qu’en tirant. Une particularité sans doute due à la position assise ou accroupie de l’artisan japonais qui ne pouvait utiliser le poids de son corps,  mais devait tirer le  meilleur parti de la force de son bras. Et de fait, scier en tirant est nettement moins fatigant et exerce une moindre tension sur la lame qui risque moins de se tordre.

De plus, ces dents très échancrées de forme trapézoïdale possèdent un troisième biseau à leur extrémité, qui améliore l’exficavité et la précision de la coupe. Le trait de coupe est plus propre et plus fin car les dents ne sont pas avouées: c’est l’épaisseur de la lame qui varie pour réduire les frottements. La plupart des scies que nous avons testées ont adopté la denture japonaise, avec quelques variantes.

Des aciers pour scier

L’autre facteur d’amélioration concerne la qualité de l’acier utilisé et les traitements qu’il reçoit. Le risque de casse étant plus réduit, les Japonais ont utilisé pour leurs lames des aciers très durs, mais un peu plus cassants. Il est donc très important, avec les scies à denture japonaise, de bien relâcher son effort en poussant et surtout de ne jamais pousser la lame brutalement si elle venait à se bloquer. Pour résister à la corrosion, les lames actuelles sont en acier chromé et les dents sont encore durcies grâce à un traitement thermique par impulsions. On gagne en efficacité pour longtemps, mais ce traitement − donnant des reflest bleutés − s’apparente à un trempage et il rend l’affûtage très difficile.

Les modalités de l’expérimentation

Nous avons séparé les outils en deux catégories : les scies à longue lame qui nécessitent un étui, adaptées à des diamètres de branches conséquents −surtout si leur lame est courbe− et les scies-couteaux à lame courte et pliable, qui tiennent dans la poche et suffisent pour les petits jardins. Les pros de l’élagage ou ceux qui ont de grands vergers peuvent choisir une denture adaptée à la dureté des essences de bois; les bois durs, notamment les fruitiers, nécessitant en principe des dents plus fines. Hormis Silky,qui propose un très large choix de dentures, la plupart des marques ont choisi des dentures moyennes assez universelles.  Notre classement a privilégié l’efficacité et l’ergonomie, sans trop tenir compte du rapport qualité-prix que chacun appréciera selon ses priorités. Fait notable, aucune scie n’a mérité de note en dessous de la moyenne, grâce au mordant et à l’efficacité des dentures japonaises. Gare à vos doigts quand vous les manipulez, ça mord!

Banc d'essai : Scies d’élagage, test réussi 1

La courbure de la lame permet à la scie de mieux rentrer dans le bois, en produisant moins d’efforts.
O. Mahdi |

Les résultats de l’expérimentation

Scies à lames fixes

Trois scies se détachent nettement du lot. Sans surprise, on y retrouve les deux Silky, marque japonaise couramment utilisée par les professionnels − mais d’un prix lui aussi au-dessus du lot− et celle de Felco, marque suisse plus connue pour ses sécateurs. Ces trois outils allient efficacité redoutable de la lame, précision de la coupe et ergonomie parfaite du manche comme de l’étui; ce dernier comprend, en plus du passant de ceinture,un autre passant pour fixer le bas de l’étui à la jambe. La gamme Silky garde l’avantage, grâce au débit étonnant de ses lames. Viennent ensuite trois autres scies à lame japonaise de bonne facture, efficaces et agréables à manipuler : la Fiskars et les deux Husqvarna. L’ergonomie et la qualité des étuis ne sont cependant pas du même niveau.

Également bien notée, bien que sa denture ne soit pas japonaise, la longue scie Wolf OYM2 qui a l’intéressante particularité de pouvoir s’adapter à un manche télescopique pour atteindre des branches hautes. Ses dents avoyées donnent une coupe moins ‘‘propre’’, mais l’efficavité est au rendez-vous. La scie Wolf OFK dispose quant à elle d’une lame droite à denture japonaise de bonne qualité, mais l’ergonomie du manche et de l’étui a été moins appréciée. Enfin, la scie à lame courbe de Ribiland, dernière de ce classement du fait d’une ergonomie sommaire, dispose d’une lame hybride de type japonais à épaisseur constante et à dents avoyées qui donne une coupe striée,mais efficace. Fabrication chinoise et prix incroyablement bas, reste à savoir comment elle vieillira…

À lame courte et pliable 

Là encore, les deux Silky Pocket Boy squattent les premières places pour leur ergonomie et l’efficacité de leur lame. L’étui fourni n’est cette fois pas très convaincant−ni très utile pour une scie qui tient dans la poche−, mais il y a deux  possibilités d’alignement de la lame par rapport au manche, ce qui peut être profitable dans certaines positions. L’écart de prix plus réduit avec les autres marques en fait un excellent choix. Vient ensuite la scie arboricole de Bahco, avec sa lame très particulière qui associe des dents isocèles avoyées avec d’autres(une sur trois) possédant un troisième biseau à peine visible. Le résultat est assez convaincant, avec une pointe fine bien utile quand l’espace de coupe est réduit. Grand fabricant d’outils de coupe, Bahco propose une large gamme de scies d’élagage. La Felco n’est pas très loin, avec sa lame un peu courte mais efficace et son ergonomie très agréable. Fiskars propose une scie à longue lame rentrante originale (il existe un modèle plus court), elle aussi bien notée malgré une moins bonne prise en main. Le couteau-scie Wolf dispose également d’une bonne lame japonaise, un peu courte, et d’un manche moins agréable. Enfin, celui de Ribiland, moins bien fini et qui semble plus fragile, reste efficace et d’un prix canon.

Le détail des résultats

Scies à lame pliable ou rentrante     

 Modèle

Lame et longueur

Lame dos / dents

Dentures Dents /30mm

Poids

 Prix

 Note /5

1 SILKY Pocket boy 170- 10

droite 17 cm

0,8/1,1 mm

japonaise 10 – bois dur

222g

39 €

4,7

2 SILKY Pocket boy 170- 8

droite

17 cm

0,8/1,1 mm

japonaise

8

220g

39 €

4,6

3 BAHCO scie arboricole 396 HP

droite 19,8 cm

1/1/1,7 mm

isocèle spéci-fique avoyée – 8

184g

29 €

4,1

4 FELCO 600/3

droite

16 cm

0,9/1,2 mm

japonaise

7,5

153g

23 -30 €

3,8

5 FISKARS Xtract SW 75

droite 25 cm

1/1,3 mm

japonaise 7,5

250g

34 -45 €

3,5

6 WOLF couteau scieORK

droite

15 cm

0,8/1,1 mm

japonaise

7,5

179g

35 €

3,1

7 RIBILAND

droite 18 cm

0,9/1,2 mm

japonaise 7,5

224g

7 €

2,6

Scies à lame fixe

 

Modèle

Lame et longueur

Lame Dos / dents

Denture dents/30mm

Étui

Poids (sans étui)

 

Prix

 

Note/5

1 SILKY Tsurugicurve 375 – 6,5

courbe, 37,5 cm

1,2/1,7 mm

japonaise 6,5

rigide, pro.

252g

97€

4,7

2 SILKY Tsurugi curve 330 – 10

courbe , 33cm

1,2/1,6 mm

japonaise

10 – bois dur

rigide, pro.

245g

89€

4,6

3 FELCO 640 à coupe tirante

courbe, 27cm

1/1,5 mm

japonaise 8

rigide, pro.

208g

45-55€

4,5

4 FISKARS SW84

droite, 33cm

1,1/1,3 mm

japonaise 

8

rigide basique

185g

47€

3,8

5 HUSQVARNA 300 CU

courbe, 30cm

1,2 /1,2mm

japonaise

7,5

souple basique

282g

48€

3,7

6 HUSQVARNA 300 ST

droite , 30cm

1/1,2 mm

japonaise

9

souple basique

272g

43€

3,6

7 WOLF OYM2 multistar (pour manche télescopique)

courbe, 36cm

1,2/1,2/1,9mm

isocèle avoyée 7

simple protège-dents

423g

48€

3,5

8 WOLF OFK lame fixe

droite, 27,5cm

1,1/1,5 mm

japonaise

7,5

rigide basique

195g

55-60€

3,2

9 RIBILAND scie couteau 330

courbe, 33cm

1,1/1,1/1,9mm

japonaise avoyée – 7

rigide basique

282g

8 €

2,5


Savoir soigner sa scie

Les scies modernes étant très difficiles à affûter, leur entretien est primordial. Nettoyez la lame régulièrement pour ôter toute trace de résidus, notamment de résine, avec de l’alcool à brûler (utilisé aussi pour éviter de disséminer certaines maladies). Graissez ensuite votre scie avec de l’huile de paraffine ou de vaseline (sans silicone)avec un chiffon pour enlever le surplus. Enfin, rangez-la dans son fourreau en évitant tout contact avec un objet métallique. Et ne l’utilisez pas pour scier des panneaux agglomérés, contreplaqués ou stratefiés dont les colles sont très abrasives.


Arbres et voisinage

Tout propriétaire est tenu de couper les branches de ses arbres qui dépassent chez ses voisins au niveau de la limite séparation. De plus, le Code civil impose une hauteur maximale de 2m pour toutes les plantations situées à moins de 2 m de la limite séparative. Il existe toutefois deux exceptions à cette disposition qui permettent de protéger de grands et vieux arbres. La première possibilité s’intitule ‘‘Destination du père de famille’’, lorsqu’il est prouvé que les deux propriétés actuellement divisées ont appartenu au même propriétaire et que « c’est par lui que les choses ont été mises dans l’état dont résulte la servitude». La seconde est la prescription, si les arbres ont dépassé la hauteur limite de 2 m depuis plus de trente ans.


 

Antoine Bosse-Platière

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