Traitements contre le carpocapse des pommes et des poires

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Papillon discret, le carpocapse est pourtant l’ennemi des producteurs et amateurs des pommes et des poires. Ses vers creusent des galeries dans les fruits et dévorent jusqu’aux pépins. Découvrez nos conseils et traitements pour lutter contre le carpocapse !
Insecte sur une feuille

Symptômes et dégâts du carpocapse

Ce petit papillon gris brun, dont la longueur ne dépasse pas 20 millimètres, est la terreur des arboriculteurs, l’ennemi numéro un des producteurs de pommes et de poires. Il s’attaque également au cognassier, au noyer, à l’abricotier et parfois au pêcher. Si le papillon ne vous dit rien, il est très discret et vole au crépuscule, vous ne pouvez pas ignorer sa progéniture, ayant forcément eu un jour ou l’autre la désagréable surprise de mordre dans un fruit véreux, dérangeant un occupant indélicat qui creuse de nombreuses galeries et laisse traîner ses déjections partout. Le point de pénétration de la larve n’est pas toujours visible : il se trouve souvent au contact de deux fruits, d’un fruit et d’une feuille ou encore dans la cavité de l’œil, sous le fruit (c’est notamment le cas de la poire, sa peau étant plus dure au stade où se produisent les attaques). La larve se dirige alors en spirale vers le cœur et s’attaque aux pépins, provoquant le mûrissement et la chute prématurée du fruit. Ce ravageur étant prolifique, les dégâts peuvent être très importants.

Dessin d'un carpocapse

 Aspect du papillon quand il replie ses ailes.
© Christian Galinet

Carte d’identité du carpocapse

Cydia pomonella, plus connu sous le nom de carpocapse, est un microlépidoptère de la famille des tordeuses. Les ailes de l’adulte sont striées de différentes nuances de gris – un excellent camouflage – avec une large tache brune caractéristique. La chenille passe par cinq stades successifs durant sa croissance dans le fruit.

Dessin d'un carpocapse chenille

Au terme de sa croissance dans le fruit, la chenille atteint 20 millimètres de long.
© Christian Galinet

Sa couleur est d’abord blanchâtre, puis tire vers le rose crème, avec une tête brun foncé. Un de ses cousins, Cydia funebrana, le bien nommé, fait également de terribles ravages dans les pruniers.

Mode et cycle de vie du nuisible

Le carpocapse hiverne à l’état de larve dans un cocon blanchâtre dissimulé dans les anfractuosités de l’écorce ou dans divers abris au niveau du sol, parfois aussi dans les caisses ou le local de stockage.

Les chenilles se transforment en chrysalides, puis les papillons apparaissent, de début avril à juin selon les régions. Leur sortie s’échelonne sur un ou deux mois, mais ensuite tout va très vite.

Si les conditions climatiques sont favorables, ils s’accouplent aussitôt et la ponte peut commencer dès le lendemain. Et quelle ponte ! Chaque femelle dissémine entre 50 et 100 œufs sur les feuilles ou les fruits. L’éclosion des jeunes larves a lieu en moyenne au bout de quinze jours. Elles mesurent à peine 1,5 millimètres de long et se déplacent dans l’arbre à la recherche d’un fruit. C’est le stade dit “baladeur”, qui dure un jour ou deux, pendant lequel les larves sont assez vulnérables.

Dessin d'un carpocapse papillon

Discret, le carpocapse vole au crépuscule.  
© Christian Galinet

La suite se passe à l’intérieur du fruit, dans lequel la larve creuse sa galerie en spirale qui la rapproche de la zone à pépins, où elle va progressivement presque tout dévorer. Parvenue au terme de son développement, elle sort du fruit et cherche un abri pour tisser son cocon, généralement dans les fentes du tronc ou des grosses branches. Certaines entrent alors en diapause jusqu’au printemps suivant, mais d’autres se nymphosent à nouveau et le cycle recommence. Cette deuxième génération, avec des pontes à partir de mi-juillet, peut faire encore plus de dégâts. Elle est même parfois suivie d’une troisième génération dans le Midi.

 

 

Lutter en préventif

Comme toujours, prévention d’abord.

Favorisez les ennemis naturels du carpocapse, en particulier les chauves-souris et les oiseaux insectivores, notamment les mésanges. Installez et entretenez quelques nichoirs adaptés à chacune de ces espèces.

Si vous avez peu d’arbres et qu’ils sont de petite taille, essayez l’ensachage des fruits, qui demande patience et dextérité. Il s’agit d’enfiler délicatement sur chaque fruit, en mai après l’éclaircissage, des sachets en papier kraft léger appelés manchons ou housses à fruits (vendus chez Magellan, Nutrisol ou Profertyl) maintenus par un élastique. Vous les enlèverez un mois avant la récolte pour que les fruits prennent des couleurs. La méthode est un peu fastidieuse, mais efficace.

Autre précaution importante : ramassez rapidement les fruits véreux tombés ainsi que ceux restés dans l’arbre, pour éliminer le ver avant qu’il ne sorte du fruit et interrompre ainsi son cycle.

Deux moyens permettent d’éliminer les larves lorsqu’elles cherchent un abri pour installer leur cocon dans les fentes du tronc :

  • disposer une bande-piège en carton ondulé autour du tronc mi-juin ; l’enlever début novembre, dénombrer les chenilles et brûler le tout ;
  • enduire le tronc avec le traditionnel badigeon à la chaux à l’automne, un moyen classique d’éliminer tous les parasites qui trouvent refuge dans les écorces.

Pour les larves tombées au sol, quelques poules feront un excellent nettoyage, mais le problème est de les empêcher de s’installer dans le potager.

Des traitements biologiques

L’utilisation d’insecticides végétaux (roténone et pyrèthre) ne donne pas de résultats suffisants. De même, le Bacillus thuringiensis (BT), efficace contre les chenilles, est moins utilisé depuis l’apparition de souches résistantes dans le Sud-Est. Les professionnels utilisent aujourd’hui avec succès un virus spécifique du carpocapse, sans danger pour les auxiliaires, le virus de la granulose (nom commercial Carpo­virusine, produit disponible chez Magellan, Nutrisol ou Profertyl). Il faut traiter le soir, au stade “baladeur”, à raison de trois ou quatre traitements espacés de 8 à 12 jours, entre mai et juin selon les régions pour la première génération, à renouveler entre juillet et août pour la seconde (10 ml pour 10 litres, à pulvériser soigneusement sur toute la végétation). Le produit se stocke au frigo et ne doit pas être réutilisé d’une année sur l’autre. L’alternance avec le BT donne de bons résultats.

Ces traitements seront d’autant plus efficaces s’ils sont précédés de l’installation d’un piège à phéromones, à suspendre dans un arbre au cœur de la zone la plus infestée du verger. La capsule diffusant les phéromones est placée sur une bande engluée protégée par un abri. Elle attire les papillons mâles, signale ainsi le début des accouplements et indique le niveau de l’infestation (pièges “delta” dispo­ni­bles chez les mêmes fournisseurs). Si vous n’avez que deux ou trois arbres à protéger, un piège par arbre peut être considéré comme une méthode de lutte, sans garantir qu’il n’y ait pas quelques pontes. Mais ne négligez pas les mesures préventives, et vos fruits ne seront “pas piqués des vers”.

Antoine Bosse-Platière