Fourmis or not fourmis ?

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Les fourmis infestent la serre et mon jardin potager. Pourriez-vous me donner les meilleures solutions pour s’en débarrasser définitivement ? _Pierre Fayolle, St-Symphorien-sur-Coise (69), par courrier postal
Potager sauvage

La réponse des 4 saisons

Vous nous demandez une solution pour vous débarrasser « définitivement » des fourmis qui « infestent » votre serre. Aïe ! Je crains que cela soit au-dessus de mes forces de vous prescrire une arme de destruction massive, aussi pénibles que puissent être ces petites bêtes très opportunistes.
Car c’est bien ce caractère qu’il faut comprendre pour savoir comment agir : dans la serre, il fait chaud et il y a à manger, quelle aubaine, n’est-ce pas ?! Entre nous, si vous étiez fourmis, n’éliriez-vous pas domicile dans un tel paradis ?
J’ajoute par ailleurs que le terme générique « fourmis » ne nous dit finalement pas grand-chose : il en existe, en France, de nombreuses espèces aux exigences écologiques (c’est-à-dire en termes de milieu de vie et d’interactions avec d’autres espèces) propres à chacune, allant de très spécialisées, à « généralistes » et adaptables. Rassurez-vous, je ne vous imposerai pas d’identifier l’espèce ! Je vous invite en revanche à les regarder de près, observez ce qu’elles rapportent au nid, de quoi se nourrissent-elles, que chassent-elles, élèvent-elles des pucerons ? Où, dans quels matériaux et conditions est installée la colonie ?

Avant d’en venir aux actes, j’ose encore une question – dérangeante, sans doute ! – : quels sont les dégâts ou désagréments réels qu’occasionnent ces fourmis pour vous ? Gare ! le « délit de sale gueule » est encore très répandu dans nos tribunaux jardiniers, il n’y a qu’à nous entendre pour s’en convaincre : « nuisibles », « ravageurs », « mauvaises herbes »… et qu’à constater que la peine de mort est par trop souvent prononcée, sans l’ombre d’un procès équitable…
À méditer !

Après ce looong préambule, voici quelques pistes pour limiter la présence des fourmis, et surtout pour éviter que celle-ci soit problématique :

  • diversifiez au maximum les « habitats » dans votre serre, proportionnellement à ses dimensions : tas de bois mort, de feuilles, pierres, mini-mares…, vous attirerez beaucoup d’autres bestioles : crapauds, grenouilles, orvets, carabes, staphylins… tout ce petit monde vous aidera à créer un équilibre écologique dans votre serre, les uns mangeant les autres, les autres favorisant les uns… ;
  • implantez des aromatiques, la plupart des insectes (hors butineurs, les choses sont bien faites !), en ont horreur : lavande, mélisse citronnée, menthes, tanaisie, rue, sauge, tagètes (œillets et roses d’Inde), absinthe… ;
  • paillez avec ses plantes les endroits d’où vous souhaitez voir déguerpir les fourmis ;
  • préparez un insectifuge naturel (qui fait fuir les insectes, sans les tuer), efficace sur pucerons, moustiques, aleurodes (mouches blanches), fourmis : faites infuser 50 g de mélisse fraîche (feuilles et fleurs) pour 1 l d’eau de pluie. Laissez refroidir, filtrez et pulvérisez pure. Attention de ne pas arroser vos semis avec : elle freine la germination des légumes ! (tiré de Purin d’ortie & cie, B. Bernard, J.-P. Collaert et É. Petiot, éd. de Terran) ;
  • en dernier recours, si vraiment elles gênent, passez un coup de grelinette pour détruire le nid : elles iront se reloger plus loin.