Comment choisir son matelas et son sommier ?

Article publié le
Le sommeil joue un rôle capital pour l’équilibre de notre organisme. En effet, nous passons un tiers de notre vie à dormir. D’où l’intérêt de savoir choisir son matelas et son sommier, pour avoir un lit confortable… et écologique !
Lit et couverture

Le sommeil, primordial pour la santé

Pratiquer une activité physique pour être en forme, c’est important, mais il faut aussi passer de bonnes nuits !

Les troubles du sommeil sont un vrai enjeu de santé publique. Un Français sur cinq est insomniaque, un sur dix souffre de somnolence.
Pr Damien Léger, responsable du Centre du Sommeil de l’Hôtel-Dieu à Paris.

Or, le sommeil a une fonction de réparation et des répercussions sur la synthèse des hormones, le fonctionnement de la mémoire.

Pour les personnes qui ont un sommeil fragile, la literie influe certainement. Si l’on est mal installé, on se retourne, ce qui crée des micro-réveils et le lendemain, on se lève fatigué.
Pr Damien Léger

Le matelas, ferme mais pas trop

Un matelas doit assurer un bon maintien musculaire tout en favorisant le relâchement du corps. S’il est trop ferme, le dormeur se sentira comprimé au niveau des épaules et des hanches ; s’il est trop souple, son corps va s’enfoncer et sa colonne vertébrale se courber. Dans les deux cas, il se réveillera avec des courbatures ! Plus l’occupant du lit est lourd, plus il risque de creuser le matelas. L’idéal, lorsqu’il y a une différence de corpulence dans un couple, c’est de dormir sur deux matelas côte à côte.

Avec le latex naturel, nul besoin de technologie compliquée comme pour les matelas à ressorts ensachés. Le latex est une matière de haute densité mais souple, et qui “respire bien” car il est moulé dans des alvéoles. Il apporte un bon soutien et ne moisit pas. Mais les matelas en latex sont plus chers que ceux en mousse, souvent de moindre densité. On peut aussi opter pour la laine, moelleuse et appréciable quand on transpire beaucoup.

Le sommier, un rôle complémentaire

Si le matelas est ferme, le sommier doit apporter de la souplesse ; s’il est mou, une certaine rigidité est préférable. Un sommier de qualité doit aussi être relevable au niveau de la tête et des jambes pour un meilleur confort et fabriqué de préférence en lattes de bois, pour laisser circuler l’air. L’idéal, c’est que le sommier et le matelas soient conçus comme un ensemble cohérent. C’est le cas des lits Biosense, Hüsler et Sommeil nature et, qui associent un sommier en bois à un matelas en latex naturel.

Le site des professionnels de la literie recommande d’essayer son matelas de préférence sur le sommier que l’on souhaite acheter en s’allongeant plusieurs minutes. Si l’on peut passer la main entre les reins et le matelas, c’est qu’il est trop ferme. Si lorsqu’on s’appuie sur un coude, le matelas s’enfonce, c’est qu’il est trop mou. Enfin, il conseille d’essayer toujours le lit en couple si on dort à deux !

Une question de santé

Nous passons un tiers de notre vie au contact de notre lit, aussi est-il important de s’intéresser aux effets potentiels sur la santé des matériaux qui le composent.

Les matelas en mousse de polyuréthane, une matière très inflammable qui produit un gaz asphyxiant en brûlant « contiennent des retardateurs de flamme », explique le docteur Suzanne Déoux. Certaines de ces substances sont pointées du doigt par les écologistes pour leur capacité à s’accumuler dans l’organisme. Mais, précise cette spécialiste :

les connaissances sont très limitées sur une possible exposition humaine.

Une étude a montré que de tels matelas émettaient dans l’air des composés organiques volatils (COV), dérivés du benzène, aujourd’hui reconnus comme cancérogènes.

Les matelas et sommiers à ressorts métalliques peuvent augmenter l’exposition électromagnétique du dormeur, de même que certains sommiers articulés pourvus de moteurs électriques, « mais l’on ne sait quel effet cela peut avoir sur la santé » souligne le docteur Suzanne Déoux.

Choisir des matériaux écologiques

Les matelas en laine présentent des atouts écologiques certains, surtout s’ils sont conçus dans le respect de l’environnement. C’est dans ce sens que la coopérative ardéchoise Ardelaine a élaboré sa démarche. Ici, pas de laine venant de Nouvelle-Zélande. Elle est produite localement, et si les éleveurs ne sont pas tous bio, ils s’engagent à ne pas traiter les toisons avec des produits toxiques. Une fois récoltée, la laine est lavée avec un savon biodégradable et traitée avec de l’huile de neem, un antimites naturel issu d’un arbre tropical. Mais d’après Suzanne Déoux :

il y a de grandes chances pour que cette huile émette des COV, et il peut y avoir des réactions allergènes. C’est peut-être remplacer un allergène par un autre. Dans le doute, mieux vaut baisser la température et ventiler, c’est plus sûr !

 

 

Le latex naturel, une matière “renouvelable”

Les matelas “tout latex” ou “100 % latex” sont fabriqués à partir de dérivés du pétrole, sauf quand ils portent la mention “origine naturelle” qui indique que leur “âme” (partie principale) contient au moins 85 % de latex naturel (le reste étant constitué d’additifs type poussières de craie). Ce produit est issu de la sève d’hévéa, cet arbre tropical dont on tire le caoutchouc. Certains fabricants, comme Greensleep, garantissent la provenance d’une culture biologique (“organic hevea“), mais c’est assez rare.

Ces matelas peuvent être fabriqués artisanalement dans de petites entreprises, tandis que d’autres bénéficient d’une certification Oeko Tex Standard 100 ou Eurolatex Éco Standard qui garantissent une utilisation limitée de produits nocifs. En effet, même s’ils sont dits en pure gomme, ces matelas sont enveloppés d’une couche protectrice qui peut être en laine, coton, fibres de coco ou de bambou parfois mélangées à des fibres synthétiques, et d’un coutil (toile) qui peut être traité contre les bactéries, les acariens…

Un lit où l’on respire bien

Si vous êtes allergique ou asthmatique, évitez les matelas en laine et les sommiers en tissu ou “tapissiers”, car les acariens se concentrent sur les fibres textiles. Mieux vaut aussi ne pas poser son matelas à même le sol.

Il va se dégrader plus vite par manque d’aération et la poussière va s’accumuler, favorisant la présence des acariens et des moisissures.
Docteur Suzanne Déoux

Le lit réunit chaleur et humidité, tout ce qu’il faut pour que ces allergènes se multiplient. En effet, la nuit, nous transpirons et nous perdons jusqu’à 40 cl d’eau, soit 146 litres par an !

Pour que le lit puisse évacuer son humidité, il faut favoriser la circulation d’air autour du matelas et l’aérer, si possible en ouvrant la fenêtre. Mieux vaut aussi laver vos draps fréquemment à 60° pour détruire les allergènes d’acariens, voire aspirer votre matelas, car ces bêtes minuscules se nourrissent de poussières et de squames, ces cellules de peau que nous déposons en dormant.

Les limites

  • On peut trouver des sommiers fabriqués en bois venant de forêts européennes durablement gérées. Leur réalisation nécessite souvent l’usage de colles et de vernis qui peuvent être à l’origine d’émissions de formaldéhyde et de composés organiques volatils, des substances irritantes voire cancérogènes. Mieux vaut préférer un cadre de lit en bois massif, protégé avec de la cire d’abeille ou à défaut bien aérer sa chambre.
  • Le latex végétal peut parfois provoquer des allergies, par exemple chez des infirmières qui utilisent des gants faits avec ce matériau. Il est conseillé de mettre un surmatelas en laine.
  • Les matelas en laine souffrent dans nos logements modernes, plus assez ventilés. Baissez la température et aérez le lit, toute la journée de préférence.

Carine Mayo