Plantes malades au compost ?

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Faut-il ou non couper les feuilles des poireaux ? Tailler les tomates, mettre du compost au fond du trou de plantation ? Parce que sur certaines questions concernant le jardin, il n’y a pas une seule mais plusieurs réponses – et surtout de nombreuses nuances –, les rédacteurs des 4 saisons donnent ici leur vision.
Savon noir, bicarbonate… sans risque ? 2

“Compostons au maximum”, Xavier Mathias, maraîcher et formateur en Touraine

 La recommandation fréquente est de ne pas mettre au compost les plantes “malades”, comme les tomates atteintes par le mildiou, les courgettes desséchées après une attaque d’oïdium. Mais nous en mettons déjà tellement sans les avoir identifiées ! En effet, si nous connaissons quelques affections potagères, sommes‑nous capables d’identifier le brémia de la laitue, la cercosporiose sur les betteraves ou la cladosporiose chez les concombres ? Toutes ces plantes “malades”, issues de nos cultures, ont déjà en fait eu l’honneur de notre compost sans que nous le sachions.
De plus, ces “maladies” se propagent par leurs spores : quand nous remarquons la “maladie”, il y a déjà longtemps que les spores sont disséminées dans notre potager ! On peut aussi se poser la question autrement : puisqu’il est interdit de brûler dans son jardin, que faire avec ces restes de culture ? Nous n’allons tout de même pas les porter à la déchetterie ou, pire encore, les mettre dans des poubelles qui seront incinérées ! Restons sur une vision simple et compostons au maximum.

“50 °C minimum”, Jérôme Jullien, expert en horticulture et jardinier dans le Maine-et-Loire

 Les facteurs les plus importants pour un compostage efficace sont la chaleur et les antagonistes microbiens, ces micro‑organismes qui ont une action compétitive, inhibitrice ou parasite vis‑à‑vis des pathogènes ou ravageurs. Le compost doit atteindre la température d’inactivation des ravageurs, pathogènes et graines d’adventices : au moins 40 °C, voire plus pour certains bioagresseurs très coriaces. On estime que 45 à 65 °C sont nécessaires pour le mildiou de la pomme de terre et de la tomate, plutôt 55 à 60 °C pour le sclérotinia ou la pourriture blanche sur l’oignon et le haricot vert… et 75 °C si la maladie a déjà évolué au stade de sclérotes.
À ces températures, les ravageurs et pathogènes doivent être exposés pendant au moins 30 minutes. L’idéal serait de mesurer (avec une sonde ou un thermomètre à compost) la température au cœur du tas, là où elle est la plus élevée. Il est important de bien mélanger le compost, pour que cette “chaleur” se diffuse sur le pourtour, et d’ajouter de la matière fraîche (tontes de gazon) aux matières sèches, pour accélérer la montée en température.
Un compost recouvert mais non hermétique (aérobie) est nécessaire. Dans ces conditions, j’y dépose les plantes malades comme les herbes indésirables, que je broie au préalable pour améliorer leur dégradation.

 

 

Propos recueillis par Véronique Buthod – Illustration Titwane

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