Quand la gloutonnerie des insectes s’exerce de façon grégaire, le spectacle est assez fascinant. C’est ce qui se passe avec les larves de tenthrèdes lorsqu’un groupe s’attaque au feuillage de votre rosier ou de votre groseillier : les larves se répartissent en rang serré sur le bord d’une feuille et, malgré une position qui semble assez instable, commencent à la dévorer. Elles le font avec un tel entrain qu’en peu de temps, vous voyez la surface foliaire se réduire comme peau de chagrin jusqu’à ce qu’il ne reste que la nervure. Ce faisant, les larves adoptent des postures de contorsionnistes : elles s’accrochent à la feuille par leurs trois paires de pattes antérieures et le reste de l’abdomen pend dans le vide ou se relève en “S“ en signe de défense. Etonnant !
Mais ne restez tout de même pas trop longtemps à les contempler, votre rosier ou votre groseillier pourrait vous poursuivre pour non-assistance à végétal en danger… Car le danger est réel. Certaines tenthrèdes dévorent en 24 heures le double de leur poids initial et elles peuvent être très nombreuses : chez la tenthrède de la rave, l’une des plus prolifiques, inféodée aux brassicacées, la fécondité d’une femelle adulte est d’environ 300 œufs et il peut y avoir trois générations par an.
La grande famille des tenthredinidae compte, en Europe, plus de 1000 espèces dont les formes adultes ne sont pas toujours faciles à distinguer les unes des autres. Rattachées à l’ordre des hyménoptères, elles sont plus proches des guêpes – sans vraiment leur ressembler – que des papillons (lépidoptères) bien que leurs larves ressemblent beaucoup à des chenilles de papillons. Ce sont en réalité de “fausses chenilles”. Elles se distinguent des vraies par deux détails importants :
Les jardiniers peuvent surtout être confrontés aux tenthrèdes du rosier et du groseillier, inféodées au saule, dont les pontes provoquent des gales rouges sur les feuilles, ainsi qu’à une curieuse “tenthrède limace”, dont les larves ressemblent à de petites limaces et se nourrissent de feuilles de poirier, de cerisier ou de prunier.
Surveillez les feuilles de vos groseilliers dès le mois d’avril et celles des rosiers surtout durant l’été. En cas d’attaque ponctuelle, vous pouvez prélever délicatement les feuilles attaquées avec les larves qui s’en nourrissent, puis les écraser sur une surface dure… en ayant soin de ne pas en perdre en route. S’il y a plusieurs groupes en action, ne cédez pas au réflexe anti-chenilles : le BT (Bacillus Thuringiensis) ne leur fera rien puisque nous avons vu que ce ne sont pas de vraies chenilles. Utilisez plutôt un insecticide à base de pyrèthre végétal. Enfin, comme les larves se laissent tomber au sol à la fin de leur développement pour tisser un cocon dans lequel elles hiverneront, vous pouvez interrompre le cycle en binant le sol au pied des rosiers ou des groseilliers fin septembre, puis de nouveau au printemps.
![]() |
Pucerons, mildiou, limaces...
Jean-Paul Thorez Indispensable pour lutter efficacement contre ravageurs et maladies |
Feuilleter le catalogue |
Indispensable pour lutter efficacement contre ravageurs et maladies
(15 x 21 cm); 27,40 €