Éviter la maladie des taches noires de la tomate

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Si l’on peut s’accommoder des marques sur les fruits, sachez que cette maladie est aussi nuisible sur la récolte, puisqu’elle provoque la chute des fleurs. Causées par deux bactéries, découvrez comment éliminer les taches noires de la tomate.
Taches noires sur tomate verte

Symptômes et dégâts des taches noires de la tomate

Les tomates de toutes les couleurs, on commence à s’y habituer, pour peu que l’on s’intéresse aux variétés an­­­­­cien­­­nes ou exotiques. Il en est même à la peau marbrée où se mélangent deux couleurs. Mais on ne connaît pas jusqu’à présent de variété mouchetée, avec de petites taches noires ou brun foncé ! Si vous observez de tels symptômes, et que ces taches de petites dimensions se retrouvent également sur les feuilles, les tiges et même sur les pédoncules, alors, pas de doute, vous avez bien affaire à une maladie, dont les responsables sont des bactéries.

Dessin de feuilles de tomates avec des taches

Autour des taches, les feuilles de tomates finissent par jaunir puis se dessécher.
© Christian Galinet

Les dégâts peuvent être plus ou moins graves, selon le stade de végétation auquel l’infection se répand. Sur les jeunes plants, elle peut entraîner un dessèchement partiel, la chute des feuilles et même la mort de certains plants. Mais les dégâts les plus fréquents sont plus tardifs : jaunissement des feuilles autour des taches, puis dessèchement limité, chutes de fleurs provoquées par la présence de taches sur le pédoncule (surtout le premier et le deuxième bouquet) et marques fort désagréables sur les fruits. Ces dernières rendent le fruit invendable pour les professionnels, mais comme elles sont assez superficielles, le jardinier peut s’en accommoder. 

Dessin d'une tomate avec de grosses taches noires

Les taches de gale bactérienne sont plus étendues et craquelées.
© Christian Galinet

Les taches de gale bactérienne sont étendues et craquelées alors que celles de la moucheture sont plus petites et font des déformations sur les fruits mûrs.

Dessin d'une tomate avec de petites taches noires (moucheture de la tomate)

Moucheture de la tomate : taches avec déformations sur les fruits mûrs.
© Christian Galinet

Carte d’identité de ces bactéries

Deux familles de bactéries assez proches sont responsables de ces attaques : Pseudomonas syringae, la moucheture de la tomate, et Xanthomonas campestris ou gale bactérienne.

Difficiles à différencier sur les feuilles, les taches sur les fruits permettent d’identifier les coupables : Pseudomonas marque sa présence par des pustules noires en légère dépression qui ne dépassent pas deux millimètres de diamètre, alors que Xanthomonas s’étend davantage, avec des taches noires craquelées qui rappellent celles de la tavelure des pommes, et peuvent atteindre un centimètre de diamètre, entourées d’un halo graisseux.

Les conditions de température favorables à leur développement diffèrent également : de 13 à 26 °C pour Pseudomonas dont les attaques sont surtout à redouter au printemps, sous abri ou en zone méditerranéenne, et de 20 à 35 °C pour Xanthomonas, surtout actif lors des orages de fin d’été.

 

 

Mode et cycle de vie des bactéries

Les bactéries sont des organismes unicellulaires microscopiques dont la longueur dépasse rarement un micron (un millionième de mètre !). Beaucoup vivent en association avec les végétaux et leur sont bénéfiques, en libérant des substances nutritives ou en les protégeant contre certains agents pathogènes. Toutefois, lorsque les conditions sont favorables, certaines peuvent se multiplier très rapidement et envahir leur hôte.

C’est le cas de nos deux bactéries. Elles ont besoin d’eau pour se déplacer à la surface du végétal, grâce à leur flagelle, une sorte de long poil. Il leur faut ensuite pénétrer à l’intérieur de la plante, par les ouvertures naturelles que sont les stomates, généralement situés sur la face inférieure des feuilles, ou bien par des blessures, quelles qu’en soient les causes (insectes, vent…). Une fois dans la plante, les bactéries peuvent s’y multiplier très rapidement et se nourrir à ses dépens.

Les premiers symptômes apparaissent au bout de cinq à sept jours. Les bactéries survivent d’une année à l’autre dans les déchets végétaux et les graines, mais elles peuvent également vivre de nombreux mois au niveau du sol.

Dessin d'une tige et d'un pédoncule floral recouverts de taches

Des taches apparaissent sur la tige et le pédoncule floral.
© Christian Galinet

Moyens de lutte préventifs

  • Ceux qui récoltent leurs graines devront impérativement les désinfecter. On préconise habituellement de séparer les graines de leur gangue visqueuse en les laissant fermenter 48 heures dans de l’eau à 20 °C. Il faut y ajouter 0,6 % d’acide acétique ou 15 cl de vinaigre d’alcool à 8° par litre pour la désinfection, puis éliminer tout ce qui flotte, rincer les graines et les sécher.
  • Évitez l’excès d’humidité et le confinement là où vous installez vos jeunes plants de tomates.
  • Arrosez toujours au pied et évitez de toucher le feuillage quand il est mouillé.
  • Brûlez les débris végétaux des cultures contaminées. En effet, les bactéries survivent dans le sol et sur les parties infectées de la plante.
  • Privilégiez des variétés résistantes.
  • Laissez de l’espace entre vos plants, afin d’éviter l’humidité et la propagation des bactéries.
  • Pratiquez la rotation des cultures en ne plaçant pas des plantes potagères sujettes à la maladie au même endroit deux années de suite.

En cas d’attaque importante, seul un traitement au cuivre permet d’enrayer l’extension de la maladie.

Antoine Bosse-Platière