Comment lutter contre le chiendent ?

Article publié le
Ennemi tenace, le chiendent développe des mètres de rhizomes qui étouffent de nombreuses cultures. Pour le maintenir à distance, armez-vous d’une grelinette… et de patience !
Photo de chiendent

Le chiendent, une herbe coriace

Ses rhizomes traçants à pointe dure sont capables de traverser des pommes de terre de part en part ! En retournant une prairie de trois ans, on peut trouver sous un seul mètre carré pas moins de 3 kilos de rhizomes, d’une longueur totale de 495 mètres, munis de près de 25 000 bourgeons ! Redouté des jardiniers, le chiendent est un ennemi tenace qu’il faut maintenir à distance, à défaut de pouvoir s’en débarrasser complètement. Même le “Round up” n’en vient pas à bout. L’enchevêtrement de ses racines concurrence sévèrement, voire étouffe de nombreuses cultures, notamment dans les massifs de vivaces et de petits fruits, car on ne peut pas travailler complètement le sol.

Dessin d'un chiendent et de ses racines
Le chiendent se propage par ses rhizomes et ses graines.

Pourtant, cette “peste végétale” a sa place dans une prairie. Il prévient tout problème d’érosion dans un terrain en pente et constitue un excellent fourrage, notamment pour les moutons.

Carte d’identité du chiendent rampant

Dessin d'un chiendent

Elytrigia (ou Agropyron) repens, ou chiendent rampant, est une plante herbacée vivace de la grande famille des graminées, aujourd’hui dénommées poacées (d’après le genre Poa : les paturins). Il a de nombreux cousins qui lui ressemblent, mais c’est lui, que l’on appelle aussi chiendent officinal, qui est, de loin, le plus répandu. Il doit son nom vernaculaire au fait que les chiens, de même que les chats et de nombreux animaux sauvages, mangent ses feuilles pour se purger. Utilisés depuis très longtemps en médecine naturelle, ses rhizomes, en infusion ou en décoction, ont un effet diurétique reconnu.

Biologie

Bon exemple d’adaptation d’une plante à son environnement, le chiendent privilégie la propagation par rhizomes dans un sol cultivé et la formation de graines dans une prairie.

La vigueur exceptionnelle de ses rhizomes est étonnante : en une saison, ils peuvent s’étendre à 1,50 mètre de la plante d’origine dans toutes les directions, multipliant le nombre de bourgeons de 30 à 60 fois. La plus grande partie des bourgeons restent dormants. Mais chacun d’eux est capable de se réactiver : un tout petit bout de racine de quelques centimètres suffit à produire un nouveau plant. C’est la raison pour laquelle on déconseille l’utilisation d’engins rotatifs comme la motobineuse ou la fraise dans un sol envahi par le chiendent.

Moins importante, la propagation par graines n’est pas à négliger. Un plant de chiendent produit environ 25 graines sur sa tige principale, qui peuvent germer même si elles sont tombées au sol avant leur pleine maturité (autour d’août).

Ces graines survivent jusqu’à quatre ans dans le sol, mais elles meurent si elles sont enterrées à 10 centimètres de profondeur.

Moyens de lutte

N’attendez pas de recette miracle, il n’y en a pas !

N’espérez rien du désherbage thermique : il stimule la production de nouvelles tiges.

Seule solution : extirper les rhizomes des planches que vous allez cultiver. Un sport exigeant, que vous pratiquerez à l’automne ou au début du printemps, à la fourche à bêcher ou, mieux, à la grelinette. Avec ce dernier outil, vous ramènerez facilement les rhizomes en surface sans retourner le sol, si celui-ci n’est ni trop sec ni trop humide. Prévoyez un second passage au croc pour bien briser toutes les mottes et ne pas laisser de racines. C’est long et fastidieux, mais indispensable. Ne mettez surtout pas les rhizomes au compost : laissez-les sécher en surface ou faites-les pourrir dans un sac plastique noir épais. Pour nettoyer sans efforts une zone envahie, recouvrez-la d’un film plastique opaque, que vous laisserez en place une saison entière, voire deux.

Reste ensuite à tout faire pour éviter de nouvelles infestations. Prévoyez un engrais vert nettoyant comme le sarrasin (en culture d’été) ou le seigle (en culture d’hiver, associé à la vesce). Il faudra surtout éviter la propagation par les rhizomes provenant des zones voisines : allées, pré, verger… Si le risque est élevé, vous pouvez transformer vos bordures en barrière infranchissable : aucun interstice et une profondeur légèrement supérieure à celle que vous travaillez : 30 centimètres, avec des bordures maçonnées ou un feutre anti-racines épais.

Les allées peuvent constituer un bon obstacle à la propagation du chiendent si elles sont par exemple recouvertes de 5 centimètres d’écorces de pin ou de broyat de bois. Il faudra cependant les surveiller de près si le chiendent est présent alentour, afin que votre jardin ne se transforme pas à chaque printemps en citadelle assiégée.

Antoine Bosse-Platière