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Selon le 15e baromètre TNS Sofres 2010 sur la qualité de l'eau, 86 % des sondés font confiance à l'eau du robinet. Mais ils sont près de 25 % à ne pas la trouver bonne et seuls 32 % ne boivent que de l'eau du robinet. Les Français restent en effet de très gros consommateurs d'eau minérale (ou de source) en bouteille, au 8e rang mondial. Pourtant, celle-ci est en moyenne 200 fois plus chère que l'eau du robinet et son impact environnemental est très lourd : chaque bouteille parcourt en moyenne 300 km en camion.
Malgré les discours officiels rassurants (« L'eau du robinet est le produit le plus contrôlé... ») et malgré les importants moyens mis en œuvre pour l'amélioration et le suivi de la qualité de l'eau des captages, la confiance reste fragile. Dans un sondage effectué à l'automne 2011 à la demande du ministère de l'Ecologie et des Agences de l'eau, 52 % des Français se disaient fortement préoccupés par la qualité de l'eau potable.
En réalité, les Français devraient davantage s'inquiéter de la qualité de la ressource en eau (rivières et nappes souterraines), plus que de celle de l'eau potable, dont la qualité est en général bonne et plutôt en amélioration. C'est du moins la conclusion de l'enquête de Que Choisir de mars 2012, basée sur une compilation des données nationales de 2009 et 2010 sur l'eau du robinet. Le mensuel précise toutefois que cette amélioration est obtenue au prix de traitements de plus en plus coûteux, d'interconnexions de réseaux et d'abandons de captages toujours plus nombreux.
Car la ressource en eau ne cesse de se dégrader, essentiellement du fait des pollutions agricoles -- nitrates et surtout pesticides - et de l'incapacité des pouvoirs publics à faire évoluer les pratiques agricoles. Résultat, les pesticides se retrouvent dans 91 % des cours d'eau et dans 70 % des eaux souterraines. Le pourcentage des rivières en mauvais état écologique varie de 50 à 78 % et celui des nappes de 12 à 75 %, les zones d'agriculture intensive étant les plus touchées (notamment le bassin de Seine-Normandie). En résumé, selon Que Choisir, on peut être rassuré aujourd'hui, mais de lourdes menaces pèsent sur l'avenir.
Mais ce constat d'une eau du robinet aujourd'hui satisfaisante est lui aussi contesté. D'abord parce que 3,2 % de non-conformité aux normes de potabilité en 2009 et 2010, cela fait tout de même près de 2 millions de personnes qui paient pour une eau non potable et c'est inacceptable. Ensuite parce que les normes de potabilité sont incomplètes et contestées. Elles ne prennent pas encore en compte certains polluants émergeants comme les perturbateurs endocriniens, les résidus de médicaments et les produits de dégradation des molécules chimiques - qui peuvent être aussi toxiques que la molécule d'origine. De plus elles ne tiennent pas compte de l'effet des très faibles doses et de l'effet cocktail dû à la présence de plusieurs polluants susceptibles d'inter-réagir.
L'association CriiEAU (Comité de recherches et d´informations indépendantes sur l´eau), animée par des spécialistes, propose d'intégrer dans les analyses réglementaires un test biologique global sur des cellules humaines, rapide, très sensible et fiable qui permettrait de prendre en compte ces effets. Elle pointe également les virus résistants à la chloration qui sont à l'origine de nombreuses épidémies de gastroentérites virales hivernales et surtout la présence de bactéries porteuses de gènes de résistance aux antibiotiques issues des élevages intensifs et qui transmettent cette résistance à d'autres bactéries jusqu'à l'homme. Claude Danglot, médecin et ingénieur hydrologue, responsable scientifique du CriiEAU cite l'exemple du Danemark qui a interdit les antibiotiques dans l'élevage animal en 1995 et a vu s'effondrer en quelques années l'antibiorésistance humaine (1). Comme d'autres scientifiques, il dénonce également la pollution de l'eau par des sous-produits des techniques de potabilisation, comme l'aluminium (utilisé parfois comme floculant), le fluor ou les composés chlorés et bromés.
Pour rendre potable l'eau de pluie ou celle d'un forage, il est indispensable de s'équiper de systèmes de filtration. Pourquoi ne pas le faire pour l'eau du robinet lorsque sa qualité ne nous satisfait pas ? Joseph Orszagh, chercheur belge et grand spécialiste de la potabilisation de l'eau de pluie 2, estime même que la filtration doit être encore plus poussée avec l'eau du réseau.
On vient de voir ce qu'il faut éliminer de notre eau de boisson, reste à savoir quels sont les procédés les plus appropriés pour y parvenir. Passons en revue ceux qui sont accessibles aux particuliers :
Dans la majorité des cas, la microfiltration associant céramique et charbon actif nous semble le meilleur compromis pour la filtration domestique. Ce n'est qu'un compromis... De nouvelles membranes à base de carbone ou les techniques de photolyse, commencent à être testées dans les usines de potabilisation. Peut-être apporteront-elles quelques avancées dont pourraient profiter plus tard les filtres domestiques, mais ne nous y trompons pas, les vraies solutions sont collectives : si nous voulons garantir à l'avenir un accès pour tous à une eau de qualité, il faut changer de modèle de développement et cesser de polluer nos ressources en eau.
Antoine Bosse-Platière, de la rédaction des 4 Saisons du jardin bio
(1) Depuis 2006, l'utilisation systématique des antibiotiques dans l'alimentation du bétail comme facteur de croissance est interdite. Mais les usages vétérinaires sont encore trop importants.
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