Par Stefan Polatschek
Stefan Polatschek, architecture et poêle de masse
Aujourd’hui en retraite très active, Stefan Polatschek a concentré l’activité de son bureau d’architecture intérieure sur le domaine professionnel dédié à la beauté du feu de bois.
Il anime entre autres les « mardis du design », dans le cadre de l’AFPMA, pour articuler réflexion technique et artistique de manière collective.
Stefan Polatschek nous présente ici quelques éléments qui jalonnent sa démarche. Comment un concepteur de poêle de masse intègre-t-il l’architecture dans sa réflexion ? Quelles questions est-il utile de se poser ?
Les cheminées sur les plans des permis de construire sont souvent placées à la hâte ; c’est une cause fréquente d’insatisfaction car on ne peut pas toujours revenir en arrière une fois qu’elles sont en place.
La réflexion doit pouvoir commencer avec un descriptif du bâtiment le plus complet possible. Souvent sous forme numérique et facile à partager, c’est un élément essentiel, tant pour les clients que pour tous les professionnels.
Le sur mesure… ce n’est pas du luxe !
Dans le sens où ce n’est pas superflu, la conception sur mesure vient à la rencontre de besoins réels qu’un poêle produit en série ne peut pas satisfaire.
Pour réfléchir architecturalement et appliquer sa créativité à un projet de poêle de masse, il est utile de déployer les qualités et aptitudes suivantes : communication (avec les clients et les autres professionnels), coordination, implication constante et critique, sens des priorités, protection contre l’incendie et sécurité d’exécution maximale indispensable, prudence et précautions… « Communication » et « coordination » sont les maîtres-mots : il s’agit d’avoir en tête toutes les composantes et de les intégrer les unes aux autres pour former un ensemble, et non de simplement les juxtaposer.
Le calcul précis du besoin de chaleur est fondamental : à réaliser sur la base des plans réels et à adapter au climat local selon l’orientation des pièces, à l’ensoleillement, aux routines quotidiennes, aux usages prévus ainsi qu’à l’influence de la température…
Pour penser la conception technique et artistique, ainsi que l’organisation et le commerce, on peut adopter le point de vue surplombant de la planification architecturale, mais aussi celui des autres métiers concernés (du décorateur au cuisiniste), sans oublier le regard de tous les habitants, prendre en compte les différents matériaux et les différents procédés, penser l’avant et l’après, avoir un œil conservateur ou conceptuellement extravagant. Il est également utile de se placer dans une perspective temporelle : voir les raisons qui ont poussé des gens à construire une maison à cet emplacement, penser au plus long terme lorsque les habitants actuels seront éventuellement remplacés par d’autres…
La mise en pratique : à la main puis à l’ordinateur
Garder la légèreté : au début, les réflexions s’accompagnent d’une série de petits croquis, librement réalisés (à la main, on est plus créatif !). Il ne s’agit pas de « savoir dessiner ». Chaque proposition, chaque exercice de style s’accompagne de plusieurs esquisses. Dans un premier temps, il est conseillé de se méfier du recours systématique aux outils informatiques, qui proposent des composants standard et des matériaux prédéfinis…
Lorsque l’idée est validée, on peut passer à l’étape des calculs et de la conception précise. Là, il est fréquent de s’appuyer sur l’outil informatique.
Culture et tradition
Les aspects culturels, liés au site, apparaissent à plusieurs reprises, par exemple dans le choix des matériaux, dans les proportions habituelles à notre œil. La tradition peut jouer son rôle de « traducteur », dans le but de créer quelque chose qui sera toujours valable dans un avenir lointain. L’équilibre entre la reprise de solutions éprouvées et la joie de l’expérimentation créative est au service d’une exécution technique bien menée. Cela permet une expression personnelle, identitaire, dans la construction de poêles de masse sur mesure.
