Banc d’essai : sécateurs à l’épreuve

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Le jardinier doit toujours avoir à portée de la main un bon sécateur. Mais comment le choisir ? Ce banc d’essai et nos conseils vous y aideront.
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L’entretien des lames de son sécateur est indispensable pour conserver son tranchant.
JJ. Raynal |

L’offre en matière de sécateurs n’est pas toujours riche dans nos jardineries et autres grandes surfaces de bricolage. Cela ne rend pas justice aux efforts des fabricants qui multiplient les modèles et les innovations. Trop souvent, les distributeurs se contentent de mettre en rayon deux ou trois modèles innovants en moyenne gamme et des modèles d’entrée de gamme à bas prix. Pour chacune des marques distribuées, consultez le site internet du fabricant pour connaître l’ensemble de la gamme. Si votre distributeur travaille avec une marque, il doit pouvoir vous commander n’importe lequel de ses modèles.

Un sécateur à sa main

Les nouveaux emballages des sécateurs laissent dépasser les poignées et autorisent le mouvement des lames. Cela permet de tester la prise en main en magasin mais on est loin des conditions réelles avec du bois à couper… Essayez-les plutôt lors d’un salon ou d’une manifestation jardin, ou bien faites-vous prêter ceux de vos voisins et amis. Les principaux fabricants ont beaucoup travaillé sur l’ergonomie et le confort :

  • sécateurs à lames franches pour le bois vert et à enclume pour le bois mort;
  • plusieurs tailles de manches (petites ou grandes mains) et de têtes de coupe (qui détermine le diamètre de coupe maximum): certains petits modèles ciblent la clientèle féminine ;
  • certains fabricants – trop rares – proposent des modèles pour gauchers.

Enfin, des détails importants doivent être pris en compte lors de l’achat) :

  • le système choisi comme fermoir de sécurité doit être simple, fiable et jamais gênant pendant l’utilisation ;
  • le sécateur doit comporter sur ses deux faces des parties avec des couleurs vives qui permettent de le retrouver rapidement.

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Malgré leurs ressemblances, tous les sécateurs sont loin de se valoir. Le Ribiland, qui parait plus authentique n’a pas convaincu lors du banc d’essai.
A. Bosse-Platière |

Les lames

Les meilleures lames sont en acier trempé de haute qualité et remplaçables. Hormis sur les modèles d’entrée de gamme, la contre-lame est en partie évidée pour réduire la friction et surtout l’encrassage par la sève (racloir anti-sève). Le système de serrage peut être un simple écrou ou permettre un réglage précis doté d’une vis de blocage. Un atout pour ajuster le serrage au fil du temps. Sur certains modèles, la lame présente une encoche située non loin de l’axe qui permet de couper du fil de fer. À éviter absolument pour les sécateurs qui n’en sont pas dotés !

Les sécateurs à crémaillère sont censés réduire notablement l’effort nécessaire pour les plus grosses coupes. Très convaincant pour les gros coupe-branche, ce système l’est un peu moins pour les sécateurs, surtout s’il est à plusieurs positions, ce qui oblige à couper en plusieurs fois et finit par être assez pénible.

Les modalités de l’expérimentation

Nous avons soumis dix sécateurs à rude épreuve en les confiant successivement à un vigneron, à un pépiniériste et à trois jardiniers, Pascal Aspe et Maxime Poulat de Terre vivante ainsi que l’auteur de ces lignes. Les critères de notation sont présentés dans le tableau ci-dessous. Le choix s’est voulu assez représentatif du marché. Malheureusement, le leader du marché français, Bahco, n’a pas répondu à nos demandes d’envoi de trois sécateurs. La marque a fait récemment beaucoup d’efforts sur l’ergonomie. Il aurait été intéressant de comparer ses meilleurs modèles à ceux de Felco.

Les résultats du banc d’essai

Malgré leur coût très élevé, ce sont les deux modèles phare de la marque suisse Felco qui arrivent en tête. De la belle mécanique suisse où toutes les pièces sont remplaçables, avec d’excellentes lames bien maintenues par un système de serrage de grande précision. C’est le Felco 2 qui se détache grâce à sa légèreté, son excellente prise en main et son prix un peu moins élevé que le Felco 7, à poignée tournante, apprécié lui aussi pour la précision de sa coupe et son confort mais avec une ouverture trop large pour les petites mains et un poids plus élevé. Moins appréciés par les pros, mais avec une note globale presque aussi bonne grâce à un meilleur rapport qualité/prix, viennent ensuite trois bons sécateurs ex-æquo. Le Fiskars P 94, qui associe poignée tournante et crémaillère, compense son embonpoint par un grand confort et une excellente coupe, malgré l’absence d’évidement anti-sève sur la contre-lame (à nettoyer plus souvent). Le Fiskars P 68, moins haut de gamme, est apprécié pour sa légèreté, son efficacité et son intéressant système de réglage de la largeur de coupe. Comme pour le modèle précédent, côté fiabilité, l’abondance de matériaux composites n’inspire pas la même confiance que le métal.

Enfin, le petit sécateur Spear & Jackson SK5, le moins cher de tous (presque six fois moins cher que le Felco 7), d’une grande simplicité, s’avère très agréable pour les petites mains et les bois d’un diamètre inférieur à 15 mm grâce à la qualité de ses lames (avec même l’évidement anti- sève).

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Sur le dessin du haut, on aperçoit une lame franche, tandis que sur celui du bas, c’est une lame à enclume.
F. Claveau |

Viennent ensuite deux ex-æquo à la 6e place: le Fiskars P90, modèle pro traditionnel de la marque, avec une longue lame de qualité, pourvue du coupe fil de fer et de l’évidement anti-sève mais dont la prise en main déçoit: trop grand, un peu lourd, claquement pas assez amorti et risque de perte par manque de couleur vive sur une face. Le Gardena Classic est un modèle d’entrée de gamme simple et efficace mais de construction très légère. Il faut cependant noter que Gardena propose aussi une gamme Premium et une autre intermédiaire qui aurait sans doute pu prétendre à un meilleur classement. Malgré un prix deux fois plus élevé et ses excellentes lames remplaçables, le Felco 160 L, entrée de gamme de la marque, déçoit à cause d’un défaut très énervant du système de fermeture et d’un manque de confort des poignées, surtout pour les petites mains (mais il existe un modèle pour petites mains). Déception également pour le Revex, rudimentaire et très lourd, qui assure une assez bonne coupe mais avec un confort très spartiate. Tous ces sécateurs restent cependant au-dessus de la moyenne.

Le seul à réellement déconseiller est le Ribiland, modèle lui aussi très rudimentaire tout inox, dont les poignées agrémentées de bois de frêne peuvent donner l’illusion d’un outil de qualité. Très mal conçu, le système de fermeture menace de se bloquer quand on manipule le sécateur. Horripilant ! L’outil est très inconfortable, le ressort trop dur, les lames mal amorties et la capacité de coupe réelle ne dépasse guère 10 mm.

Avant de faire votre choix, ne vous fiez pas seulement au classement de ce banc d’essai car vos critères peuvent différer de ceux de nos testeurs.

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Aiguisé et nettoyé régulièrement, un sécateur peut être utilisé pendant de nombreuses années.
JJ. Raynal |


Bien entretenir son sécateur

Choisissez de préférence un sécateur à lame interchangeable. Celle-ci finit par s’émousser et un changement de lame vous permet de faire durer votre outil tout en retrouvant le tranchant de l’outil neuf à moindre coût. Nettoyez régulièrement les lames à l’alcool à brûler pour éliminer les dépôts de sève et pour éviter de propager les maladies d’un arbre à l’autre. Et ajoutez une goutte d’huile sur l’axe des lames. L’aiguisage des sécateurs est assez délicat: il faut démonter le sécateur puis utiliser une meule et une pierre à aiguiser. C’est à la portée d’un bricoleur bien équipé mais il faut assister à une démonstration et bien se faire expliquer les bases du travail du rémouleur.


À lames franches ou à enclume

La plupart des sécateurs sont à lames franches ou croissantes : une lame affûtée sur une seule face vient glisser sur une contre-lame plus épaisse et incurvée. La coupe est franche et précise pour le bois vert et la grande majorité des travaux de taille. Mais pour le bois sec et les rameaux morts, mieux vaut utiliser un sécateur à enclume dont la lame coupante aiguisée sur deux faces vient s’écraser contre une lame très épaisse qui joue le rôle d’enclume. Dès lors, faut-il impérativement avoir les deux types de sécateurs ? Vous pouvez faire l’impasse sur le sécateur à enclume. Achetez plutôt en complément un coupe-branche à long manche et à lames franches qui vous servira aussi bien pour l’éclaircissage des grosses branches vivantes que pour supprimer le bois mort.


 

Antoine Bosse-Platière

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