« Laisse pousser stp ! »

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Qu’on la maudisse – le week-end, chez le voisin – ou qu’on l’invoque au moindre pissenlit – le week-end, chez soi –, une chose est sûre : la tondeuse est une arme létale pour le peuple de l’herbe. Le collectif Abeilles Lorraine, engagé pour la protection et la connaissance des abeilles sauvages, lance l’opération “Laisse pousser stp !”.
« Laisse pousser stp ! » 4

Campagne Laisse pousser STP. 
| Collectif Abeilles Lorraine 

C’est l’été, les grillons grillonnent, les feuilles foisonnent, l’herbe ondule… et les tondeuses, alléchées, bondissent hors des remises, égayant nos dimanches de leur doux ronronnement. Derrière la recherche d’“ordre”, le long des routes, dans les parcs et jardins, privés ou publics, nous n’en percevons pas les dommages collatéraux. Les “pères” de la permaculture, Bill Mollison et David Holmgren, pointaient du doigt, dès les années 1970, la confusion entre ordre et rangement : à une monoculture bien “rangée”, ils opposent la “diversité ordonnée” d’un écosystème sain. Le gazon “propre” est un grand désordre écologique !

« L’opération “Laisse pousser stp !” est une incitation adressée à toutes et tous, aux mairies et aux particuliers, aux écoles et aux entreprises, à laisser des carrés végétalisés sans aucune intervention humaine, toute l’année, explique Agathe Dieudonné, chargée de communication du collectif Abeilles Lorraine. Des carrés de nature pure offrant à la fois un refuge et de la nourriture pour de nombreuses espèces. »


Coquelicots sur le bord d’une route. 
| Collectif Abeilles Lorraine 

Le fauchage peut conduire à une forte diminution de la diversité floristique en quelques années seulement, s’il est pratiqué trop tôt, trop court, selon la machine… car « on empêche les plantes de se reproduire ! ». Or les abeilles – mille espèces en France, dont une seule mellifère ! – sont dépendantes d’une flore variée tout au long de la “bonne” saison pour se nourrir de nectar et de pollen. D’autres espèces d’insectes et d’araignées passent l’hiver à l’état d’œufs ou de nymphes sur les tiges sèches, que la tonte condamne à disparaître.

« Notre démarche est à la fois informative et accompagnatrice, par la mise en place d’un groupe d’échange entre participants, d’activités pédagogiques auprès des écoles et de sensibilisation au vivant et à la biodiversité », précise Agathe Dieudonné. Un site dédié et les réseaux sociaux font le lien. « Les abeilles se nourrissent de fleurs, nous des questions des participants ! »

Alors, « en mai, laisse pousser stp ! », « en juin, surtout ne fais rien ! » et « en juillet, août et septembre, le mieux… c’est encore d’attendre ! »

 

Vincent Olry

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