Réensauvageons nos jardins ! | 4 saisons n°244

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L'édito des 4 saisons n°244 par Marie Arnould, rédactrice en chef.
Réensauvageons nos jardins ! | 4 saisons n°244 1

Nous avions découvert cette belle histoire en 2019, avec le film Jardin Sauvage, de Sylvain Lefebvre. Il nous la raconte dans le dossier de ce numéro : comment sa petite famille s’est installée en zone péri-urbaine et a entrepris de “réensauvager” le jardin, autrefois soigneusement tondu et planté de bambous sans intérêt pour la faune. Depuis, la vie sauvage revient, les oiseaux nichent, les crapauds pondent, les papillons volètent et les libellules apparaissent comme par magie sous l’œil fasciné de Sylvain Lefebvre et de son épouse, et de leurs deux petites filles qui s’initient à la vie sauvage en faisant des affûts dans leur jardin…

LES TONTES RIPOLINÉES EN VOIE D’EXTINCTION ?

C’est Gilbert Cochet et Stéphane Durand, inspirés par le rewilding anglo-saxon, qui ont parlé les premiers de “réensauvagement” avec leur livre revigorant, Ré-ensauvageons la France, paru chez Actes sud. Avec eux, on se prenait à rêver de bisons d’Europe sur les hauts plateaux du Vercors ou d’élans dans les forêts alluviales du Rhin – l’élan, contrairement à ce qu’on pense, n’est pas inféodé aux contrées arctiques et se réinstalle en Allemagne, notamment. Avec eux, on est loin du jardin, mais on peut envisager la même chose à la micro-échelle de nos parcelles, comme le préconise Éric Lenoir, le paysagiste dont le Petit traité du jardin punk, paru aux éditions Terre vivante, est en train de devenir, tranquillement, un best-seller. Rebelle aux diktats du jardin “propre”, il y expose son idée d’un jardin non manucuré, non ripoliné, où tout n’est pas tondu et où l’on suit au maximum les élans spontanés du monde végétal. Cette dynamique n’a jamais autant le vent en poupe qu’en cette période post-confinement, où les urbains se sont rendu compte à quel point la nature pouvait leur manquer. Et pas seulement celle des grands espaces, mais la nature quotidienne, l’humble nature à portée de main, de pas. En témoigne le “réensauvagement” accéléré d’espaces verts en ville, à l’instar de ce qui se pratique à Grenoble, où les herbes folles occupent des surfaces de plus en plus importantes. Ces nouvelles stratégies de gestion des jardins particuliers et des espaces verts publics, avec moins de tontes, qui s’ajoutent à l’arrêt des pesticides, commencent-elles à porter leurs fruits ? J’entends dire ça et là qu’on voit plus de papillons cette année. Impression en trompe-l’œil ? Attention accrue de la part des observateurs ? Amorce d’un mieux ? Trop tôt pour le dire. Mais si on la laisse tranquille, la nature sait renaître, faisons-lui confiance !

 

Marie Arnould

Crédit photo : J.-J. Raynal

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