La tenue du vannier : N’oubliez pas de porter un tablier en cuir ou, à défaut, un tablier de cuisine afin de protéger vos cuisses et votre pantalon, lors du passage répété des végétaux quand vous grattez les éclisses. Un bon jean va bien aussi mais ne vous protégera pas si le couteau dérape !
O. Trioux |
Cet article est extrait du livre Mes créations en vannerie sauvage d’Olivier Trioux.
À savoir
Les techniques exposées ici sont pour une personne droitière. Si vous êtes gaucher(ère), il vous faut inverser les termes « droite » et « gauche ». Certains fabricants proposent des outils pour gaucher (ciseaux, sécateurs, notamment) et aussi des outils de différents formats adaptés aux différentes tailles de mains.
L’ANSE ET LA BORDURE
L’anse est la partie de l’ossature d’un panier servant à le porter. La bordure, appelée aussi « bouche », c’est le haut du panier, elle est souvent tressée de manière différente suivant les régions. Le brin sélectionné pour réaliser l’anse et la bordure doit être en adéquation avec la taille de la vannerie envisagée.
1. Asseyez-vous et, si nécessaire, à l’aide du couteau, supprimez les départs de branches (fourches).
2. Assouplissez le brin en le positionnant devant l’un de vos genoux, dans le léger creux sous la rotule. Ou, si vous avez des douleurs dans le genou, passez le brin autour d’une bûche fixée verticalement sur un banc, ou autour d’un pied de chaise, voire d’un arbre. Tirez progressivement les extrémités vers vous, puis recommencez en déplaçant un peu le brin de façon à l’assouplir en un autre endroit. Faites ce geste jusqu’à ce que tout le brin soit bien souple. Vous pouvez aussi prendre appui sur le gras de la cuisse : à la longue, c’est moins douloureux.
3. Renouvelez le geste jusqu’à pouvoir cintrer complètement le brin (lui imprimer une courbure) et former un cercle. Pour éviter que des « angles » n’apparaissent sur le cercle, essayez de le former en tenant le brin par ses extrémités tout en prenant appui sur votre thorax, ce qui apporte un soutien supplémentaire.
4. Une fois votre brin cintré (la future anse), définissez le diamètre nécessaire pour votre anse, enlevez la longueur de bois superflue et coupez en biseaux inversés les deux extrémités du brin sur 10 à 20 cm (suivant la profondeur et le galbe du panier). Superposez ces deux extrémités sur 10 à 20 cm. On appelle l’endroit de cette superposition les fondus de recouvrement.
5. Renouvelez l’opération avec un second brin pour faire la bordure. Vous pouvez lui donner une forme arrondie ou ovale. La bordure s’insère à l’intérieur de l’anse, puis toutes deux sont clouées à leur croisement.
L’ŒIL-DE-DIEU
Clé de départ en vannerie, « l’œil-de-Dieu », appelé aussi « œil-du-vannier », est un entrelacs de brins souples décoratifs et structurels autour de l’anse et de la bordure, permettant de les fixer entre elles. Le brin dessine un carré de plus en plus large au fur et à mesure qu’il passe et repasse autour de l’anse et de la bordure.
1. Posez l’anse perpendiculairement à l’ovale de la bordure. Passez un brin souple derrière l’anse, parallèlement à la bordure et entourez l’anse en faisant repasser le brin derrière la bordure, parallèlement à l’anse.
2. Faites passer le brin devant l’anse de façon à former une croix avec la partie de brin précédente.
3. Faites repasser le brin devant l’anse et la bordure de façon que ce bout de brin soit parallèle au premier segment de la croix, qui constitue le centre du futur carré.
4 à 8. Continuez à faire passer votre brin de sorte qu’il se pose toujours parallèlement à un des côtés du carré.
9. Pour finir, bloquez le brin en le faisant passer sous le carré.
LA DEMI-CLÉ
La demi-clé est un demi-œil-de-Dieu. Comme ce dernier, c’est un entrelacs de brins souples qui attache l’une à l’autre l’anse et la bordure, mais le brin ne tourne pas autour de la partie haute de l’anse. Il peut donc être plus court que le brin de l’œil-de-Dieu, raison pour laquelle la demi-clé est souvent utilisée à la place de celui-ci (elle est, de fait, plus rapide à faire). Une fois terminée, elle a la forme d’un triangle.
1. Prenez votre éclisse ou votre brin fin par la cime. Faites passer le brin derrière l’anse, devant la bordure et devant l’anse, en diagonale, puis remontez derrière la bordure à la verticale, du côté gauche de l’anse.
2. Recommencez en croisant par-devant, dans l’autre diagonale et en passant à l’horizontale derrière l’anse.
3. Remontez en diagonale. Veillez à placer le nouveau rang diagonal à côté du précédent de telle sorte qu’ils soient parallèles et bien serrés.
4. Continuez ainsi, en ligne droite par-derrière et en diagonale par-devant, jusqu’à avoir 8 à 10 rangs et une forme triangulaire.
5. Pour finir, bloquez le brin en le faisant passer sous un brin du triangle.
LES ARCEAUX
Les arceaux, aussi appelés « côtes », c’est l’ossature d’un panier, qui détermine son « ventre », c’est-à-dire son volume, son galbe. La technique est similaire mais avec plus de légèreté dans le geste.
1. Assouplissez le brin en le positionnant devant l’un de vos genoux, dans le léger creux sous la rotule.
2. La longueur des arceaux dépend du galbe (appelé aussi ventre) souhaité pour votre ouvrage. Travaillez-les par paires : un brin à gauche de l’anse, son homologue à droite, ces deux arceaux devant être strictement identiques en ce qui concerne leur essence, leur longueur, leur force et leur calibre.
3. Taillez les extrémités des arceaux en « pseudo-pointe » sur trois côtés (la section du brin, une fois effilée, devient rectangulaire) afin de pouvoir ensuite caler les arceaux les uns à côté des autres. Ainsi préparés, ils n’auront pas tendance à se superposer, à rouler, voire à percer l’œil-de-Dieu. Cet incident, qui se produit parfois, est souvent dû à des arceaux mal assouplis ou trop forts par rapport à la taille du panier.
4. Au départ, positionnez trois arceaux de chaque côté de la partie basse de l’anse (partie qui sera enchâssée dans le ventre du panier, donc opposée à la poignée proprement dite), afin de définir le galbe du panier. Ce sont les arceaux primaires. Vous pouvez en ajouter en cours de tressage (arceaux secondaires).
5. Les caractéristiques de ces trois brins (essence, longueur, force, calibre) varient suivant l’emplacement des arceaux dans l’ossature : en général, les arceaux qui sont presque parallèles à la partie basse de l’anse sont les plus courts.
6. Appliquez-vous pour obtenir des courbes harmonieuses exemptes d’angles. L’ossature d’un panier bien réalisé, c’est plus de la moitié du travail pour obtenir un panier réussi ! Les arceaux prennent appui sur l’œil-de-Dieu.
Olivier Trioux
Astuces pour assouplir le brin
- Si le brin est trop fort ou trop épais et que vous ne parvenez pas à le cintrer correctement, enlevez du bois au couteau sur la face interne du cercle. Dans cette zone, les fibres sont en compression, alors que celles de l’extérieur sont en extension : si vous tentiez d’enlever du bois sur la face externe, les fibres casseraient, avec à la clé un risque d’arrachement lors du cintrage.
- Il est aussi possible de préparer le brin en le passant à la flamme jusqu’à ce que l’écorce cloque, cela le rend plus souple. Munissez-vous alors de maniques pour éviter les brûlures. Faites bien chauffer le brin sur l’ensemble de sa longueur afin d’éviter les points durs et autres calcinations. Maintenez-le en position avec du fil de cuivre, puis fixez-le avec des clous inversés et rabattus.