Halte aux dérivés de pétrole dans les aliments !

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L’association Foodwatch a effectué une série de tests sur des aliments commercialisés en grande surface. Résultat : la présence d’huiles minérales aromatiques – des dérivés d’hydrocarbures toxiques pour la santé – dans un huitième des produits testés. Après des années de pressions, l’association a finalement eu gain de cause : la Commission européenne vient de fixer de nouveaux seuils plus stricts pour limiter ces huiles dans les produits alimentaires.
Halte aux dérivés de pétrole dans les aliments !

F. Chamaki | Unsplash

« Voulez-vous des dérivés du pétrole dans votre soupe ? », demandait début 2022 Foodwatch dans une vidéo qui mettait en avant des aliments infectés par des substances toxiques. L’association de défense des consommateurs et consommatrices a réalisé une série de tests de laboratoire sur des produits alimentaires trouvés dans des supermarchés en France, en Allemagne, en Autriche, en Belgique et aux Pays-Bas : dans leur dernier test, fin 2021, 19 produits sur 150 étaient contaminés par des hydrocarbures aromatiques d’huiles minérales (MOAH). Les MOAH sont des dérivés de pétrole, soupçonnés d’être cancérogènes et génotoxiques par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), voire potentiellement mutagènes et perturbateurs endocriniens.

Présents dans les encres d’impression, les colles et adhésifs des emballages alimentaires en papier et carton, les MOAH se retrouvent également dans les huiles lubrifiantes ou les produits de nettoyage utilisés tout au long de la chaîne de fabrication des produits. « Volatiles, [ces huiles minérales] migrent facilement et contaminent notre alimentation alors qu’elles n’ont strictement rien à y faire », rappelle l’association. Produits conventionnels comme biologiques, cubes de bouillon de légumes, pâtes à tartiner, chocolats et poudres de cacao, biscuits et gâteaux (notamment des marques Knorr, Puget, Jardin Bio Etic, Auchan ou Fruit d’Or) présentent des taux allant jusqu’à 82 mg/kg – sachant que les nouveaux seuils autorisés en Europe sont compris entre 0,5 mg à 2 mg/kg. Selon Foodwatch, « l’absorption de ces substances ne comporte pas de risque aigu et immédiat pour la santé. Cependant, les recommandations de l’Anses, ainsi que de son équivalent européen, l’EFSA, sont très claires : aucun degré d’exposition aux MOAH ne peut être considéré comme sûr ».

La Commission européenne a pris des mesures contre ces MOAH au printemps 2022 : il sera « désormais exigé que tous les produits alimentaires soient exempts de MOAH, au-delà de seuils précis », se félicite l’association Foodwatch. La récente décision contraint les entreprises alimentaires concernées à retirer du marché leurs produits contaminés et devrait mener à davantage de contrôles et de rappels en Europe – en France, « les cubes de bouillon contaminés aux MOAH et épinglés lors des derniers tests de Foodwatch ont tous été rappelés et retirés du marché par la Répression des fraudes », rappelle néanmoins l’association. Les entreprises alimentaires concernées tentaient jusqu’alors d’échapper à leurs responsabilités en rejetant la faute sur les entreprises fournisseuses ou en déplorant le manque de réglementation spécifique et claire en la matière. C’est désormais chose faite, même si l’idéal resterait d’interdire totalement leur présence, et non d’établir des seuils limites…

 

Madeleine Goujon

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