En novembre, c’est la Toussaint. L’occasion de revenir sur un thème qu’on aborde rarement : les modes de sépulture. En France, il y en a deux : l’inhumation et la crémation. Désormais, c’est la crémation qui a pris le pas sur l’inhumation : on se fait plus incinérer que l’on se fait enterrer. Mais le besoin d’autres modes de sépulture, plus naturels, est en train d’émerger fortement.
Un sondage de septembre 2022 a montré que 73% des Français souhaitent une mort écologique. Je suis comme eux. J’ai détesté la crémation à laquelle j’ai assisté dans une banlieue sans âme : on nous a mis dans un parloir moche, et nous avons regardé le cercueil partir dans le four par le truchement d’un écran vidéo. J’ai trouvé ça absolument affreux. C’était froid, technique, aseptisé. Infiniment triste.
En plus, la crémation n’a rien d’écologique : une étude a montré qu’elle émet 30 % de CO2 en plus que la solution la moins émettrice en gaz à effet de serre, qui est l’inhumation en pleine terre, sans caveau, avec le cercueil à même la terre. Quant à l’option caveau bétonné avec monument funéraire, c’est l’option la solution la plus émettrice, et de loin… Actuellement, on voit émerger dans d’autres pays, notamment aux Etats-Unis, plein de solutions beaucoup plus naturelles, et en France, on commence à parler de l’humusation, qui permettrait de transformer nos défunts en humus.
L’idée, c’est d’ensevelir le corps, sans cercueil, dans plusieurs mètres cubes de broyat de bois déposés à même le sol. C’est la microfaune du sol qui va décomposer le corps. L’important, c’est de ne pas enterrer le corps, car les organismes décomposeurs sont dans les dix premiers centimètres du sol, ils ne sont pas à un mètre de profondeur. En trois mois, il ne restera plus que les os, et au bout d’un an, on obtiendra de l’humus, qui servira à faire pousser un arbre à la mémoire du défunt, dans des “forêts du souvenir” où l’on pourra venir se recueillir.
Pour l’instant, cette solution est interdite en France, mais la députée Elodie Jacquier-Laforge a déposé en 2023 une proposition de loi pour l’expérimenter. Ce serait une vraie révolution culturelle, car l’humusation est très éloignée de nos valeurs actuelles, on peut se sentir gêné par cette idée d’un corps réduit à du compost, ressentir cela comme une profanation. Pour d’autres, au contraire, l’idée de remettre la mort dans un cycle naturel de régénération est très forte, symbolique et porteuse : on réinscrit le défunt dans un cycle naturel. À vous de creuser pour vous faire une idée !




