L’héritage de Vavilov | 4 saisons n°251

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L'édito des 4 saisons n°251 par Marie Arnould, rédactrice en chef.
L’héritage de Vavilov | 4 saisons n°251 1

C’était il y a onze ans, nous relayions dans l’édito du n°185 l’appel à sauver la station Pavlovsk de l’institut Vavilov. La pétition mondiale, lancée en août 2010, avait collecté des dizaines de milliers de signatures pour sauver le domaine situé en banlieue de Saint-Pétersbourg, menacé par un projet de développement immobilier. À l’époque, l’institut Vavilov végétait, héritage pourtant prestigieux et fondamental du travail gigantesque de Nikolaï Vavilov, ce scientifique russe qui parcourut le monde avant la Seconde Guerre mondiale, pour constituer une incroyable collection de variétés de plantes comestibles. Au total, l’institut Vavilov rassemble 325 000 variétés représentatives de l’agriculture d’avant la chimie et les hybrides. Une richesse patrimoniale inouïe, qui peut permettre de retrouver des gènes de résistance à la sécheresse, au froid ou aux maladies, cruciaux en cette période de bouleversements climatiques.

RENOUER AVEC L’AUTONOMIE ALIMENTAIRE

Aujourd’hui, l’institut Vavilov va mieux. La station expérimentale de Pavlovsk, l’une des douze réparties à travers la Russie, a été sauvée. Depuis 2014, en raison de l’embargo alimentaire sur la Russie dû à l’annexion de la Crimée et au conflit avec l’Ukraine, les Russes ne peuvent plus importer massivement des produits agricoles, et réinvestissent dans leur agriculture pour renouer avec l’autonomie alimentaire. Le régime s’intéresse à nouveau à l’institut. Plus emblématique encore, une nouvelle station Vavilov, la treizième et la première à l’extérieur de la Russie, vient d’être inaugurée, à Charly dans la région lyonnaise. Le fruit de sept ans de collaboration entre l’institut et le CRBA (Centre régional de botanique appliquée), association lyonnaise qui est allée à Saint-Pétersbourg en 2014 rechercher des variétés lyonnaises oubliées dans leur pays d’origine, mais précieusement conservées dans les antiques tiroirs de l’institut.
Cette station d’expérimentation vise à étudier des variétés locales et russes, et à analyser leur capacité d’adaptation. Les courgettes par exemple. La nouaison – transformation des fleurs en fruits – de nos variétés françaises se fait entre 18 et 28 °C. Or désormais, on passe parfois brutalement à des températures de 32 °C, voire plus. « L’un des buts, c’est de tester des variétés russes adaptées à de très grandes amplitudes thermiques », explique Stéphane Crozat, directeur du CRBA. Avec pour objectif de travailler également sur la sélection participative avec des maraîchers et d’analyser la qualité nutritionnelle des légumes. L’héritage de Vavilov, mort au goulag sous Staline, est en de bonnes mains.

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