Tout est possible (partie 4/4)

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Au cœur même de la matière se cache un extraordinaire secret : le don absolu du vivant, vers toujours plus d'abondance et de diversité. Aujourd’hui nous avons toutes les clefs en main pour y retourner. Il nous manque juste un détail : changer totalement de paradigme. Comprendre les lois fondamentales du vivant, les appliquer, et transformer le monde pour les 3000 années qui viennent.
Aujourd’hui -juste aujourd’hui- tout est possible.

Le pouvoir d’être juste

Pourquoi ne pas tout simplement se réapproprier les savoir-être et les savoir-faire liés à notre alimentation ? Se retrousser les manches. Apprendre, apprendre encore. Et retourner au jardin. Il ne s’agit pas d’une vague utopie, l’histoire a prouvé que des particuliers pouvaient produire jusqu’à la moitié de l’alimentation de toute une nation. Pendant la seconde guerre mondiale, en Angleterre et aux États-Unis, ce sont des dizaines de milliers de potagers privés qui ont permis de soutenir l’effort de guerre et de nourrir les familles.
Il s’agit de sortir de la position désespoir-au-fond-du-canapé et de reprendre le pouvoir sur nos vies. De redevenir acteurs, mais en oubliant de dominer, pour une fois.

Retrouver en tant qu’être humain une place juste et bénéfique qui tend vers l’abondance et le vivant.

Car un jardin est un acte politique dans le sens le plus noble du terme : il s’agit ici de prendre soin de la communauté des vivants, végétal, animal et humain confondus. Et de reprendre le pouvoir sur certains aspects fondamentaux : se nourrir, se soigner, prendre soin. Si l’on comprend les logiques du vivant et de l’abondance, si on les applique, un autre aspect bien plus profond vient s’y glisser. Recevoir beaucoup c’est apprendre à donner. C’est avoir moins peur de l’inconnu et des changements. L’accueil et la générosité font partie du jardin. Le vivant n’exclut pas, il incorpore, il se diversifie, il accepte.

L’abondance nous apprend à donner, mais aussi à recevoir.

Dans les décennies à venir, le feu et l’eau, en excès ou en manque, vont remodeler les flux de la population mondiale. Serons-nous amenés à accueillir des réfugiés climatiques, ou à en devenir ?

L’inconnu mène aux possibles, mais autant partir vers cet avenir incertain les poches emplies de graines et de savoirs, de jardins résilients et abondants à tous les coins de rue.
Aujourd’hui, juste aujourd’hui, tout est possible.

 

Le syndrome de Frankenstein

Nous avons en main les règles du jeu. Elles sont faciles à dire.

Un don presque absolu, un mouvement continu vers l’abondance et une interconnectivité si profonde qu’il est impossible de savoir où commence et se termine chaque système et chaque organisme. Et, comme une évidence, laisser le milieu plus riche après chaque cycle. Au jardin, mais aussi dans les entreprises, dans nos relations, comme dans chacun de nos actes. Tout un système à revoir, autant de possibles à imaginer.

Nous pouvons faire semblant de ne pas comprendre, refuser cette évidence et continuer à mutiler les systèmes vivants, et par la même occasion les chances de la survie humaine. Ne pas accepter de jouer par les règles du jeu, alors que nous les connaissons, devient une pathologie grave, autodestructrice. Un monstrueux syndrome de Frankenstein que l’on pourrait définir ainsi :

Tout type d’activité industrielle, extractiviste, de culture ou d’élevage artificiels, qui ne prend pas en compte les lois fondamentales du vivant. Toute activité ne prenant pas pour base la systémique du don. Comme ces plantes dépendant de système d’abondance, forcées de se développer dans des terres appauvries. Les monocultures d’arbres implantés après la coupe à blanc de forêt diversifiée. Les élevages animaux empêchant le cycle de rétroaction positive de la perturbation et l’établissement de leur équilibre social. L’appauvrissement ou la manipulation génétique. Mais aussi toute production qui appauvrit les sols, les interactions entre les êtres vivants. Toutes celles qui polluent ou créent des déchets.

 

L’océan au début et au centre du monde

Nous vivons sur une planète composée en majeure partie de mers, avec seulement 30 % de terres émergées. Nos plus lointains ancêtres sont sortis des eaux salées il y a des millions d’années et l’équilibre subtil de nos corps en porte encore la marque. Les terres vivent et se développent de par la bénédiction discrète et silencieuse de ces immensités d’eau, vivantes et habitées.

ll n’y a pas de jardin, il n’y a pas de possible sans le respect profond des équilibres des abysses et des vallées sous-marines. Il n’y a pas de vie complexe et diversifiée sur la terre sans les interactions du nombre infini d’espèces vivantes sous la forêt des vagues. Même en habitant loin des côtes nous y sommes connectés. Les cycles des ruisseaux et des eaux souterraines, la respiration lente des arbres qui appelle la pluie et l’écoulement des fleuves. Et l’eau qui nous traverse : tout est précieux.

Cette eau qui nous porte jusqu’à la naissance, qui nous constitue et nous donne la vie jour après jour, cette eau-là vient du début du monde. Elle a dormi dans les glaciers, creusé chaque grotte, goutte-à-goutte, traversé tous nos ancêtres et un incalculable nombre de vies. Cette eau-là a fait tous les orages et la rosée de chaque matin. Il y a 100 000 ans comme il y a 10 siècles, comme la pluie d’aujourd’hui et celle d’après-demain, elle diffuse inlassablement la vie.

L’océan est immense, mais ne peut pas tout encaisser. Contre le don de la vie, pollution, mépris, déchets et chimie ne sont pas tolérables.

La gratitude n’est pas une option à cocher. La gratitude est une puissance de fond. La reconnaissance et la graine de l’amour. La gratitude, la reconnaissance et l’amour sont les seules réponses acceptables à la vie. Nous recevons sans cesse et nous pouvons donner.

 

C’est la famille

Les recherches scientifiques parlent d’une première unité de vie dont découle la totalité de la vie sur terre, toutes formes confondues. L.U.C.A., Last Universal Commun Ancestor, le dernier ancêtre universel commun. Nous avons en commun, donc, 30 % au moins de nos gènes avec la totalité du vivant. Des betteraves aux ours blancs, du plancton à la tomate. La biologie nous fait cousins jusqu’au plus profond de nos gènes. La biologie nous impose par le corps cette interdépendance profonde. Nous sommes tous parents, tous interconnectés dans un gigantesque méta super organisme impermanent et composé, toujours tendu vers l’abondance.

Nous naviguons vers l’inconnu, mais l’inconnu donne de l’espace et des possibles. Nous avons tout à inventer. Tout à remodeler dans le respect des lois que la biologie nous impose. Le chemin qui mène à l’amour n’est pas si compliqué. Il passe par la reconnaissance, la créativité et la jubilation. Bien au-delà des sept prochaines générations, il nous faut agir et penser aujourd’hui pour les 3000 années qui viennent.

Le vivant est puissance.
Nous sommes une part de ce vivant et tout nous est possible.

 

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