La peinture à la pomme de terre existe vraiment

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Mate et douce au toucher, la peinture à la fécule de pomme de terre est aussi légèrement transparente à l'application. S'opacifiant en séchant, elle apporte aux murs des effets de patine. Découvrez notre petite recette, facile et économique, pour repeindre vos murs de façon écologique avec du "fait maison".
Une main qui touille l'eau, tout en ajoutant de la fécule de pomme de terre en pluie

La fécule de pomme de terre dans la peinture

C’est au début du XIX e siècle qu’on trouve les premières traces d’une peinture à la pomme de terre. Elle devait être utilisée surtout en milieu rural pour des raisons économiques.

Une patate sortait du lot parmi ses consœurs, la ‘Bintje’, plus collante car plus riche en amidon. Ce dernier, aussi appelé fécule, représente 15 à 20 % du poids de la pomme de terre. Le reste ne sert à rien dans la préparation d’une peinture. En effet, avec le recul, on s’est aperçu que l’utilisation du tubercule en entier pouvait être néfaste car la peinture risque de pourrir au contact de l’humidité ambiante. Il est donc préférable d’avoir recours uniquement à de la fécule de pomme de terre vendue en poudre dans les rayons alimentaires bio.

Cette peinture est ce que l’on appelle une détrempe. C’est-à-dire qu’elle se détrempe à l’eau même une fois sèche. Elle devra donc être appliquée sur des murs non exposés aux éclaboussures.

Préparation du support

Le support, de préférence minéral (plâtre et dérivé, terre, chaux), doit être stable et non friable, ni trop lisse, ni trop poreux. Dans le cas d’une rénovation d’un support déjà peint, vérifiez que la peinture n’est pas brillante. Si c’est le cas, il faudra la poncer pour la rendre mate.

La peinture à la fécule est relativement transparente : il faut donc un support uni pour obtenir un travail uniforme. Dans tous les cas, appliquez une sous-couche naturelle du commerce pour peinture à l’eau, blanche et adaptée à votre support.

Préparation de la peinture

Ingrédients et quantités pour environ 40 m2 en une couche :

  • eau : 8 l (4 litres pour la fécule et 4 litres pour les pigments) ;
  • fécule de pomme de terre : 500 g (2,50 à 3,50 € les 250 grammes) ;
  • craie : 2 kg (2 à 8 € le kilo).

Tout d’abord, chauffez la moitié de l’eau, sans la faire bouillir. Incorporez ensuite la fécule en pluie, en agitant fortement pour éviter les grumeaux. Dans un autre récipient, mélangez la craie avec l’autre moitié de l’eau en remuant bien. Si vous vous servez de pigments de couleur, retirez le volume équivalent de craie, puis mélangez les poudres avant d’ajouter l’eau.

À cette étape, réunissez dans un même seau les deux préparations. Battez l’ensemble puis tamisez. Enfin, il vous faudra vous servir de cette peinture rapidement (maximum 1 semaine) avant qu’elle ne pourrisse.

Application

Après avoir passé et laissé sécher la sous-couche, appliquez votre peinture mètre carré par mètre carré, en commençant par le haut. Travaillez assez vite. De la sorte, évitez que les surfaces que vous venez de faire ne sèchent et que des surcharges de peinture laissent des traces de reprise après séchage.

Mur peint avec de fécule de pomme de terre

Comme outil, privilégiez une brosse assez large (environ 12 x 3 cm) en répétant toujours un mouvement en “X” pour créer des nuances avec la lumière. La peinture est très transparente à l’état liquide, mais s’opacifie en séchant.

Parallèlement, pensez à remuer régulièrement votre peinture afin qu’elle ne retombe pas au fond du sceau. Pour l’application de la deuxième couche, chevauchez les marques de reprises laissées par la première.

Par température ambiante de 20 °C, comptez un temps de séchage entre deux couches de 6 à 12 heures, soit une nuit. À cœur, prévoyez huit jours.

Bruno Gouttry