Le bruit : l’atténuer avec des isolants écologiques ?

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Le bruit est la nuisance dont les français se plaignent le plus, après l'inconfort thermique (32 %). D'après le baromètre Qualitel-Ipsos de 2017, une mauvaise isolation acoustique intérieure serait le premier responsable des mauvaises relations entre voisins. En plus, le phénomène semble proportionnel au nombre d'habitants. Pour ces raisons, les isolants écologiques peuvent-ils efficacement réduire les bruits aériens ?
Plan large sur une maison (exposition habitat) et des espaces verts

Concilier efficacité et écologie

Les solutions qui permettent d’obtenir un bon affaiblissement acoustique des différents types de bruits sont, bien malgré elles, trop peu utilisées dans la construction. Quant aux interventions a posteriori pour corriger les insuffisances, elles sont généralement complexes et coûteuses. De plus, l’isolation phonique met souvent en œuvre des matériaux peu écologiques (mousses synthétiques, matériaux composites…).

Angle de mur avec une double épaisseur d'isolant

Heureusement, les performances acoustiques des matériaux utilisés en construction écologique commencent à être mieux connues. D’ailleurs, elles furent même collectées et mesurées par un ingénieur du son passionné, Jean-Louis Beaumier, dans le livre L’isolation phonique écologique (aux éditions Terre vivante). Dans cet ouvrage, accédez à de nombreux exemples d’études de cas et de solutions de mise en oeuvre. Assurément, certains matériaux permettent de  remarquables améliorations acoustiques. La condition : que la mise en œuvre reste très scrupuleuse.

Faire face au bruit : extérieur comme intérieur

Par du double vitrage

Prenons deux exemples simples. Tout d’abord, celui de fenêtres anciennes donnant sur une rue bruyante. La solution va consister à les remplacer par des fenêtres bois à double vitrage, spécifiquement conçues pour l’affaiblissement acoustique. Parallèlement, ce procédé ne les empêchera pas d’être également performantes sur le plan thermique. En vérité, le bois est plus écologique que le PVC ou l’aluminium, tout comme plus efficace sur le plan acoustique. Au final, les deux verres sont d’épaisseur variable pour éviter les résonances et bloquer les différentes fréquences. Aussi, une plus grande épaisseur de la lame d’air améliore encore l’efficacité.

Illustration d'un panneau isolant à deux épaisseurs en plaques de plâtre

Par des bandes résilientes

Second exemple : une cloison entre deux chambres. Les bruits aériens (voix, musique, outils de bricolage…) seront beaucoup mieux absorbés par une paroi associant des matériaux rigides à forte inertie (plâtre, brique…) et des matériaux souples absorbants, comme certains isolants. Parmi ceux utilisés en écoconstruction, les panneaux de fibre de bois sont particulièrement efficaces, mais on peut également tirer parti du chanvre ou de la ouate de cellulose. Les meilleurs résultats sont obtenus avec un tel isolant, entre deux parois rigides (plaques de plâtre ou de gypse/cellulose).

Illustration d'une ossature avec des bandes résilientes et des lambourdes doublées

Il ne faut pas oublier la transmission des bruits d’impact (pas, coups de marteau, vibrations du lave-linge, de la ventilation…) qui risquent d’être transmis par l’ossature de votre paroi (en bois, de préférence). D’où l’intérêt de recourir sur tout le pourtour de cette ossature (au contact du sol, du plafond et des murs) à des “bandes résilientes” de 1 à 3 mm d’épaisseur, en liège ou en fibre de coco, capables d’absorber ces vibrations et d’éviter les “ponts acoustiques”. Si nécessaire, l’efficacité de la cloison sera encore meilleure en plaçant des bandes résilientes entre les plaques et l’ossature. Aussi, en doublant les plaques de plâtre de chaque côté (pensez à décaler les joints). Ainsi, chacun pourra vivre sa vie de part et d’autre de la cloison, sans déranger les autres.

Antoine Bosse-Platière