Invasion de lierre terrestre

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Je suis de plus en plus envahi par du lierre terrestre Glechoma hederacea. Dans la prairie où pâturent les moutons, dans les parterres, dans la pelouse, partout. Y a-t-il une raison à cette prolifération ? Terrain ? Carences ? Je ne mets jamais rien sur mon terrain, vu que les moutons servent juste à l'entretien d'un verger de fruitiers hautes-tiges. Philippe Pirenne, Limbourg (B)
Potager sauvage

La réponse des 4 saisons

Quelle merveilleuse plante que le lierre terrestre ! En plus d’être une formidable médicinale, il est une excellente plante aromatique et condimentaire ! Je vous recommande – en salivant ! – le pesto de lierre terrestre : hachez menu des tiges feuillées et/ou fleuries, passez-les au pilon avec un peu de sel non raffiné, de l’huile d’olive bio de bonne qualité et c’est tout ! Bien sûr, selon votre niveau de gourmandise, vous pouvez y ajouter des graines de tournesol, des pignons de pin, des amandes… bio, broyées pour apporter de l’onctuosité et de la subtilité.

Après cette mise en bouche, histoire de dédramatiser cet « envahissement » sans gravité, j’en viens à votre question. Gérard Ducerf, dans sa magistrale Encyclopédie des plantes bioindicatrices (Promonature) en dit ceci : « Engorgement en matière organique (MO) végétale archaïque, carence en MO animale ou en azote. Evolution vers la forêt. » Une pastille jaune précise : « L’équilibre est rompu, mais il est possible de faire pencher la balance dans l’autre sens en changeant de pratiques. »

Sous votre verger, il est tout à fait normal qu’une végétation préforestière s’installe : les arbres émettent des substances (tout ce qui en tombe et se décompose – feuilles, pétales, bois… – et exsudats racinaires) qui inhibent la germination et la croissance des plantes prairiales et favorisent celles des plantes de sous-bois : cornouiller sanguin, aubépine, prunellier, ronces… et aussi des herbacées comme les ficaires, les corydales creuses… et le lierre terrestre !

Dans vos plates-bandes plus éloignées des arbres, un paillis de broyat de bois ou d’écorces par le passé, la présence de vieilles souches et/ou racines d’arbres en décomposition (même non visibles du dessus) ou l’entreposage de bois de chauffage, par exemple, pourrait expliquer que le gléchome se sente chez lui.

Dans les zones cultivées, un coup de grelinette sans retournement, pourrait apporter un peu d’air au sol et contribuer à la transformation en humus de la matière carbonée dont votre sol semble riche et limiter sa mutation en « MO archaïque » ou fossile, càd. ni minéralisable ni humifiable, du fait (possible) d’un manque d’oxygène. Vous pouvez stimuler la vie microbienne par un petit apport de nitrates (d’origine non-animale là où vos moutons paissent !!!! ils tomberaient malades. Et surtout pas de « NPK » soluble qui « brûlerait » la MO!), par exemple en semant des légumineuses (trèfle blanc, par ex.). Si vous apportez une source de nitrates autre (compost…), observez ce qui se passe, soyez patient et résistez à la tentation d’en apporter plus avant d’avoir constaté le résultat sur plusieurs mois, voire une année entière.