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© C. Galinet
Ce champignon au cycle étrange, qui passe du genévrier au poirier, est responsable de sérieux dégâts, affaiblissant les arbres souvent moins “protégés” des jardiniers amateurs.

- Ce sont d'abord, pendant l'été ou un peu avant, des taches orange de 5 à 10 m, parsemées de petites pustules noirâtres, qui apparaissent sur la face supérieure des feuilles de poirier. ©V. Jeannerot
Vous avez peu de risques de vous tromper, les
symptômes de cette maladie sont bien reconnaissables. Des
taches orange de 5 à 10 mm parsemées de petites pustules noirâtres apparaissent sur la face supérieure des feuilles avant ou pendant l'été. Puis d'étranges protubérances verruqueuses vont se développer, cette fois sur la face inférieure des feuilles. Il s'agit des
fructifications de ce champignon qui finissent par libérer leurs spores : une poussière brune disséminée par le vent. Les attaques importantes provoquent la chute prématurée des fruits et des feuilles. Les rameaux sont également infectés et présentent des renflements brunâtres. L'arbre est affaibli et peut même dépérir en cas d'attaques répétées.

- La face inférieure est ensuite infestée d'étranges protubérances verruqueuses.
La
cause de cette maladie est un
champignon nommé ou
sabinae, de la grande famille des rouilles, que l'on retrouve un peu partout dans le règne végétal. La rouille grillagée du poirier est une maladie assez ancienne devenue peu fréquente chez les professionnels, mais elle a tendance à se développer
dans les vergers amateurs pour deux raisons : ils sont peu "protégés" par les traitements fongicides au printemps et les récentes années anormalement chaudes semblent favoriser le développement de ce champignon.

- Ce champignon hiberne sur les rameaux du genévrier d'ornement. ©V. Jeannerot
Le cycle de ce champignon est assez curieux puisqu'il a impérativement besoin de deux hôtes successifs pour se développer. Ce sont d'abord les rameaux du genévrier d'ornement (il semble que le genévrier commun ne soit pas concerné), sur lesquels le champignon hiberne, puis développe, au printemps, de petits cônes gélatineux qui se nourrissent de leurs tissus ligneux. Pour que le cycle se poursuive, les spores libérées doivent ensuite trouver sur leur chemin des feuilles de poirier. De même, celles émises par les fructifications de la rouille grillagée sur la feuille du poirier devront à leur tour retrouver un genévrier. Les chances - ou plutôt les risques - de boucler le cycle dépendent donc à la fois des vents dominants et de la proximité des deux essences. Les spécialistes estiment cette probabilité élevée dans un rayon de 30 à 50 m ; elle devient très faible dès que l'on dépasse 500 m.
Antoine Bosse-Platière