Bien protéger le bois des agressions extérieures

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Bardage, fenêtre, volet, balcon, terrasse… le bois d'extérieur est très souvent la cible d'insectes xylophages. De plus, il est particulièrement sensible à l'humidité. Alors, comment éviter que le bois, soumis aux intempéries, ne vieillisse ou pourrisse prématurément ?
Détails du dôme en bois

A. Loquet |

Le bois d’extérieur face aux UV et à l’humidité

Le bois d’extérieur a deux principaux ennemis : les UV (rayons ultraviolets de la lumière solaire) et l’humidité. Les premiers provoquent une sorte de brûlure superficielle (comme sur notre peau) qui se traduit par des petites crevasses et du grisaillement. Rien de dramatique, le dommage est surtout esthétique et le bois n’est pas atteint en profondeur. Concernant l’humidité, elle pose des problèmes beaucoup plus sérieux. Si l’eau de pluie ne s’écoule pas ou ne s’évapore pas rapidement, si le bois reste au contact du sol ou si l’humidité peut remonter par capillarité, le taux d’humidité du bois va permettre l’installation de champignons lignivores. Ces derniers sont précurseurs de la pourriture. De plus, l’humidité favorise les attaques d’insectes xylophages. Peut-on alors éviter les traitements chimiques de préservation ?

Des essences durables, sans aubier

Quelques essences naturellement durables de nos régions peuvent être utilisées sans traitement. Notamment lorsque le bois est mis en œuvre verticalement (classe de risque 3) et permet un bon écoulement de l’eau (bardages, fenêtres, volets). Entre autres, le Douglas, le Mélèze, le châtaignier, le chêne et le robinier. Seules les trois dernières essences sont recommandées lorsque le bois est mis en œuvre horizontalement (lames de balcons ou de terrasses), ou en contact avec le sol (classe de risque 4). Ces bois doivent en outre être sélectionnés et coupés de manière à éliminer l’aubier, partie périphérique du tronc riche en sucres, qui attire les insectes xylophages.

Bois rétifiés et thermohuilés

Plusieurs procédés récents permet­tent d’améliorer la durabilité et la stabilité dimensionnelle d’autres essences. Ce sont les traitements thermiques à haute température (210 à 250 °C).

Lame de bardage en peuplier rétifié

A. Bosse-Platière |

Ils sont réalisés en plusieurs phases, dans des fours spéciaux. Soit sous atmosphère inerte avec de l’azote (bois rétifié), soit avec des injections de vapeur d’eau (bois thermo-traité finlandais). Le bois prend ainsi une belle couleur brune et devient hydrophobe (qui dispose d’une protection imperméable). Il devient aussi très résistant aux attaques de champignons ou d’insectes. Cependant, la haute température fragilise ces bois, que l’on ne peut utiliser en structure. On les retrouve donc surtout en bardages, parquets, et lames de terrasses.

Le procédé dit d’oléothermie ne présente pas cet inconvénient.

Deux planches de Douglass vieillis de 30 mois dont un ayant subi un procédé d'oléothermie

A. Bosse-Platière |

Le bois n’est chauffé que jusqu’à 130 °C, avec une immersion dans un mélange à base d’huile de lin, et de dérivés oléagineux végétaux. Cette technique de “chimie verte” permet ainsi une imprégnation en profondeur. En outre, elle assure une plus longue résistance au grisaillement, et ne nécessite pas d’entretien régulier.

Une réelle innovation française, développée par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) pour la filière du bois. Ce programme fut ensuite transféré en 2004 vers la société Oléobois pour entreprendre sa commercialisation. De la sorte, cette méthode fut rapidement adoptée par le groupe industriel  Provvedi industrie, ou encore, par Génération bois Ardèche forêt innovation et Arbos. Le procédé Wood-Protect, breveté en 2006 par l’équipe de recherche et développement de Lapeyre et l’Institut national polytechnique de Toulouse (INPT), est du même type. Il y a toujours une imprégnation par autoclave, puis par trempage à 140 °C, dans un mélange de dérivés d’huiles végétales et d’acide acétique.

Huiles, lasures et peintures

La durabilité de certaines essences, comme le chêne et le châtaignier, est due en partie à leur forte teneur en tanins. Mais ces derniers sont progressivement lessivés par l’eau de pluie, légèrement acide. Comme les autres essences, le chêne et le châtaignier nécessitent donc une protection de surface. L’huile de lin, additionnée d’un peu d’essence de térébenthine, à utiliser par temps chaud (car elle pénètre mieux), est une protection classique. Peu coûteuse et hydrofuge, elle retarde le grisaillement.

Les lasures bio, colorées mais qui laissent voir le veinage du bois, apportent une meilleure protection contre les UV. Comment ? Grâce aux pigments qu’elles contiennent. Mais elles sont à renouveler tous les 3 à 5 ans pour les façades sud, et tous les 8 à 10 ans pour les façades nord. Contrairement aux peintures, elles ne nécessitent pas de ponçage préalable au renouvellement. C’est-à-dire qu’un coup de brosse suffit pour enlever la poussière de pigments.

Quant aux peintures laques bio, elles assurent une protection plus durable puisqu’elles contiennent des charges (surtout de la craie), qui forment un véritable écran contre les UV. C’est un peu comme pour les crèmes solaires. Bien entendu, la protection dépend de la qualité de l’écran et de l’exposition.

 

Antoine Bosse-Platière

 

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