Banc d’essai : Elagueuses à batterie

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Moins bruyantes et plus faciles à démarrer que celles à essence, voici venues des versions de tronçonneuses-élagueuses équipées d’une batterie. Testées dans les jardins du Centre Terre vivante, en Isère, certaines ont montré leur efficacité et leur maniabilité. Si elles demandent moins d’entretien, leur coût reste élevé, à performance équivalente, et leur autonomie est encore faible.
Banc d'essai: Elagueuses à batterie

Pour ce banc d’essai, neuf tronçonneuses-élagueuses ont été soumises aux jardiniers. 
J. Rivoire |

Les fabricants leur donnent parfois le double nom de tronçonneuse-élagueuse, désignant une tronçonneuse légère et polyvalente, adaptée aux travaux d’élagage, de petit abattage et à la coupe du bois de chauffage… mais disposant d’un guide-chaîne de taille réduite (35 cm). Les élagueuses sont souvent montées sur perche, permettant d’atteindre les branches en hauteur et leur guide-chaîne est encore plus court (25 cm). Sur le marché des tronçonneuses à batterie, on trouve des marques spécialisées dans l’entretien des espaces verts (Stihl, Husqvarna, Greenworks) et d’autres associées au monde du bricolage (Ryobi, Bosch, Einhell, Makita, Black&Decker).

Les modalités de l’expérimentation

Pour notre banc d’essai, nous avons établi deux catégories, en fonction de la tension des batteries, afin de permettre une comparaison. La tension (ou voltage) donne une indication sur la “force” de la batterie : plus elle est élevée, plus elle permet à l’outil d’être puissant. Les outils électroportatifs disposent la plupart du temps de batteries 18 ou 36 V. Chaque fabricant a conçu des batteries-accumulateurs (ou “accus”), adaptables à d’autres appareils de la même marque. L’autre caractéristique à prendre en compte est la “capacité” de la batterie.

Exprimée en ampère-heure (Ah), elle correspond à la quantité d’électricité qu’elle est capable de restituer après une charge complète et donne une idée de son autonomie : celle-ci reste faible (30 min en moyenne) ; elle est suffisante pour ébrancher un arbre et débiter du bois mais, si vous devez travailler une journée ou même une après-midi, mieux vaut utiliser une tronçonneuse thermique.

Au-delà des caractéristiques de la batterie, celles de l’outil lui-même doivent être prises en compte. Le poids détermine l’usage : s’il est impossible de soulever l’outil au-dessus des épaules, on évitera de l’utiliser pour l’élagage. De même, la longueur du guide limite le diamètre de coupe. Enfin, la vitesse de rotation de la chaîne donne une indication sur la qualité de la coupe : plus elle est rapide, plus la coupe sera nette. À l’inverse, une vitesse plus faible oblige un maintien ferme du morceau de bois pour éviter le tressautement de l’appareil.

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Les tronçonneuses 36 V sont plus puissantes que les 18 V mais aussi plus lourdes, leur usage est différent. 
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Neuf modèles à l’essai

Pour tester ces appareils, nous avons fait appel à Bertrand Lecuyer et Josselin Prochasson, en charge de l’aménagement et de l’entretien du Centre Terre vivante (50 ha dont 5 000 m² ouverts au public, en Isère). Neuf modèles ont été testés. La tronçonneuse T535i XP de Husqvarna a été écartée du banc d’essai pour une raison simple : destinée aux professionnels, elle se place au-dessus du lot en termes de performances, comme de prix. Avec son format compact et son poids très faible, elle est utilisée par des cordistes lors de travaux d’élagage.

Le montage des machines n’a pas présenté de difficulté. Il consiste principalement à assembler chaîne et guide-chaîne et à ajuster la tension de la chaîne. À noter que la tronçonneuse Bosch était déjà opérationnelle dans son emballage. Comme pour une tronçonneuse à essence, il s’agit ensuite de remplir le réservoir d’huile permettant de lubrifier la chaîne. L’huile de tronçonneuse, généralement d’origine pétrolière, est la cause de pollutions de l’eau et des sols. Malgré toute notre délicatesse, il n’est pas rare d’en mettre à côté du réservoir… et ainsi d’en disperser en forêt. Au Centre Terre vivante, nous utilisons donc un biolubrifiant à base d’huile de colza, meilleure du point de vue de la biodégradabilité et de l’écotoxicité. Si le remplis- sage se fait généralement sur le côté en couchant l’appareil, les tronçonneuses Bosch et Einhell sont plus pratiques, avec un bouchon situé sur le dessus. Un avantage qui se transforme en inconvénient pour la version 36 V de Einhell dont le bouchon, situé à l’avant, est exposé aux chocs.

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Le modèle Greenworks 36 V a séduit par sa maniabilité et son efficacité. 
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Avant de démarrer, mieux vaut vérifier le niveau des batteries. Elles disposent toutes d’un indicateur de niveau de charge à leds – sur la Bosch, il est situé sur l’appareil lui-même –, qui permet d’anticiper une recharge. Batterie(s) enclenchée(s), frein de chaîne rabattu vers l’avant : l’engin est opérationnel. À partir de là, il faut faire très attention. Si le carénage en plastique moulé donne à certains modèles l’apparence de jouets, il ne dispense pas des équipements de protection habituels : gants, vêtements anticoupure et lunettes.

Les résultats du test

Tronçonneuses 36 V : de bonnes capacités

Parmi les appareils en 36 V, certains présentent d’assez bonnes capacités, à commencer par l’élagueuse Greenworks qui s’est montrée très maniable. Son petit format et son poids plume en font une machine adaptée à l’élagage et idéale pour démonter un arbre au sol. Par ailleurs, la vitesse de la chaîne permet une coupe propre qui laisse envisager une utilisation polyvalente, pour découper des planches par exemple. Attention : même si la notice de sécurité spécifie de maintenir la tronçonneuse des deux mains, il est tentant d’attirer certaines branches avec une main, ce qui rend son utilisation potentiellement dangereuse. Dans la même gamme de prix, très attractive (environ 250 €), on trouve la tronçonneuse Einhell 36 V. Elle utilise deux batteries de 18 V dont la position nous paraît exposée en cas de choc. Les boutons sont accessibles, les poignées ergonomiques et le frein de chaîne efficace. Beaucoup plus lourde que la Greenworks, elle est assez équilibrée et s’avère adaptée au débitage de rondins.

Côté ergonomie, la tronçonneuse Ryobi 36 V est plus décevante. En cause : l’éloignement du bouton de déverrouillage et de la gâchette. Les testeurs ont noté des difficultés pour enchaîner les coupes. Malgré cela, la coupe est propre et rapide grâce à une étonnante vitesse de chaîne.

Entre deux mises en sécurité intempestives, les deux tronçonneuses Husqvarna, 120i et 330i, se sont montrées assez performantes. La 330i, destinée à des particuliers exigeants ou semi-professionnels, développe une bonne puissance pour un poids réduit (moins de 4 kg). Des qualités qui se traduisent par le prix le plus élevé de cette catégorie (400 € sans batterie ni chargeur). La 120i permet un travail comparable à celui de la Ryobi, mais avec une meilleure ergonomie et un poids plus faible.

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Les tronçonneuses à batterie ont l’avantage d’être nettement moins bruyantes que leurs concurrentes thermiques. 
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Tronçonneuses 18 V : un travail très acceptable

Destinées à un usage occasionnel, les tronçonneuses 18 V que nous avons testées font un travail très acceptable, malgré une vitesse de chaîne beaucoup plus lente (4,3 à 10 m/s). La tronçonneuse Ryobi, en particulier, présente de bonnes performances et une mise en service très simple. Seul inconvénient : une durée de chargement assez longue (96 min mesurées) qui nécessitera l’achat d’une seconde batterie pour un travail prolongé.

En montrant moins d’ardeur, la tronçonneuse Einhell réalise un travail satisfaisant pour démonter un arbre ou débiter du bois de chauffage.

Le format très compact de la Bosch la rend maniable et plus adaptée pour l’élagage. La protection de guidage, située à l’extrémité du guide, empêche une coupe en “plein guide”, c’est-à-dire sur toute sa longueur. Elle permettra la coupe d’une section maximale de 15 cm, ce qui est déjà bien mais pose la question d’utiliser une simple scie d’élagage manuelle.

Au final, les tronçonneuses à batterie offrent la même liberté de mouvement que celles à essence, en contrepartie d’une autonomie qui reste très limitée et pour un coût beaucoup plus élevé. Faire le choix d’une tronçonneuse, qu’elle soit à batterie ou à essence, nécessite de s’interroger sur la fréquence d’utilisation et l’usage attendu. Savoir définir son besoin est la meilleure façon de faire un achat utile. Pour limiter les frais et ne pas avoir chacun chez soi un appareil qui dort la plupart du temps, envisagez de partager l’achat avec des amis ou voisins. 

Le détail des résultats

Les modèles en 36 V

Les modèles en 18 V

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Pour assurer leur longévité, les batteries des tronçonneuses doivent être utilisées avec soin.
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Batteries et durabilité

Smartphones, ordinateurs, appareils photo, voitures électriques et… tronçonneuses : la technologie lithium-ion s’est imposée dans notre quotidien. Elle présente des qualités indéniables et permet de fabriquer des batteries peu volumineuses, capables de stocker et restituer de grandes quantités d’électricité. Le lithium ne constitue qu’une faible part de la masse totale des batteries, ce qui complexifie considérablement son recyclage. En 2019, Amnesty international pointait les répercussions sociales et environnementales liées à l’exploitation de ce minerai et à la fabrication des batteries.

Par ailleurs, la durée de vie des accumulateurs est donnée pour trois à six ans dans de bonnes conditions de stockage. Ils se transforment par la suite en DEEE (Déchets d’équipements électriques et électroniques). Les conditions de production et de recyclage des batteries doivent donc nous pousser à questionner nos pratiques et l’usage qui en est fait.


 

Josselin Rivoire