La sobriété au verger : la technique du semis en place « à la bouteille »

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Implanter un verger en zone sèche demande de donner aux arbres toutes les chances de se développer harmonieusement, avec le moins d’interventions stressantes possibles. La première étant la mise en place. Elle visera avant tout à favoriser le développement d’un fort système racinaire avec sa pièce maîtresse : le pivot. C’est de sa bonne implantation que dépend la résistance de l’arbre à la sécheresse mais aussi au vent.
La sobriété au verger : la technique du semis en place « à la bouteille »

Des haies sillonnent le jardin-verger méditerranéen de Roquebrun, dans le Languedoc, apportant feuillages luxuriants, fleurs et fruits au fil des saisons. 
S. Lapouge | Jardins secs : S’adapter au manque d’eau

 

Ce geste technique est issu du livre Jardins secs : S’adapter au manque d’eau de Brigitte et Serge Lapouge.

Implanter un verger en zone sèche demande d’oublier certaines exigences de production pour se rapprocher d’une vision plus naturelle. L’arbre fruitier est avant tout un arbre, ce qui veut dire qu’il vit dans certaines conditions, dans un certain milieu, un certain climat. En zones sèches, les contraintes sont très fortes. Essayer de forcer la nature pour obtenir à tout prix telle ou telle variété, généralement de gros fruits, aboutira rarement à la réussite. Il faut au contraire lui donner toutes les chances de se développer harmonieusement en respectant sa vie d’arbre au naturel avec le moins d’interventions stressantes possibles. La première étant la mise en place. Elle visera avant tout à favoriser le développement d’un fort système racinaire avec sa pièce maîtresse : le pivot. C’est de sa bonne implantation que dépend la résistance de l’arbre à la sécheresse mais aussi au vent.

Le semis en place « à la bouteille »

Pour éviter de stresser un fruitier par la transplantation, Paul Moray – un professeur de français totalement autodidacte en matière d’agriculture – a mis au point un petit système ingénieux dit « à la bouteille ». Il s’agit tout simplement de semer directement en place en protégeant pépins et noyaux par une bouteille en plastique pour profiter d’un « effet de serre ». La graine forme ainsi un fort pivot qui va tout de suite chercher l’humidité loin dans la terre et ancre l’arbre fermement dans le sol. Il y gagne un dynamisme et un équilibre inégalés. De cette façon, on évite la mutilation du pivot, obligatoire de fait chez tous les fruitiers transplantés.

Par la suite, l’arbre est greffé sur place ou laissé à sa vie naturelle pour tous les fruitiers produisant sur franc, c’est-à-dire directement. Les pêchers de vigne donnent ainsi des résultats savoureux, mais on peut aussi semer des pruniers, des abricotiers… Quelques recherches sur les marchés locaux permettent ainsi de découvrir des merveilles.

Méthode

Récoltez les noyaux après une dégustation en sélectionnant les variétés les plus méritantes et brossez-les sous l’eau. Séchez-les et stockez-les au sec puis, à l’automne, faites-les gonfler deux jours dans de l’eau puis placez-les en stratification dans un pot rempli de terreau mélangé à du sable gris de rivière. Ce pot passe l’hiver exposé aux intempéries au pied d’un mur orienté au nord. Dès l’apparition du germe en février-mars (à surveiller !), les pépins et noyaux sont semés à l’emplacement définitif de l’arbre. Dans le Midi, c’est l’amandier qui donne le signal des semis, plus au nord, le Cornus mas.

Le semis s’effectue en sol préalablement désherbé sur un carré de 50 par 50 centimètres. Pour amorcer la descente du pivot, faites un trou central à la barre à mine.

Coupez une bouteille d’eau minérale en deux dans le sens vertical et ôtez le fond (dessin 1). La partie inférieure remplie de terreau de feuilles servira de germoir. Enfoncez-la jusqu’au ras du sol à l’emplacement du trou à la barre à mine et semez trois graines enfoncées de 3 à 4 centimètres dans le terreau. Arrosez doucement jusqu’à détremper le terreau (dessin 2).

Dessin 1.
H. Nallet | Jardins secs : S’adapter au manque d’eau

Dessin 2.
H. Nallet | Jardins secs : S’adapter au manque d’eau

Remboîtez la partie supérieure de la bouteille bouchée pour que le milieu reste bien humide (dessin 3). Formez une ombrière à l’aide d’une brique de lait découpée (dessin 4) puis agrafée autour de la « miniserre », aluminium vers l’extérieur (dessin 5).

Dessin 3.
H. Nallet | Jardins secs : S’adapter au manque d’eau

Dessin 4.
H. Nallet | Jardins secs : S’adapter au manque d’eau

Dessin 5.
H. Nallet | Jardins secs : S’adapter au manque d’eau

Lorsque les plants ont quelques centimètres, retirez le haut de la serre avec précaution pour ne pas casser les racines et en laissant le reste du dispositif en place (dessin 6). Conservez le plus beau plant et entourez-le d’un filet pour le protéger des animaux (dessin 7).

Dessin 6.
H. Nallet | Jardins secs : S’adapter au manque d’eau

Dessin 7.
H. Nallet | Jardins secs : S’adapter au manque d’eau

 

Si vous souhaitez en apprendre d’avantage sur les manières d’apprivoiser le sol, d’améliorer une terre pauvre et caillouteuse, de gérer les conditions extrêmes en se protégeant du vent et du soleil, de cultiver mieux avec moins d’eau ou de créer un jardin sur gravier, vous trouverez d’autres explications, techniques et solutions dans le livre Jardins secs : S’adapter au manque d’eau de Brigitte et Serge Lapouge.

 

Brigitte et Serge Lapouge

Outil de jardin
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