Bientôt le retour d’un papier recyclé fabriqué en France ?

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Fermé en 2020, le dernier site français qui produisait du papier recyclé à partir de fibres issues des circuits de récupération pourrait bientôt rouvrir ses portes. Utilisant son droit de préemption, la métropole Rouen Normandie a décidé d’acheter l’usine pour la revendre au consortium Veolia / Fibre excellence. Une opération qui devrait permettre à la papeterie de la Chapelle Darblay de reprendre son activité dans une logique d’économie circulaire.
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Le recyclage des papiers « permet de produire un papier d’aussi bonne qualité que celui fabriqué totalement à partir de fibres vierges », d’après l’Ademe.
Islandworks | Pixabay

La dernière usine française fabriquant du papier recyclé pour les journaux devrait rouvrir : faisant valoir un intérêt général dans une logique d’économie circulaire, la métropole Rouen Normandie a exercé son droit de préemption pour récupérer la papeterie de la Chapelle Darblay – un droit lui donnant priorité d’achat face à tout autre acquéreur privé. UPM, le propriétaire de l’usine, avait l’intention de vendre au groupement SAMFI/Paprec pour un projet axé autour de la production d’hydrogène, ce qui revenait « à abandonner l’essentiel des activités de recyclage du site » d’après Greenpeace. La Chapelle Darblay est pourtant « le seul site français en capacité de produire du papier journal 100 % recyclé avec de la fibre issue intégralement des circuits de récupération », rappelle la métropole rouennaise. « L’usine dispose d’une capacité de recyclage de 480 000 tonnes/an, soit le résultat du tri de 24 millions d’habitants dans un rayon de 400 km, incluant notamment l’agglomération parisienne, explique-t-elle. Le démantèlement de ce site amènerait de nombreuses collectivités à enfouir ou brûler leurs déchets papiers plutôt qu’à les recycler ou à les envoyer en Belgique et en Allemagne. »  La métropole a confirmé, le 1er mars 2022 « que le site va être cédé au consortium Veolia/Fibre excellence […] pour une reprise dans une logique d’économie circulaire », pour favoriser les activités de recyclage, préserver l’emploi et les compétences et savoir-faire dans ces domaines. Une décision encourageante, bien que le délai pour former un recours juridique ne soit pas encore éteint. 

Une décision logique également, au vu des atouts du papier recyclé en matière de bilan écologique : « Le recyclage [des papiers triés] permet de produire un papier d’aussi bonne qualité que celui fabriqué totalement à partir de fibres vierges. Le tout en consommant beaucoup moins d’eau et d’énergie », affirme l’Agence de la transition écologique (Ademe). En 2011, après l’analyse du cycle de vie de ses livres, Terre vivante avait conclu à l’« avantage du papier recyclé sur le papier PEFC (issu de forêts gérées durablement) sur tous les indicateurs – changement climatique, ressource non renouvelable, consommation nette d’eau, smog photochimique, écotoxicité aquatique, acidification de l’air – sauf sur celui de l’écotoxicité aquatique en raison du désencrage ». Pourtant, aujourd’hui en France, ce papier recyclé se fait rare. En janvier 2019, la faillite du papetier Arjo Wiggins et la fermeture de ses usines dans la Sarthe avaient obligé la Scop à opter pour du papier certifié PEFC pour le magazine. En 2021, Les 4 saisons sont repassées sur papier recyclé, mais issu d’un fournisseur allemand, ne pouvant se fournir en papier recyclé français pour les magazines… 

 

Madeleine Goujon

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